L'adieu au Connemara
Auteur
- Hervé Jaouen (Écrivain)
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extrait
[La marquise anglaise, propriétaire irlandaise : ]
- Nous [les américains et les anglais] nous sommes combattus loyalement mais nous voilà alliés à présent. N'oubliez pas que vous étiez à l'origine des sujets britanniques.
- Très vite gagnés par un prurit d'indépendance, dit William. [Irlandais, feignant d'être un journaliste américain]
- C'est un mystère qui me dépasse, que cet empressement des peuples à vouloir voler de leurs propres ailes. De la part des Irlandais, c'est encore plus incompréhensible.
- N'est-ce pas un désir bien naturel de la part d'un peuple colonisé ? fit semblant de s'interroger Joséphine avec une naïveté bien dissimulée. [Irlandaise, déguisé en américaine]
- Colonisés et colonisateurs sont des mots que le marquis et moi-même récusons.
- Et par lesquels les remplacez-vous ? demanda William ? Civilisateurs et civilisés ?
- Parfaitement monsieur ! Nous avons apporté la civilisation à ces gens-là et voyez ce qu'ils en font ! Une mauvaise récolte de pommes de terre et les voilà incapables de se subvenir à eux-mêmes.
- Ces asperges étaient délicieuses, dit William.
[...]
- Vous ne voudriez-pas que nous les nourrissions d'asperges ?
[...]
- Vous voulez me pousser à bout, n'est-ce pas ? Eh bien, je vais vous dire ce que vous aurait dit le marquis, s'il avait été parmi nous. Jamais nous ne céderons un pouce de terrain en Irlande. Jamais nous ne partirons. Et savez-vous pourquoi ? Par humanisme, jeune homme. Pour la simple raison que, si nous partons, ces gens-là retourneront à l'état sauvage. L'Irlande redeviendra la jungle qu'elle était avant que nous la défrichions. Les Irlandais redeviendront des bêtes qui partageront leur lit avec les porcs. Voilà pourquoi nous sommes obligés de rester, monsieur. Parce que nous avons une mission humanitaire à remplir en Irlande.
- On parle d'un million de morts de faim, madame.
- S'ils meurent de faim, c'est parce qu'ils refusent la soupe qu'on leur donne. Quand ils ne mordent pas la main qui les nourrit ! Patience, bientôt ils se dévoreront entre eux.
- M'autorisez-vous à écrire tout cela en vous citant ?
- Voulez-vous insinuer que je devrais en avoir honte ? Pas du tout. Comment pourrait-on avoir honte de dire la vérité ?
- J'ai vu des enfants dévorés par des chiens, madame.
- Il suffit ! Brisons-là monsieur, quittons ce terrain et parlons d'autre chose.
p141-144 - Editions Pocket 2005.
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La grande famine en Irlande et l'immigration massive vers le Canada. Terribles.
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Un livre remarquable, écrit à la façon d'un témoignage pseudo journalistique, qui ne nous épargne aucune horreur et démontre à quel point cette famine n'était pas une fatalité et aurait pu être en partie atténuée. On assiste aux exactions de la soldatesque anglaise et aux discours colonisateurs de la gentry.
On prend la mesure de l'ignominie anglaise qui considérait les irlandais comme des sous-hommes.
Curieusement ce livre engagé a été écrit par un français et non un irlandais.
Le roman est écrit sur le mode d'un journal de voyage à la première personne et les passages racontant l'odyssée des héros entrelacent ce récit et rendent l'insoutenable un peu plus soutenable, avec parfois un peu de tendresse et d'humour (noir). La première rencontre entre les héros est dramatique, incongrue et symbolique.
Spoiler(cliquez pour révéler) Je peine à terminer ma lecture.
En effet, il m'est toujours très difficile de voir les héros mourir, quelle que soit l'hécatombe autour d'eux, et même si c'est la fin la plus probable qui puisse advenir. Cela m'a beaucoup attristée. D'autant plus que le héros masculin est charismatique, volontariste, rebelle, flamboyant et trop attachant. William meurt aux 2/3 du roman et Joséphine tombe dans la folie pendant la dernière partie puis se suicide !
Après avoir lu tant d'abjections, il me fallait un roman qui "finisse bien", ce qui aurait compensé la sécheresse du propos. Bien sûr, j'ai conscience que cette fin est volontaire de la part de l'auteur. L'empathie vis-à-vis d'une cause est d'autant plus grande qu'un lien affectif existe. Dès lors que des personnages nous accompagnent, on ne peut pas lire un roman à la façon détachée dont on pourrait lire un livre d'histoire. Même si un million de morts, ce n'est pas rien.
Note : la couverture des éditions Pocket, bien qu'agréable, est un absolu contre-sens. Attention à ne pas vous y fier. Il est vrai qu'une telle famine n'est pas très alléchante, on comprend un peu les éditeurs.
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Un bon roman, bien écrit, sur un sujet bien souvent méconnu qui est probablement une des plus grandes tragédie du XIXe siècle.
Pour ceux qui ont visité ce magnifique bout d'Irlande, ils retrouveront avec plaisir et une pointe de nostalgie, les paysages sauvages et grandioses du Connaught.
Un très léger regret cependant sur la fin de l'ouvrage, un peu rapide à mon goût.
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Un film poignant sur un sujet douloureux: la famine en Irlande et l'exil vers les USA... Un très beau livre qui tient en haleine et qui bouleverse...
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Date de sortie
L'adieu au Connemara
- France : 2004-12-01 - Poche (Français)
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Résumé
Résumé :
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1846-1847, la Grande Famine frappe l'Irlande. Le pays, aux mains des Anglais, est réduit à la misère et pleure plus d'un million de victimes. Josephine Maloney, dix-huit ans, est l'unique survivante d'une famille de métayers du comté de Mayo. A l'hospice de Ballinrobe, la jeune fille rencontre William Benson, héritier d'une lignée de landlords. Révolté par le sort des Irlandais, il veut en témoigner et faire le récit de son voyage vers l'Amérique avec les émigrants. Benson propose à Josephine de l'accompagner. Elle a tout perdu. Pourquoi ne pas tenter l'aventure ? Portés par un profond attachement mutuel, William et Josephine vont traverser les pires épreuves. Rien ne leur sera épargné. Parviendront-ils sains et saufs sur les rives du Saint-Laurent, atteindront-ils ce Canada tant espéré, dernier refuge et ultime espoir pour les âmes malmenées ? On gardera longtemps en mémoire les pages bouleversantes de ce roman au coeur d'une Irlande blessée mais fière. Les personnages forts, l'humanisme, le talent d'Hervé Jaouen et son amour des Irlandais font de L'Adieu au Connemara un voyage inoubliable.
Biographie:
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Né à Quimper, Hervé Jaouen est l'auteur d'une oeuvre riche d'une trentaine de titres (polars, romans, notes de voyage, livres pour la jeunesse). Il a notamment reçu le Grand Prix Bretagne 2001 pour Que ma terre demeure (Presses de la Cité). La Bretagne et l'Irlande sont ses principales sources d'inspiration.
Sur le site de l'auteur, on peut lire d'une façon assez exhaustive les critiques de presse :
http://www.hervejaouen.fr/
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