Le 14e soupirail, Épisode 2: Les Défangeurs

Un peu en avance, Chambord Cowardier se dirige vers le surprenant édifice du Michigan Union. En pensée, il qualifie de romantique médiéval l’imposante bâtisse trapue en brique recouverte de lierre et de neige. S’avançant dans l’allée de la tour centrale, il ressent émotion et timidité face à la porte d’apparence sévère.

Le large couloir d’entrée principale avec ses plafonds voûtés et ses boiseries précieuses semble austère et destiné à un public élitiste. Pourtant une affiche affirme que le Michigan Union est ouvert à toute l’humanité. Chambord Cowardier ne sait plus comment être, entre crainte et enthousiasme. Son regard se porte sur le logo de l’Université du Michigan où il est écrit « Arts, Sciences, Vérités », ce qui lui convient. Des groupes d’étudiants joyeux se succèdent alors qu’un jeune homme vient de mettre en marche une énorme lustreuse. Il fait briller le sol souillé par le passage des chaussures d’hiver maculées de boue et de neige fondue.

– Hi ! s’exclame la voix joviale d’Hanabi, extrayant Chambord Cowardier des soubresauts émotionnels provoqués par l’architecture Arts & Crafts.

– Hello !

Elle l’entraîne par le bras et tous deux s’installent le temps de boire un café agrémenté d’une douceur au chocolat.

Puis ils quittent la chaleur des salons.

– Es-tu en voiture ? demande Hanabi.

– Ma Cadillac est juste à côté.

– Impeccable. L’EECS est à trois miles d’ici.

– EECS ?

– Electrical Engineering and Computer Science. Je vais te guider.

Après avoir garé l’auto, ils pénètrent dans un haut lieu de l’ingénierie. Chambord Cowardier en est tout chamboulé.

– Viens ! Ne sois pas intimidé. D’ailleurs où on va, il n’y a que des terminaux d’ordinateur. Ne t’attends pas à découvrir le laboratoire du professeur Tournesol. J’ai prévenu mes collègues de l’objet de ta visite.