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Mais un petit cheval, ce fut là ce que l’on pensa immédiatement à la nouvelle redoute, un petit cheval s’était échappé et, courant en avant, avait trahi la présence de l’ennemi. Probablement, ils ne s’en étaient pas aperçus, l’animal avait du s’enfuir du campement pendant la nuit.
Afficher en entierIl n’y avait personne pour lui dire : « prenez garde, Giovanni Drogo ! Illusion tenace, la vie lui semblait inépuisable, bien que sa jeunesse eut déjà commencé de se faner. Mais Drogo ignorait ce qu’était le temps.
Afficher en entierDrogo resta seul et se sentit pratiquement heureux. Il goûtait avec orgueil la décision qu’il avait prise de rester, l’amère satisfaction de renoncer à de petites joies sures pour un grand bien à longue et incertaine échéance (et peut-être y avait-il en dessous l’idée consolante qu’il aurait toujours le temps de partir).
Afficher en entierToutes ces choses étaient désormais devenues siennes et les quitter lui eut fait de la peine. Drogo, pourtant, ne savait pas cela, il ne soupçonnait pas l’effort que lui eut coûté son départ, ni que la vie du fort engloutissait les jours l’un après l’autre, des jours tous pareils, avec une vitesse vertigineuse. Hier et avant-hier étaient semblables, il n’était plus capable de les distinguer l’un de l’autre ; un événement vieux de trois jours ou de vingt jours finissait par lui sembler lointain. Ainsi se déroulait à son insu la fuite du temps.
Afficher en entierJe me porte bien et je veux rester
Rester ici, au fort ? Vous ne voulez plus partir ? Que vous-est-il arrivé ?
Je ne sais pas, dit Giovanni. Mais je ne peux pas partir. Docteur, jetez ce papier.
Afficher en entierIl me semble que c’était hier que je suis arrivé au fort, disait Drogo. Et il en était vraiment ainsi. Cela semblait hier, et pourtant le temps avait tout de même passé, à son rythme immuable, identique pour tous les hommes, ni plus lent pour ceux qui sont heureux, ni plus rapide pour les malchanceux.
Afficher en entierFaites attention pendant qu’il est encore temps…
Faire attention à quoi ?
A vous en aller dès que vous le pourrez, attention de ne pas attraper leur folie.
Je ne suis ici que pour quatre mois, dit Drogo, je n’ai pas la moindre intention de rester.
Afficher en entierOh, il est trop tard pour revenir sur ses pas, derrière lui le grondement de la multitude qui le suit, poussée par la même illusion, mais encore invisible sur la route blanche et déserte.
Afficher en entierA un certain moment, un lourd portail se ferme derrière nous, il se ferme et est verrouillé avec la rapidité de l’éclair, et l’on n’a pas le temps de revenir en arrière.
Afficher en entierJusqu’alors, il avait avancé avec l’insouciance de la première jeunesse, sur une route qui, quand on est enfant, semble infinie, ou les années s’écoulent lentes et légères, si bien que nul ne s’aperçoit de leur fuite. On chemine placidement, regardant avec curiosité autour de soi, il n’y a vraiment pas besoin de se hâter, derrière vous personne ne vous presse, et personne ne vous attend, vos camarades aussi avancent sans soucis, s’arrêtant souvent pour jouer. Du seuil de leurs maisons, les grandes personnes vous font des signes amicaux et vous montrent l’horizon avec des sourires complices.
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