Commentaires de livres faits par CallMeSam
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Commentaires de livres appréciés par CallMeSam
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CAROLE. Oui ?
HENRI. Est-ce que tu pourrais arrêter d’être en joie.
CAROLE. Pardon ?
HENRI. Cesser d’être joyeuse… JO-Y-EU-SE.
CAROLE. Moi ?
HENRI. Oui, ça me gâche tout !
CAROLE. Que je sois contente ?
HENRI. Ce n’est pas que tu sois contente qui me gâche tout, c’est que tu sois contente tout le temps !
CAROLE. Mais Henri…
HENRI. Depuis six heures ce matin tu es contente Carole, tu étais contente que le réveil sonne, tu étais contente de prendre le car, tu étais contente de l’arrêt-pipi sur l’autoroute, ça fait vingt-cinq ans que tu es de bonne humeur Carole, c’est beaucoup !
CAROLE. Henri.
HENRI. Et dans les musées, ça augmente !
CAROLE. Mais, non !
HENRI. Si, l’art te multiplie l’euphorie Carole, même la porcelaine allemande au deuxième étage, ça t’a réjouie. Les assiettes marron avec les têtes de sangliers, les soupières en forme de bottes, et les casques à pointe en salières, tout t’a rendue heureuse, tout !
CAROLE. Tu sais Henri… Que tu oses me dire tout ce que tu ressens, ça me fait un grand plaisir, que tu oses être toi-même ici, devant tous ces inconnus et devant de très grands artistes, je trouve même ça formidable.
HENRI. Je n’en peux plus.
Il sort. Elle le suit aussitôt.
CAROLE. Henri, tu vas aux toilettes ? Tu verras comme elles sont jolies les toilettes dans ce musée. Henri ! Henri !
Elle sort.
HERVÉ. Moi, tu vois, je te dis très simplement et très tranquillement, j’ai peur.
THÉRÈSE. Peur ?
HERVÉ. Oui peur. Peur pour la culture, pour l’art, pour la communication entre les hommes, peur pour la planète, peur pour nos enfants et surtout j’ai peur pour nous Thérèse.
THÉRÈSE. C’est juste une exposition Hervé.
HERVÉ. Qu’est-ce que tu veux que je te dise, c’est peut-être juste une exposition mais le résultat c’est que tu es bouleversée par trois cent cinquante photos de bites.
THÉRÈSE. Hervé…
HERVÉ. Si, trois cent cinquante, côte à côte, ce n’est pas moi qui les ai comptées, elles étaient numérotées. Alors moi aussi, figure-toi, je suis totalement bouleversé de te voir bouleversée par trois cent cinquante photos de bites.
THÉRÈSE. Hervé…
HERVÉ. Non, non je sais ce que tu vas me dire Thérèse, si je suis moi-même très ému par ta propre émotion c’est qu’en réalité ce sont à travers toi les trois cent cinquante photos de bites qui m’atteignent et donc que l’exposition est forte.
THÉRÈSE. Hervé, le travail de Gianni Perdelli est…
HERVÉ. Attends, attends Thérèse, tu es mon épouse, tu es la mère de Lili, de Kevin et de Maxime, alors si tu permets…
THÉRÈSE. Et de Lucien.
HERVÉ. Et de Lucien.
THÉRÈSE. J’aimerais que tu ne l’oublies pas comme d’habitude Lucien.
HERVÉ. Non mais Lucien il n’est pas de moi, alors si tu veux bien on ne va pas commencer à parler des autres avec qui tu as eu… Non Thérèse, non, pas après cette exposition.
THÉRÈSE. Bon ça suffit !
Elle se dirige vers la sortie.
HERVÉ. Où tu vas ? Tu vas acheter le catalogue ? Thérèse tu vas acheter le catalogue ou tu ne vas pas acheter le catalogue ?
Hervé la suit.
—Alors vis. »