Commentaires de livres faits par Galou-22
Extraits de livres par Galou-22
Commentaires de livres appréciés par Galou-22
Extraits de livres appréciés par Galou-22
Polly fut la première. Soudain, elle sentit un coup sec au bout de sa ligne et se demanda ce que c'était. Puis elle se leva et manqua de perdre l'équilibre.
- Wouhou !, hurla-t-elle. J'en ai un ! J'en ai un !
- Tirez, allez !, s'exclama Tarnie, hilare. Rembobinez, pas trop vite !
- Oh mon Dieu!, cria Polly affolée quand une forme argentée montra le bout de son nez, s'agitant frénétiquement et éclaboussant tout à la ronde. Oh malheur, oh non, je ne vais quand même pas tuer ce malheureux poisson...
Tarnie la regarda, sourcils froncés.
- Je crois que c'est un peu tard pour y penser, Polly...
- Je sais, je sais bien...
Elle retint son souffle, et un moment envisagea même de lâcher carrément sa canne à pêche.
- Vous voulez que je m'en occupe ?
Elle hocha la tête avec fébrilité, vaguement fâchée contre elle-même de faire ainsi sa chochotte. Tarnie s'approcha derrière elle, et avec des gestes extrêmement délicats, lui prit la canne des mains ; aussitôt elle s'effaça pour le laisser diriger la manoeuvre.
Les écailles argentées du poisson scintillaient sous le solail alors qu'il se débattait et tournoyait au bout de la ligne. Un hareng, une belle prise.
- Je suis vraiment désolée, monsieur le poisson, soupire Polly.
- Oui.
- Mais la première fois que tu en prends conscience... comment est-ce que tu t'en remets ?
- Tu te bourres la gueule.
Nous avons ri.
- Tu ne t'en remets pas, je pense, ai-je dit. Le reste de ta vie, tu le sais, c'est là, sur tes talons.
- Et ça ne te dérange pas ?
- Si. Parfois non. Parfois si, à nouveau. Quelquefois ce n'est pas grave. Comme maintenant. On est bourrés, on se sent bien. Mais demain... la vie reprend son cours. Et tu trouves une autre façon de nier la vérité pour pouvoir finir la journée. Trop de vérité nous terrifie. On doit l'occulter, sinon on ne ferait rien de nos vies. On errerait, perpétuellement déprimés ou émerveillés.
"Hé!", crie Tone en lui lançant dessus sa canette de Skol tout en lui courant après sur la jetée. Il vaut mieux rester en dehors de leurs bagarres. Tone, sans doute possédé par l'esprit d'Odin ou je ne sais qui, tend à perdre le contrôle de soi et si je m'en mêle, je finirai étendu par terre, Spencer assis sur mes bras maintenus au-dessus de ma tête tandis que Tony me pétera à la figure. Je me tiens donc peinard et bois ma bière tout en regardant Tone essayer de balancer les jambes de Spencer par-dessus la rambarde.
"Faut-il vraiment qu'on se farcisse cette connerie hippie, Tone ? demande Spencer.
- Cette "connerie", c'est les Zep, Spence.
- Je sais Tone. C'est bien pour ça que je voudrais que tu arrêtes cette saloperie de cassette.
- Mais les Zep règnent, Spence. Ils sont sans rivaux.
- C'est toi qui le dis.
- Pas seulement moi : c'est un groupe important ils ont une influence incroyable.
- Tu te rends compte qu'ils parlent de lopettes, Tony ? C'est gênant, tout de même.
- Pas de "lopettes", de lutins...
- D'elfes plutôt, dis-je.
- Ce n'est pas seulement les lutins et les elfes, c'est Tolkien. C'est de la littérature, imbécile."
- C'est beau ! J'aimerais bien en garder une dans un bocal, si ce n'était pas si cruel.
- Alors apprécie-les telles que tu les vois là, déclara-t-il avec emphase, en agitant les tout autour de lui. Vis le moment présent. Ne prends pas de photo, n'essaye pas de saisir cet instant et de le figer pour l'éternité. Goûte à sa juste valeur le spectacle de ces lucioles.