Dominique Bona

J'avoue qu'avant de tomber un peu par hasard sur cette biographie de Berthe Morizot, je ne la connaissais guère, même pas de nom et aussi que l’impressionnisme ne m'a jamais attirée. Eh bien, quelle claque! La plume magnifique de Dominique Bona m'a totalement séduite, j'ai ainsi découvert une artiste forte, mystérieuse, une travailleuse acharnée et une femme aussi libre qu'introvertie. Et je me suis même rendu compte que sans le savoir, je connaissais quelques uns de ses tableaux ainsi que ses portraits réalisés par Édouard Manet, son beau-frère et surtout un grand ami de cœur, loyal tout au long de sa vie.

Une double biographie romancée, qui entremêle les destins de Paul Valéry et de Jeanne Voilier. Le poète est académicien est dans l'hiver de sa vie et tombe amoureux de Jeanne, avocate, éditrice, énergique et énergivore, dotée de mille talents mais qui n'en fera pas grand chose. Cette passion plutôt en sens unique humanise la figure de Valéry mais le rend trop fragile, trop esclave, quelque peu pitoyable face à une Jeanne qui se balade dans la vie comme une touriste de l'existence. Le ton est mélancolique, souvent plaintif et beaucoup de passages m'ont donné une impression de rembourrage artificiel.Néanmoins, j'ai beaucoup apprécié le portrait de cette époque d'entre-deux-guerres, d'Occupation et des temps des procès d'épuration très finement riche et nuancé.

Sans être ni vraiment un roman ni une quadruple biographie croisée entre Colette et ses amies Musidora, Moreno et Annie de Pêne, ce livre est plutôt le portrait d'une époque, et d'un air d'un certain temps. Les quatre femmes ne se disent pas féministes, alors qu’elles en ont le comportement et les idées, mais cette idée de phalanstère, où règne un paisible anticonformisme, de beaux échanges humains et un sens pragmatique du quotidien est une ode à l'amitié désintéressée.

J'ai pourtant plus eu l'impression de visiter un musée photographique que de lire un livre. Cela n'en demeure pas moins assez instructif sur les civils du temps de la Première Guerre Mondiale et la biographie de ces femmes fortes, originales et déterminées.

Un roman biographique un peu trop contemplatif à mes yeux. Bien que je n'ai contre le côté intimiste de certains écrits, ce binôme de génies, Paul et Camille Claudel perdent de leur force sous cette plume aux accents impressionnistes. Cependant, malgré l'esthétisme trop poussé, j'ai aimé apprendre et connaitre certains épisodes de la vie de Camille, vus sous un autre angle, ainsi que l'approche émotionnelle, profonde et ambiguë de la vie, des écrits et de la carrière de Paul.

Cette biographie d'André Maurois est bien plus axée sur le chaos de sa vie sentimentale que sur son œuvre. Les trois femmes évoquées font presque peur..

Entre sa première épouse, Jane-Wanda, une espèce de sale petite punaise frivole, égoïste et conne comme la lune, la seconde, Simone de Caillavet, brillant par son intelligence froide ponctuée de terribles épisodes névrotiques (on peut la comprendre, sachant qu'elle sera toujours vue comparée au fantôme de Jane-Wanda)) et la troisième, une admiratrice péruvienne de trente ans sa cadette,Marita de Las Dolorés Garcia Y Rivera, un coup de cœur de 20 jours qui lui valut un harcèlement digne des pires groupies, on ne peut pas dire qu'il s'agisse d'amour. Mais plutôt qu'André Maurois a subi des passions destructrices et qu'il a bien plus rêvé l'amour qu'il ne l'a réellement vécu.

Si cela a nui à l'homme, il semblerait que cela ait nourri son œuvre... Mais tout ce barda était-il bien nécessaire?

Une magnifique biographie sur un homme pro européen avant l'heure, pacifiste, humaniste, un très grand visionnaire aussi, qui me semble hélas tomber injustement dans l'oubli. Peut-être parce que sa vision du monde est contraire aux nationalismes, idéologies et rapports dominants-dominés alors que l'on retombe de plus en plus dans ce travers sociétal à travers le monde entier?

L'Européen Volant !

Une superbe biographie de l'écrivain Stefan Zweig !

Ma rencontre avec cet auteur, devenu un de mes préférés, c'est déroulée étrangement : j'étais une adolescente, j'étais en vacances avec ma famille dans un club. Je m'ennuyais un peu, même si j'écrivais beaucoup. En consultant, la bibliothèque de l'établissement, un petit livre m'a interpellée ; c'était "Le joueur d'échecs" et j'avais 16 ans ! Depuis, ma passion de cet homme ne s'est jamais tarie !

Le style de Dominique Bona est vraiment splendide : empli d'humanité, de sensibilité, d'empathie et d'enthousiasme, comme Zweig.

Un hommage réussi à cet homme, dont un ami surnommait "le Salzbourgeois volant" ! Tant, il a voyagé, pour rencontrer ses amis écrivains de son époque.

Zweig est né à Vienne en 1881 dans une famille juive bourgeoise.

