2034

Voilà une belle dystopie qui s’appuie sur un mouvement de fond que la pandémie du coronavirus n’a fait qu’accélérer.

L’histoire est très crédible car elle se fonde sur l’existant : l’exploitation des données individuelles, le rôle des géants de l’informatique, le cynisme des puissants et leurs intérêt financiers, les entreprises géantes dont l’emprise psychologique confine parfois à celle de sectes… Même les innovations technologiques sont là et attendent de se diffuser.

Les conflits de générations sont présents dans le roman. Comment ne pas penser à nos enfants, nés dans un monde hyper connecté, qui trouvent « normal » que tout soit « transparent » jusqu’à l’intime, jusqu’aux pensées ? Ne mesurent-ils pas à quel point il est facile de « conditionner » des opinions lorsque tout est connu ? À quel point il est facile de nous croire « ouverts » alors que nous sommes enfermés ? Comment ne pas penser aussi à nos élites, formées dans les meilleures écoles ? La recherche du toujours plus, d’une carrière prestigieuse et du confort doivent-ils nous faire oublier la conscience et l’éthique ?

Sommes-nous « vieux jeu », comme le personnage de Symes dans le roman, de croire qu’un autre monde est possible ? De croire en la liberté individuelle ? Au droit de ne pas épouser la pensée dominante ? Il est si facile de vivre dans l’illusion. L’auteur nous rappelle à juste titre quelques références philosophiques, à commencer par le mythe de la caverne de Platon.

Pour autant, vive le calcul et la technologie ! Vive tout ce qu’ils peuvent nous apporter ! Mais rappelons et répétons qu’ils ne sont pas tout, que l’humain ne se résume pas à cela. Un autre monde, où la technologie trouve la place utile qui lui revient de droit, mais sans que nous en devenions prisonniers, est possible.

Enfin, n’oublions pas que derrière la technologie, il y a des hommes et des femmes. Des intentions. Le monde est aussi ce que nous en faisons. Merci à Christophe Victor de nous rappeler ces messages.

Je suis parti avec un a priori positif étant fan de S.F. J'avoue que je suis resté sur ma faim. Il manque un peu de "substance" pour en faire un bon livre.

Synopsis : Un thriller technologique haletant qui nous interroge sur le Monde d'après. La première dystopie du monde post covid19.2034 : trois géants américains du numérique ont profité de la crise des années 2020 pour établir leur hégémonie sur l’économie occidentale, porter au pouvoir des politiques corrompus et mettre en place un capitalisme de surveillance, basé sur l’exploitation immodérée des données personnelles.

Je ne suis pas très bon juge de ce roman parce que j'embarque difficilement dans un scénario moralisateur qui suit la mode de considérer les géants technologiques américains et les Chinois comme des gros méchants. L'évolution a débuté bien avant l'être humain. Elle se poursuit en empruntant la voie de l'humanité et continuera probablement au-delà de l'être humain. Ce n'est pas en méprisant ses principaux moteurs actuels qu'on l'arrêtera. Il vaut peut-être mieux voir comment alimenter le débat pour la guider.

Un roman qui fait réfléchir

Imaginer les conséquences d’un monde gouverné par les géants du web, c’est ce que vous découvrirez dans ce roman dont l’action ne se situe pas si loin dans le temps. Emaillé de références littéraires, le livre verse à la fois dans le politique, l’économique, et le philosophique sans jamais lasser ni devenir hermétique. C’est très habilement réalisé, jusqu’à la chute finale, qui ne laisse aucun doute sur le message de l’auteur. Je n'ai pas pu le lâcher, je vous le recommande vivement!

Projeté en 2034, l’auteur imagine la vie d’un petit frenchy employé dans un GAFAM du futur. L’écriture est soignée, les références littéraires nombreuses mettant en perspective les aventures du héros, le rythme haletant. Je n’ai pas lâché le roman ! Brillant!

Roman d'anticipation, thriller et réflexion philosophique, ce livre dénonce les nouveaux pouvoirs qui menacent la liberté des individus (ils se reconnaîtront sans peine). Dans un univers pas si différent du nôtre, des personnages cyniques et machiavéliques manipulent individus et opinions publiques. Que peut, et doit, faire le héros pour sortir de cette servitude volontaire, et parviendra-t-il à ses fins? Est-il même souhaitable qu'il y parvienne?

Dans cet univers de calcul et de manipulation, les personnages sont rarement ce qu'ils semblent être, et les nombreux rebondissements de l'intrigue, toujours surprenants, donnent un plaisir de lecture constant, jusqu'à un dénouement inattendu et terrifiant.