Commentaires de livres faits par --ONYX--
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lèvres. Ils savaient tous les deux que la prochaine fois, ce serait eux.
***
Cyrius regarda, hypnotisé, la bouche de son compagnon qui venait de lui mimer les mots les plus beaux au monde, ceux-là même qu'il n'aurait jamais cru lui-même prononcer un jour et qui maintenant sortaient avec la facilité que l’amour accordait. Une dernière larme roula sur la joue meurtrie de son compagnon, emmenant dans son sillage le sang et la poussière, puis hésita sur la
lèvre charnue avant de tomber. Quand elle s'écrasa sur le torse amaigri, Cyrius ferma les yeux, car il ne pouvait plus en supporter davantage. Il assistait impuissant au déclin de Noah dont le petit corps semblait avoir atteint ses limites, sans parler de son âme qui s’étiolait dangereusement.
lui-même subir les sévices, comme si leurs corps étaient unis autant que l'étaient leurs âmes, comme s’ils ne faisaient qu'un.
Le premier coup de fouet claqua dans le silence de la pièce. Noah serra les dents et son corps contracté bougea à peine. Le second coup lacéra la peau de son épaule, juste à côté de son numéro et le jeune homme ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit. Le sang perla de la blessure et Cyrius regarda une goutte descendre le long du dos pour s'arrêter au creux des reins. La troisième et quatrième attaque laissèrent des traînées quasi parallèles au milieu du dos et seuls les soubresauts
du corps témoignèrent de la violence de l'agression. Les coups suivants lui firent baisser la tête et Cyrius se retint de fermer les yeux pour ne plus voir le corps trembler sous chaque coup de fouet qui semblait être porté avec plus de force que le précédent. Noah était d'un courage et d'une détermination stupéfiants et restait tendu, renonçant à plier devant son bourreau. Son propre corps se crispait à chaque châtiment, ressentant dans ses chairs la morsure cinglante de la haine de Sikoro. Ce dernier le frappa encore et le buste de son compagnon s'affaissa. Noah souffrait, les traits de son visage se contractaient et ses yeux se plissaient sous l'effort énorme consenti pour ne pas extérioriser sa douleur. Sa bouche se pinçait à intervalles réguliers et ses narines se dilataient pour maintenir une respiration lente et ainsi refluer la souffrance. Il laissa échapper un râle rauque qui glaça Cyrius jusqu'à la moelle. Dédain et cruauté se lisaient sur le visage de Sikoro qui le fouetta jusqu'au sang, jusqu'à ce que Noah pleure, jusqu'à ce qu'il crie, jusqu'à ce qu'il hurle…
Mon dieu, cette voix... Elle lui était inconnue, c'était celle d'un enfant... fluette et brisée. Ce fut comme si son cœur lui était arraché et son estomac piétiné. Noah laissa tomber l'arme et répéta son nom encore une fois.
—Je n'en peux plus Cyrius, sanglota-t-il si bas que Cyrius dut se rapprocher pour entendre. Je n'en peux plus de faire semblant depuis tout ce temps, de faire croire à tout le monde que je suis fort alors que dedans je suis mort. Je n'en peux plus de respirer sans savoir pour quoi et de lécher mes blessures seul le soir. Je n'en peux plus de ces souvenirs qui m'entraînent toujours plus loin dans ma chute et qui m’empêchent de vivre ma vie. Surtout, je n’en peux plus de cette honte qui me dévore... Mon corps souffre, Cyrius, mais mon esprit, lui, hurle à l'intérieur face à cette peur qui me paralyse, il se rebelle jusqu'à la folie contre son emprise et se consume de désespoir de toucher un jour le grain de ta peau. Noah s'étrangla sous l'émotion. Je voudrais tellement te toucher, Cyrius, tellement que j’en crève…
Cyrius sentit sa respiration s’accélérer sous l’intensité de ses émotions. Les paroles lui firent une peine immense car malgré tout ce temps passé près de Noah, il ne s’était pas rendu compte de la profondeur de la souffrance que sa présence avait causé au jeune homme et maintenant, la vérité lui éclatait au visage avec toute la brutalité que son espoir aveugle et son acharnement avaient inconsciemment nourri. Son corps trembla quand il réalisa qu’il était tout proche de perdre Noah.
— Il est …, bredouilla-t-il, incapable de prononcer le mot.
— Non, non, Kelyos non plus. J’ai appelé les ambulances. Oh Jared, … hoqueta-t-il.
Il s’approcha du corps de son compagnon et s’arrêta devant la vision d’horreur. Il arrivait à peine à le reconnaître. Son petit visage était tuméfié et enflé, une large plaie barrait sa tempe, résultat d'un coup d'une grande violence. Ses yeux étaient fermés et ses magnifiques lèvres étaient maintenant blanches et craquelées à cause de la déshydratation. Il trembla incapable de contenir le flot d'émotions qui le submergeait. Il posa ses yeux sur le corps recouvert de sang et de boue. Un nombre hallucinant de plaies et d'hématomes le couvrait, témoignant des tortures et des souffrances qu’il avait endurées. Sa peau était maintenant de couleur grise et s’était marbrée par le manque d’oxygène. La maigreur faisait saillir ses os et creuser son abdomen. Les larmes s'accumulèrent sous ses paupières devant la vue insoutenable. Il leva les mains au-dessus de son compagnon pour le toucher mais il suspendit son geste, ne sachant pas ce qui était possible sans le faire souffrir. Aucune zone n'avait été épargnée. Les larmes coulèrent sur ses joues et brouillèrent un instant la vue du corps décharné.
— Mon cœur, murmura-t-il doucement. Tu m’entends ?
— Vous le savez, rétorqua Sullivan.
— Oui. Je voulais dire… quand il…
— Je supporte, répondit froidement le lieutenant. Je ne veux pas en parler. Pas maintenant, pas avec vous, ajouta-t-il d’une voix soudain fragile.
Jared ferma les yeux sous l’aveu. C’était plus difficile à entendre qu’il ne le pensait. Un silence s’installa de nouveau et il sentit que Sullivan n’allait pas bien et qu’il avait besoin de soutien. C’était à lui de le lui apporter, mais il ne savait pas comment faire. Il ne voulait pas lui sortir les habituelles phrases de réconfort, il voulait lui dire ce qu’il avait sur le cœur et qui lui pesait tant. Mais était-ce raisonnable ? Était-ce le moment ? Peut-être était-ce simplement le moment de mettre ses appréhensions de côté et de prendre des risques pour quelqu’un à qui il tenait déjà beaucoup, même s’il ne comprenait pas encore tout ce qui se passait entre eux.
— Je ne te jugerai jamais et je serai là quand tout sera fini.
— Vraiment ? demanda Sullivan d’une voix vacillante.
— Regarde-moi, lui ordonna Jared.
Il le regarda s’avancer au centre de la fenêtre, lui faire face et poser une main à plat sur la vitre, comme une prière silencieuse de contact. Le geste était tellement poignant et empli de promesses que Jared en eut la gorge nouée.
— Je te ferai oublier tout ça, lâcha-t-il malgré ses peurs.
— Promis ? chuchota Sullivan.
— Promis.
— Je dois vous laisser, murmura le lieutenant, ému.
Puis il coupa la conversation. Jared resta figé, les yeux rivés sur la silhouette, et quand il le vit lâcher son téléphone et enfouir son visage dans ses mains pour pleurer, il gémit, comme si le chagrin de Sullivan était aussi le sien.