Il devient docteur en philosophie en 1904 avec une thèse sur Hippolyte Taine

Puis, il voyage en Europe (Berlin, Paris, Bruxelles, Londres), aux Etats-Unis et au Canada. Il y rencontre tout le fleuron littéraire et artistique de ce début de 20e siècle :

Ses voyages ne l'empêchent pas d'écrire : poèmes, essais, chroniques de voyages et pièces de théâtre.

C'est la première guerre mondiale qui sera un choc pour lui, l'européen tolérant, pacifiste, tourné vers les autres. Il partage ses idéaux avec son ami Romain Rolland.

Le succès arrive après la publication d'une nouvelle, "Amok", en 1922.

Ces activités apportent à Zweig la célébrité, qui commence avec sa nouvelle Amok, publiée en 1922 et qui deviendra grandissante.

Zweig traduit de nombreuses œuvres (Baudelaire, Rimbaud, Verlaine…)

Passionné par ses confrères, il collectionnera les autographes, les manuscrits ! Collection qui disparaîtra…

C'est un biographe brillant (Fouché, Marie-Antoinette, Magellan, Erasme, Marie-Stuart, Balzac…)

Il décrit des personnages torturés qui évoluent au fil de leur histoire ; sans concession, mais attentif et toujours juste face à l'Histoire dont il s'empreigne pour comprendre le monde contemporain, qui devient fou…

Dès 1933, il est visionnaire des horreurs à venir, mais peu de personnes écoutent son message…(ses livres ont été brûlés !)

En février 1934, il décide de partir d'Autriche et se réfugie à Londres, à Bath, pour un temps… Au développement de la guerre partout en Europe, il fuit aux Etats-Unis puis au Brésil, où il décide de mettre fin à sa vie en 1942...

Une vie a été entièrement vouée aux autres, à ses amis, à son travail (sa première femme y veille !)

Un homme doux, chaleureux, européen avant l'heure, fidèle en amitié (mais pas en amour !),

Si vous aimez, comme moi Stefan Zweig, lisez cette magnifique biographie qui est digne de ce grand homme !

Le portrait des trois filles du poète Heredia, dont les destins m'ont semblé frivoles, pâlichons et ennuyeux, toutes les trois ne pensant qu'à l'amour, parfois jusqu'à l'obsession. Mais au-delà de cela, j'ai trouvé la peinture de cette époque vraiment fabuleuse et les personnalités rayonnant autour de ce cercle familial particulièrement intrigantes, plus marquantes et aussi plus singulières.

Pour moi, les sœurs Hélène, Marie et Louise sonnent un peu creux, mais la très haute qualité du langage de Dominique Bona et son style pointu et envoûtant sauvent cette sororité en contextualisant leurs histoires dans une fresque historique étonnante de profondeur et d'originalité.

Ma vie reste cachée

Après avoir vivement apprécié la biographie de Stefan Zweig par Dominique Bona, je me suis précipitée sur ce livre.

Selon la quatrième de couverture, il était annoncé "Dominique Bona dévoile avec tendresse et humour les personnages de sa famille imaginaire : Romain Gary, Berthe Morisot, Gala Dali, Stefan Zweig, Camille Claudel, Colette…

Elle raconte la part cachée de ses livres, les enquêtes pleines de risques et d'embûches, les coupes de foudre, les hasards et les désillusions…"

Même si j'ai vraiment aimé le style de cette autrice, toujours aussi parfait, ce livre ne dévoile rien d'elle ; ici sont regroupés les biographies de tous ces artistes, ses voyages réalisés afin d'écrire au plus près.

Rien de nouveau, si ce n'est que j'ai eu l'impression d'un entre-soi parisien :

Elle dévoile très peu sur sa passion de la biographie historique, sur ses débuts d'écrivaine.

Simplement à la lecture, on sent, on devine la passion de cette autrice pour ses personnages, sa grande sensibilité, son empathie, son professionnalisme (allant jusque sur les endroits où ils ont vécu…)

Elle oublie (!) de préciser qu'elle est la fille de l'historien et homme politique Arthur Conte (1920-2013), Dominique Henriette Marie Conte est la soeur de Pierre Conte (directeur général adjoint du groupe Figaro), cela aide à se faire connaître dans le monde de l'édition…

Donc, un beau livre, très bien rédigé, mais qui n'apporte rien d'autre que l'envie de lire ces biographies historiques !

Dieu que Gala était détestable ! Je rejoins parfaitement Philippe Soupault qui la surnommait "la Gale". Il a fallu tout le talent de la grande Dominique Bona pour faire une biographie passionnante de cette sale bonne femme odieuse, égocentrique, cruelle, cupide et avide (C'était bien elle, et non sans raison, qu'on la nommait Avida Dollars, anagramme du nom de son dernier mari, Salvador Dali).

Si elle avait eu au moins une once d'intelligence ou de talent en quoi que ce soit, on l'aurait presque excusée. Mais elle semble avoir été conne comme une bûche toute sa vie durant. Son influence sur Eluard et Ernst est évidente, mais je pense qu'ils aurait pu allégrement se passer de cette méchante pesteuse pour être rentrés dans l'histoire des artistes surréalistes. En ce qui concerne Dali, c'est moins évident, il semble avoir été toujours accroché à elle comme un bébé à sa tétine...

Bref, j'ai adoré cette splendide biographie et adoré détester ce furoncle purulent de Gala!