Grégory Covin

Ce recueil de nouvelles est issu d'un collectif de sept auteurs, et regroupe sept histoires différentes.

Si le recueil est globalement intéressant, toutes les nouvelles n'ont pas un niveau équivalent. En effet, j'ai ressenti moins d'attrait pour les deux premières que pour les cinq autres. Elles ne sont pas mauvaises, mais apportent moins que les cinq restantes.

Ce que j'ai apprécié dans ce recueil, c'est tout d'abord l'exploitation de problématiques intéressantes et d'actualité (que je ne peux divulguer au risque de faire perdre toute la magie des nouvelles concernées), faire passer ce genre de message dans un ouvrage de l'imaginaire est vraiment intelligent et appréciable. Les réflexions amenées par les autrices et auteurs sont intéressantes, et poussent le lecteur à s'interroger lui aussi.

Dans ces histoires, on se retrouve face à des créatures de légende, dont certaines que l'on retrouve peu dans la littérature bit-lit comme la momie, et que j'ai pris plaisir à suivre. Si les styles des autrices et auteurs ne sont pas les mêmes, on retrouve quand même une pointe d'humour dans presque chaque nouvelle, chose que j'ai bien appréciée.

J'ai cependant trouvé dommage de faire face à certains clichés, alors que certaines idées de base étaient très bonnes.

Je vais à présent parler de quatre nouvelles, de façon assez peu poussée cependant, pour laisser du mystère aux futurs lecteurs. Deux qui ne m'ont pas vraiment plu, et deux autres que j'ai adorées.

« Je suis morte » : Cette première nouvelle m'a déçue. L'idée était bonne, mais assez mal exploitée. Tout se passe vraiment trop vite sans que l'autrice ne nous apporte de réelles explications. Comment tout cela a-t-il pu se passer ? Pourquoi ? Et surtout, quelle est réellement la fin ?

« Dis, tu aimes les poils ? »  : Le ton mordant de l'héroïne était appréciable. Par contre, les clichés véhiculés à l'encontre des femmes m'ont hérissé le poil (sans faire de mauvais jeu de mots). On voit tout à fait que la nouvelle a été écrite par un homme, qui n'a pas su se mettre à la place de son personnage principal, de lui offrir une réelle identité et pas seulement une bribe de personnalité fondée sur des clichés. J'ai trouvé la fin très attendue, et franchement pas surprenante.

« Mortellement vôtre » : est une nouvelle que j'ai vraiment beaucoup aimé ! Déjà parce que l'on y retrouve une momie, et aussi parce que sa personnalité m'a plu. Le format épistolaire de la nouvelle apporte un vrai plus à celle-ci, de même que l'écriture à quatre mains. La fin était, quant à elle, plus originale que celles des nouvelles précédentes.

« Premier rencart » : Simon, le personnage principal de cette nouvelle, m'a touchée. J'ai trouvé qu'il était un personnage agréable et intéressant à suivre. Cette petite histoire était vraiment très douce, pleine de bons sentiments, sur un fond d'univers fantastique. La fin était chouette, je l'ai beaucoup appréciée. Une vraie réussite !

Les trois dernières nouvelles : « Polysémie », « Mauvais Genre » et « Le Dernier d'entre nous », sont bonnes. Elles portent des histoires intéressantes et de vrais questionnements sur différents thèmes. Les fins sont originales, surtout pour la deuxième qui m'a bien surprise !

En somme, je dirais que ce recueil est bon, si l'on passe outre les deux premières nouvelles qui n'apportent que très peu de chose à cette anthologie. Les autres histoires valent vraiment le coup d'être lues.

Nutty Woman est un recueil de nouvelles mettant en avant des femmes fatales.

Au tout début de ma lecture, j’ai été dubitative. J’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans la première histoire. Malgré un texte très original, je suis passé à côté du texte. Peut être était-ce cela le problème, trop extravagant pour moi. En général, je suis la première a aimé ce qui sort de l’ordinaire. Malheureusement, cette première histoire m’a laissé stoïque. Ça m’a ralenti dans ma lecture et m’a freiné pour lire la suite. Heureusement, je me suis accroché ce qui m’a permis de découvrir de très belles nouvelles.

