Juan José Saer

Un style d'écriture particulier avec des phrases extrêmement longues qui, même si elles doivent parfois être relues plusieurs fois sont fluides et presque orales. Une histoire étrangement accrocheuse et une réflexion sur la perception de notre passé qui trouve écho dans tous nos souvenirs - qui ne sont peut-être pas des vrais -. Des personnages à la fois banals et complexes, tour à tour attachants et détestables, méprisants et compatissants.

Bref, un roman réussi qui continue d'agir même après l'avoir refermé.

Un roman qui frappe surtout pour les qualités d'écriture qui y sont déployées. Le texte est tout simplement magnifique et fait preuve d'une véritable poésie qui transporte le lecteur sous ces cieux immenses si bien décrits. En même temps, l'écriture est mise au service d'une véritable réflexion philosophique qui m'a un peu dépassée par moment. En clair, ce n'est pas un roman d'aventure contrairement à ce que l'on pourrait croire au premier abord, le récit en lui-même ne connait aucun rebondissement et on ne s'attache pas aux Indiens qui restent des formes floues, des ombres qui peuplent l'oeuvre. Toutefois, on ressent l'étrangeté et le mal-être du narrateur, et l'auteur nous amène à nous interroger sur la place de l'homme dans l'univers. Un roman donc qui fait réfléchir.

Une invitation au voyage que n'aurait pas reniée L. A. de Bougainville, mais avec en plus le mythe du civilisé qui retourne chez le bon sauvage. Après quelques scènes saisissantes d'orgies et de cannibalismes, on retrouve le personnage à la civilisation, ayant oublié sa langue maternelle, qui est pris en charge par des ecclésiastiques après qu'on lui ait attaché un exorciste, car il était considéré comme possédé. Les longues pages de réflexions sur sa condition et celle des indiens avec qui il a vécu pendant dix ans sont d'une beauté mise en excellence par une traduction de qualité.

Ce roman pose la question de la folie et plus particulièrement de ce que nous appelons la folie dans notre rapport au monde. Une question que je ne m'étais jamais véritablement posée mais grâce aux Nuages j'ai désormais un début de réponse qui me plaît beaucoup.

En se basant sur une histoire vraie, Juan José Saer livre ici un roman assez court, mais suffisant...

En 1515, une expédition part d'Espagne en Amérique. Arrivée sur place, les hommes sont massacrés par un peuple indien, mais un mousse est gardé en vie. Il passera dix ans avec eux avant d'être relâché. C'est à plus de 60 ans qu'il raconte son histoire...

Si j'ai basé ce résumé sur la narration du roman, il ne faut pas oublier que Juan José Saer se base sur une histoire vraie, mais que son roman est bien fictif. Son personnage de mousse va donc ici relater ce qu'il à vécu au sein de cette tribu, des chasses d'hommes, repas cannibales, et autres orgies. Des moments qui précédent de longues plages de calmes, des instants pacifique. Comme si, à la manière d'un "American Nightmare", tout était permis pendant quelques jours, avant de redevenir des gentleman. Et c'est les souvenirs de cette rencontre avec cette tribu que le mousse nous raconte. Des souvenirs dont il a conscience qu'ils ne sont pas forcément tout à fait juste. Mais au fil des ans, il a appris à connaitre cette tribu, à faire preuve d'ouverture d'esprit. Et c'est ce qui est plaisant dans ce roman, dont l'écriture est aussi particulièrement fouillée. D'ailleurs, pour finir, il est à noter que la traduction française est considéré comme une des meilleures traductions jamais lu. Et elle a été primée pour cela. Un trés trés bon livre donc !

Un livre à côté duquel je suis totalement passée à côté. Une jolie plume, et un récit qui porte à réflexion.

Mais du côté strictement narratif, pour moi c'est un flop. Pas de dialogue ou presque, des personnages qui sont là pour faire passer un message et n'ont donc aucune consistance psychologique, un texte qui relève parfois plus de l'essai que du roman, impossible d'accrocher, je me suis ennuyée du début à la fin.