Ghérasim Luca
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Note moyenne : 9/10Nombre d'évaluations : 4
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J'avais lu un article dans Lire où ils traitaient de la poésie, de plus Arthur H a adapté un de ses plus beaux poèmes en chanson. De là est venue mon envie de découvrir l'œuvre de Ghérasim Luca. Et je ne suis pas déçue!
Il jongle avec les mots avec la phonétique, c'est surprenant!
Afficher en entierJ'ai pas vraiment aimé ce recueil ci à cause des thèmes mais l'écriture est très belle, très poètique, je recommande
Afficher en entierUne bonne soupe à la Mathieu Amalric mais de fraîches orties qu'on appellera herbes aux chantres à la carte. Pour la critique, faites entrer l'accusé lui-même. Êtes-vous enrouée, madame la carpe ? « Accouplé à la peur/entre la vie et le vide/le cou engendre le couteau/et le Coupeur de têtes/suspendu entre la tête et le corps/éclate de mou rire » (p.104). Mais non, mais non, me dit-elle, je ne suis pas muette, mais coquette avec ma cravate de chanvre et sans robe de chambre. Je ferme ma « paupière philosophale » (p. à vous de compléter !) : « Bien au-delà du peu/la peau et l'épée/lapent/l'eau ailée/du petit pire//Toupie d'une peur idéale/épi à pas de pou/appât/ou pâle pet de pétale//La vie dupe la fille du vite//Tapis doux/où les fées filent/les feux muets/d'un rien de doute//L'effet est fête/faute hâte/écho et cause […] faux/défi/défaut/fou//Peau fine/paupière finale/fœtale/fatale/philosophale ».
Afficher en entierC'est tous les ans la fête des amoureux, que certains voudraient "saison des amours". Je reprends, ici, un avis plus ancien, mais qui exprime toujours, en parfaite indépendance, mon avis. J'aime particulièrement Ghérasim Luca, ce poète qui se sent aussi impuissant que le banquier cupide, mais dans cette banque alimentaire de la lucidité viscérale, Cupidon est démasqué pour qu'il ne s'égare pas dans sa propre obscurité. Pour finir, des ex-traits, paroles essentielles, pour redonner ainsi la parole à l'inculpé:
dans ces exercices amoureux où un homme et une femme se cramponnent l'un à l'autre pour réfléchir mutuellement le néant
[...]
Dans ce monde latéral où je me sens jeté
sans savoir quelle erreur j'ai commise
(même sur le plan précaire de la culpabilité) sans savoir ce qui m'est arrivé, ni pourquoi je ne ressens que les effets catastrophiques de l'erreur, l'avalanche d'agressions et de cruautés, probablement nécessaire que le monde extérieur déclenche contre moi
Afficher en entierOn dit « muette comme une carpe », mais ici le poète espiègle nous invite à chanter avec la carpe cette « brûlante morsure des mots » (p. 27). Ces vers ne se commentent pas, ils se lisent et de préférence à voix haute. Il s'agit ici d'une édition de 1973, numérotée, dont je détiens le n° 417 sur 1800 et qui ne doit plus être facile à trouver, mais les éditions José Corti ont publié la quasi-totalité des volumes de Ghérasim Luca. Alors, plus d'excuses : lisez et jouez vous aussi avec tous ces mots aspirés (ou expirés ?) par le vide.
Afficher en entierIl s'agit ici du premier livre écrit par l'auteur directement en français et publié clandestinement à Bucarest en 1945. Cette troisième édition des chez José Corti a été revue et « mise au point » par Nadèjda et Thierry Garrel.
De quoi s'agit-il ? Difficile à dire (en peu de mots). le sous-titre indique « avec une introduction sur l'objet objectivement offert, un portrait trouvé et dix-sept illustrations ».
Dans un article des Inrockuptibles, Fabrice Gabriel écrit : « Le Vampire passif témoigne de ce que fut Luca en ses années de formation révoltée : lire aujourd'hui cet ouvrage illustré de 18 photographies d'objets objectivement offerts c'est éprouver d'abord le frisson d'une époque révolue ».
