Le Cas Jekyll
Auteur
- Christine Montalbetti (Écrivain)
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Classement en biblio
extrait
JEKYLL – Écoute-moi bien, Utterson. Je sollicite ton attention comme une faveur. Il faut bien, dans cette histoire, que je m’adresse à quelqu’un. Ces aventures, jusque-là, je les ai vécues seul, ou, comme tu verras, en étrange compagnie. Ce sont des aventures propres à éveiller la terreur, et je ne dis pas (mon brave ami) que, les apprenant, tu ne seras pas traversé par un froid immense, ou l’objet d’une brusque suée. Toi qui as pris l’habitude, depuis ton fauteuil vert, de ne lire que des récits édifiants, les pieds gentiment posés sur ta chaufferette, tu auras certainement, en découvrant celui-ci, quelques soubresauts, et ta peau blanche se hérissera, je pense, comme au spectacle d’une chose affreuse et inattendue. Mais réfléchis : n’y a-t-il pas un état pire que la découverte d’une réalité horrible ? Le secret, sur quoi l’on bute, sur quoi l’on glisse, cette chose visqueuse qu’est le secret, cette pieuvre que l’on devine, qui agite en soi sa silhouette apte à toutes les métamorphoses, n’est-il pas d’un encombrement plus grand encore ?
C’est pourquoi j’ai décidé que du mystère de ma vie tu connaîtrais la solution épouvantable.
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Résumé
Au moment même où l'on croit que c'est Jekyll qui parle, c'est peut-être déjà Hyde qu'on entend. C'est cela que raconte ce monologue, comment la voix de Hyde joue des coudes pour se glisser dans celle de Jekyll et pour prendre progressivement toute la place. Comment elle est dans une sorte de sabotage lyrique de la parole de Jekyll. Comment elle la submerge, la rend instable. Derrière Jekyll, il y a toujours Hyde. Et derrière Utterson, l'ami auquel on s'adresse, il y a nous. La partie se joue donc à plusieurs. On a (peut-être) un seul bonhomme sur scène, mais on est beaucoup, beaucoup plus nombreux.
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