Certaines histoires m’ont agréablement surprise. Globalement, la majorité des nouvelles ont pour base le fantastique. La femme est présente dans toute sa splendeur. Elles sont fatales mais aussi dangereuse. Derrière un physique de rêve, il ne faut pas oublier la personne. La femme est tantôt peinte comme une héroïne, tantôt comme un bourreau. Mais, derrière ce qui s’apparente à de la cruauté, est-ce réellement elles les bourreaux de l’histoire ? Toutes les histoires ont la même base. La femme est confronté à l’homme face à ses vices et son pire visage. Elles nous montre qu’elles sont fortes et ne sont pas de petites choses fragiles. Le physique peut être leur meilleure arme, la rendant fatale en tout point. Quelque soit l’histoire, elles ont toutes un caractère fort et imposant. Si quelqu’un en a une bonne paire, ce sont bien ces femmes. Les regards se portent sur elles attirant toute l’attention de la foule. Les auteurs nous montre une autre image de la femme et les embellissent. Fini d’être une victime, elles sont les maitres et ne se laisseront plus faire ni avoir par qui que ce soit.

Il y a de nombreuses bonnes idées de la part des auteurs. Même si certaines m’ont moins marqué ou plu, il est important de souligner l’originalité dont ils ont fait preuve à travers leurs textes. 11 textes, 11 idées différentes dans tous les genres confondus. Ils ont une base fantastique ou SF et d’époques différentes. Les textes se lisent vite, parfois trop vite. Dans l’ensemble, j’ai aimé l’écriture des différents écrivains et aucun ne m’a déplu. Il y a un choix très hétéroclites dans les textes, de quoi plaire à tous les lecteurs. Il y en a pour tout le monde. J’ai pris plaisir à découvrir les textes. Certains comportent même une morale à la fin, chose que j’ai bien apprécié.

Pour conclure, malgré quelque petits bémols ou des histoires qui m’on moins touché, j’ai aimé lire ce recueil. Ça me chance de ce que je lis d’habitude, moi qui ne suis habituellement pas attiré par ce type de livre. Il y a du potentiel dans ce roman, certaines nouvelles pourraient amener à devenir une histoire. Pour toute les femmes qui doutent d’elles et de leur pouvoir, ce recueil fait du bien et nous montre que nous ne sommes pas de petits choses fragile et sans défense. A découvrir !

Une Anthologie signée Otherlands qui vaut vraiment le détour ! Et ce n'est pas parce que j'ai une nouvelle à l'intérieur que je le dis (même si j'en suis fière). Les styles différents des auteurs parviennent à créer un fil qui relient les nouvelles entre elles. Orientées SF, Fantasy, horreur, toutes vous font voyager dans des mondes Somnoriens uniques !

Vingt manières différentes de traiter le thème de la ville de Somnore dans l’Anthologie d’Otherlands : Légendes de Somnore.

Je ne vais pas faire un catalogue de toutes les nouvelles, mais en chroniquer quelques unes parmi celles qui correspondent le plus à ma sensibilité.

D’abord celle que j’ai préférée :

LA FUITE par Isabelle Leblond

L’enfance et ses jeux aux règles compliquées : « Dans cette ruelle il ne faut surtout pas poser les pieds sur les pavés de la chaussée... Sinon le crocodile jaillit des rainures et vous mange la jambe. »

Des escaliers urbains qui peuvent être ceux qui montent à la butte Montmartre, ou à la butte Sainte Anne de Nantes.

Bref plein de choses qui raisonnent avec mes souvenirs.

Et puis de la légèreté, beaucoup de légèreté autour de cette gamine qui sautille. Un récit très visuel.

Mais derrière le rideau des mots, la vérité qui n’a rien de joyeux.

Le fantastique le plus efficace n’est pas celui qui rentre dans les détails de l’horreur, celui qui décrit des monstres gluants et des organes en putréfaction, mais c’est celui qui reste tapi.

Les enfants qui habitent Somnore sont comme tous les enfants du monde.