Désarmée face à ce texte difficile à appréhender, aux accents philosophiques et qui invoque souvent la sexualité, j'ai ressorti l'essai de Dominique Carlat, Gherasim Luca l'intempestif, pour quelques considérations éclairantes. On peut y lire : « la réflexion consacrée à l'offre objective de l'objet trouve ainsi son fondement dans le cadre d'une pensée de l'échange poétique ou artistique qui nourrit lui-même le secret appelant à son dépassement. Gherasim Luca invite à une pratique de la circulation qui refuse l'épargne : des objets, des textes, des images de soi ». Après avoir proposé une très intéressante analyse du contexte historique de la parution de ce livre, Dominique Carlat, affirme : « pour qui demeure disponible à tous les signes, l'offre dont Gherasim Luca fera le centre de l'expérience du hasard objectif participerait donc d'un mouvement universel. le Vampire passif est entièrement dirigé par le désir inexpugnable de maintenir cette utopie. [...]. Le sujet abordé, le rôle du hasard objectif dans les liens qui lient les membres du groupe surréaliste, va conduire Gherasim Luca à révéler avec fausse candeur et truculence de quels désirs mêlés se fonde toute relation collective. [...] Les premiers textes de Gherasim Luca, au premier rang desquels le Vampire passif, cherchent à prolonger l'ébranlement suscité par les textes surréalistes. Par un mouvement réversible cette lecture vient, en retour, questionner les textes lus et les limites qu'inconsciemment ils s'étaient imposées. Ainsi, Gherasim Luca s'interroge sur la fragilité de la frontière établie entre le hasard objectif et le délire d'interprétation. [...] le Vampire passif se présente comme un objet littéralement impossible à définir : mêlant exposé théorique et prose poétique haletante, confessions personnelles et excursus universalisants, adresses personnelles et visée "scientifique", la position d'énonciation qu'il adopte se caractérise par une instabilité constante. Aucune définition générique, aucune analyse pragmatique des gestes de parole qu'il accomplit ne semble susceptible de cerner son identité. Mais ce trait semble moins tenir à une volonté expresse d'échapper à toute prise qu'à la teneur même de son propos. Celui-ci est fondé sur une intuition initiale développée dans la préface dont le propos pourrait originellement sembler uniquement théorique : Gherasim Luca propose de projeter sur notre rapport à l'univers, à sa globalité, la conception surréaliste de la rencontre ».
Il y a donc dans ce texte un aspect programmatique que je ne trouve pas très passionnant.
Finalement, ce que je préfère chez Gherasim Luca c'est l'esthétique du bégaiement de ses poèmes ultérieurs.
Le bilan : lecture dispensable, même si je me souviendrai de la poupée (figure 2, la lettre L) achetée chez un antiquaire et recouverte de charades découpées dans les almanachs.
Afficher en entierQu'il soit de bois, d'os, de corne ou de métal, peut-être même de céramique, votre coupe-papier vous sera indispensable, car voici en effet, chose rare, un livre non massicoté ! Plaisir inouï de lecture, puisque le texte est un ensemble de lettres dont on ouvre ainsi l'enveloppe jour après jour. La première, datée du 6 novembre 19.. exhorte le destinataire, ce « Monsieur », l'inconnu qui pourrait être cet « hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère » emprisonné arbitrairement par le poète tout-puissant, à déclarer néanmoins son « nombre », son « pénombre ». Certains numéros d'écrou sont gagnants du moment que l'on croit « dans le présent », « d'autant plus résolument que nous nous insérons mieux dans l'absent ». le ton devient vite menaçant « il me faut d'abord-et je l'aurai, soyez en persuadé-la fleur de votre peau. Délicatement. » le bourreau se plie donc en quatre pour vous, « qui n'êtes pas moins plié en deux » et ce dès le 11 novembre, par cette « jouissance que provoque le manque de communication ». La papier n'est après tout qu'une cellule pour l'écriture comme « possibilité d'une étreinte douteuse écartant jusqu'au tréfonds un être libre d'une être libre. » Philosopher devient inutile : l'écrit déroute celui même qui écrit. « Être en route, chercher et même trouver une clef ce ne sont là que des passe-temps de serrurier. » Les mots constituent le faux trousseau du geôlier. le coupe-papier, vite, pour débloquer le verrou. « [U]ne scission c'est une relation servant à expliquer ce qui ne peut qu'être fredonné, murmuré, chuchoté... ». Les nouvelles expédiées depuis la maison centrale du langage inquiètent l'écrivain-surveillant, « mais auprès de la joie de vous écrire, quelle chose m'importe au monde ? [...] ébloui, enivré de mon anonymat ». L'oeuvre captivante « insaisissable grandit entre nous », et pousse ces portes « indiscrètement ouvertes » (25 novembre). L'écrivain signe la remise en liberté de son lecteur transfiguré, « fermant les yeux un instant, exprès, volontairement, devant l'excès de beauté que m'offre notre double disparition ». Condamnée enfin toute fascination servile du lecteur pour un auteur ? D'autres lectures tantôt plus sérieuses, tantôt plus ludiques sont encore permises pour ce livre.
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Biographie
Nationalité : Roumanie
Né(e) à : Bucarest , le 23/07/1913
Mort(e) à : Paris , le 09/02/1994
Biographie :
Issu d'un milieu juif libéral il est très jeune en contact avec les cultures françaises et allemandes.
A la fin des années trente, il voyage à Paris pour étudier de plus près le surréalisme. Il est surpris par la guerre mais parvient à rentrer en Roumanie.
Avec quelques amis, il y crée un groupe surréaliste, juste avant l'avènement du socialisme qui produit des articles, des expositions.
En 1952 il quitte son pays pour venir s'installer en France. Ses poèmes, dessins ou collages ("cubomanies") sont publiés par la revue Phases. Il élabore des livres-objets. Il participe à de nombreux festivals de poésie dans toute l'Europe, dans lesquels les lectures publiques de ses textes étaient très renommées.
Source : Dictionnaire des lettres françaises
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