Extraits

Si seulement je pouvais lui donner mon coeur et l'ouvrir sous ses yeux pour lui montrer tout ce qu'il contient. Elle n'y verrait que son prénom, à chaque recoin. Et alors, peut-être que là, elle me croirait.

- Non, je ne t'aime pas, me sursurre t-il à l'oreille. Je t'adore Violette qui sent la violette. Et tu connais les synonymes du mot "adorer?

- Non Larousse, dis-moi.

- Goûter, raffoler, estimer, se passionner, diviniser, respecter, aimer quelqu'un comme la prunelle de ses yeux.

J'arrête de respirer tandis qu'il me repose à terre, sans pour autant s'écarter de moi, me surplombant de toute sa hauteur.

Loan m'offre un clin d'oeil qui finit par m'achever, écartant une mèche de cheveux collée à mes lèvres humides.

- Mais ne prends pas la grosse tête, hein.

"Je n'ai presque pas le temps d'apprécier le contact de ses lèvres pleines, car il se détache déjà et disparaît sans pouvoir me regarder une dernière fois. Mes jambes sont comme du coton et mes lèvres me brûlent. Je porte les doigts à celle-ci dans l'espoir d'en garder toute leur chaleur. Mais le souvenir de sa bouche disparaît lui aussi, de la même façon que lui. Vite et sans prévenir. Un peu comme on tombe amoureux. Un peu comme on meurt."

"Tu comptes m'embrasser aujourd'hui, ou demain ? soufflé-je en sentant son érection frotter contre mon pubis.

[...]

- Aujourd'hui et demain."

C'est l'homme qui me laisse des pains au chocolats sur le comptoir de la cuisine le matin, l'homme qui m'emmène à l'ESMOD quand il pleut, l'homme qui va chercher mon père à la gare, l'homme qui me laisse du paracétamol sur la table de chevet un lendemain de soirée...

L'homme qui m'accepte comme je suis.

L'homme dont je suis tombée amoureuse un soir de Nouvel An.

Depuis le temps, j'ai bien fini par comprendre que le chocolat, c'est sa vie. Les lui voler ne doit pas être pris à la légère. Sérieusement, si le chocolanisme était une religion, elle en serait une fervente croyante.

- C'etait un jour important pour moi, lui expliqué-je.

Lucie venait de me quitter, mais toi tu étais encore là.Tu étais encore là et je voulais que tu fasses partie de la petite famille qu'on formait déjà avec Jason et Ethan. Quand j'ai vu combien ils t'adoraient, je crois que la moitié que tu occupais de mon cœur s'est agrandie un peu plus. Et ça a été ça pendant un an et demi.

“— La vérité, c’est qu’il n’y a pas une seule photo de nous parmi toutes celles-ci sur laquelle je n’étais pas déjà raide dingue de toi. La vérité, c’est que si j’aimais vraiment Lucie, je ne serais pas tombé amoureux de toi. Sauf que c’est arrivé. Une centaine de fois au moins. C’est arrivé quand tu as commencé à utiliser ma brosse à dents, c’est arrivé une autre fois quand tu as couru dans l’appartement en criant Le Mot, puis une autre fois quand tu m’as pris dans tes bras derrière cette putain de voiture, après l’entrevue désastreuse avec ma mère… et je peux continuer comme ça encore longtemps. J’aimais Lucie, c’est vrai, mais tu t’es pointée. Tu t’es pointée comme un arc-en-ciel après la pluie, comme la première violette au printemps, et je t’ai aimée plus encore.”

“— Loan est un type bien.

Je baisse les yeux et repense à tout ce qui constitue Loan. C’est l’homme qui me laisse des pains au chocolat sur le comptoir de la cuisine le matin, l’homme qui m’emmène à l’ESMOD quand il pleut, l’homme qui va chercher mon père à la gare, l’homme qui me laisse du paracétamol sur la table de chevet un lendemain de soirée…

L’homme qui m’accepte comme je suis.

L’homme dont je suis tombée amoureuse un soir de Nouvel An.

— Je sais.”

_je refais mon entrée et on efface ce que je viens de voir, ou ce n'est pas nécessaire ?

Elle retire la cuillère de sa bouche avec une sensualité qui me fait frémir, puis lâche d'une voix neutre:

_tu peux toujours entrer. Mais dans ce cas, je serai obligée de te tuer. Regarde Nut', Comment il a fini. Tu ne veux pas terminer comme lui, pas vrai?

Peut être bien que si. Je retiens un sourire et capitule, faisant demi-tour. Je claque la porte, attend quelques instants le temps de rire dans ma barbe en l'imaginant remettre la cuisine en ordre.