Une nouvelle du genre polar noir fantastique. Une enquête où s'invite le surnaturel. Certains éléments de l'histoire semblent appeler à une suite, ce qui me laisse un peu sur ma faim.

Histoire originale qui vous prend aux tripes. Une fin inattendue comme je les aime.

Et puis des faits historiques sur la ville de Rouen. La ville aux mille cloches, très enrichissante.

Je n'ai pas été effrayé, mais pris par le récit.

Bonne lecture !

Ce livre a fait l'objet d'une critique ici : https://tribune.vagabondsdureve.fr/hommes-et-animaux-demain/

La nouvelle de Yann Quero, mêlant légendes animales et explosion des réacteurs de Fukushima, sur fond d'apprentissage de l'art du haïku, me paraît la plus réussie.

Quinze nouvelles assez diversifié, comme souvent dans les recueils certains textes sont mieux que d'autres. Toutes ont en commun une ambiance sombre.

Cela faisait trèèèèèèèèèèès longtemps que je n'avais pas plongé dans les abysses infernales, alors quand j'ai vu le retour de ma Manue sur cette nouvelle de 28 pages, j'ai sauté dessus... d'autant plus vite que je me suis aperçue qu'elle était gratuite.

Vous le voyez venir le piège, là ? Je vous sens fortement tentés, pas vrai ?

Et zou, c'est parti pour une tranchette d'horreur dans la ville aux cent clochers.

Tout le monde comprend qu'on parle de Rouen. Victor Hugo nous a informés de cette particularité.

Mais ce que Victor Hugo ne nous a pas dit, c'est la vraie raison pour laquelle il y a cent clochers dans la ville de Rouen.

Haha, ça vous en bouche un coin, je parie. Mais l'auteur le sait, lui. La preuve, il nous le révèle dans cette croustillante nouvelle.

Donc, j'ai déjà dit qu'on plongeait dans l'horreur, mais attention, la police est dans le coup.

Forcément, dans toute histoire de cloche découverte dans la cathédrale, on appelle qui ? l'inspecteur Henry Bernes.

Je disais donc, gigantesque cloche comme posée à terre près de l'autel dans la cathédrale de Rouen (une vraie cloche, pas moi ! Cessez de me regarder, ça devient gênant !) Bref, passons, je n'en tiendrai rigueur à personne.

Donc, notre cher Henry à peine réveillé se pointe sur les lieux du crime. D'où vient cette cloche ? pas de trou au plafond, pas de dégâts au sol... elle n'est pas tombée.

Ce n'est donc pas une cloche bénie, puisque comme le dit la légende, tout ce qui tombe du ciel est béni. Mais pas là !

Pourtant, elle a dû se faire mal, elle saigne abondamment...

Plus avant dans l'histoire, une femme mandatée par le clair-geai se pointe, et tout ce qui s'ensuit dès que l'Église se mêle des affaires d'Église.

J'arrête là mon charabia, vous allez finir par tout savoir de l'histoire sinon, et chacun sait que je ne spoile jamais.

J'ai dégusté chacune de ces 28 pages, alors si vous avez envie d'une pincée d'horreur saupoudrée d'un zeste de démons, d'une pointe de religion mais pas trop (tu peux la lire, ma Yaya), embarquez dans le prochain train pour Rouen.

Parce qu'après tout ça fait toujours un bien fou de rigoler, et qu'est-ce que j'ai ri. D'ailleurs à un moment, je me suis crue dans Charmed avec le fameux Livre des Ombres et la référence en fera sourire plus d'un, je parie.

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Quand j’ai lu le commentaire de @Nicolak mon sang n’a fait qu’un tour.

J’ai effectuée cette lecture ventre-à-terre tant la curiosité me rongeait.

Ce petit voyage entre fantastique et horreur est une véritable madeleine, je ne suis pas prête de l’oublier et d’aller à Rouen.

Grégory Covin est un auteur qui maîtrise l’art du suspense : il instille la peur petit-à-petit et fait preuve d’un sens de l’humour bien spécial, quelle horrible chute !

Bien trop court vingt-huit pages seulement et un avantage c’est gratuit, alors il n’y a aucune excuse pour s’en priver à part pour les âmes sensibles.