Extraits

- Mais pourquoi un prince comme vous souhaiterait apprendre un tour de filou pareil?

- Qui ne voudrait pas contrôler le destin? rétorqua Cardan en faisant de nouveau tourner sa pièce.

Le Cafard rabattit sa main sur la table, interrompant son geste.

- N'oubliez pas: la seule chose que vous pouvez contrôler, c'est vous-même.

Même un cœur de pierre peut se briser.

-Il y a tout de même une chose qui m'a plu en jouant les héros. Une seule. C'est que je n'ai pas eu à me ronger les sangs pour toi.

P.186

Ce ne fut que plus tard qu'il fut troublé en songeant à la marque de sa botte dans le sol ; comme si cette fille était le seul élément réel sur une terre de fantômes.

Et si, tandis, qu'il nageait dans les ténèbres glacées, ses pensées se tournaient vers l'arrondi d'une oreille, le poids d'un pas, un coup paré avant d'atteindre sa cible, peu importait. Cela ne voulait rien dire, et il aurait mieux fait de l'oublier.

- Tu n'as pas entendu l'histoire que je lui ai racontée. Dommage. Ça parlait d'un beau garçon au coeur de pierre, naturellement doué pour l'infamie. Tout ce que tu aimes.

Elle rit.

Les méchants étaient les plus beaux. Ils pouvaient se montrer cruels et égoïstes, se pomponner devant un miroir, empoisonner des pommes et piéger les jeunes filles dans des montagnes de verre. Ils donnaient libre court à leurs plus bas instincts, se vengeaient à la moindre protestation et s'emparaient de tout, y compris de ce dont ils ne voulaient pas. Evidemment, ils finissaient dans des barriques hérissées de clous ou chaussés de souliers de danse en fer chauffés à blanc. Non seulement ils mourraient, mais ils mouraient dans les hurlements et la disgrâce. Toutefois, avant de connaitre ce funeste destin, ils étaient les plus beaux de tout le royaume.

Lorsqu'elle marchait, elle laissait des empreintes de pas sur l'humus. En effet, elle ne savait pas se déplacer furtivement sans déranger les feuilles et les branches. Il se félicitait de voir à quel point elle était mauvaise, même pour quelque chose d'aussi facile. Ce ne fut que plus tard qu'il fut troublé en songeant à la marque de sa botte dans le sol : comme si cette fille était le seul élément réel sur une terre de fantômes.

Lorsqu'il ôta sa chemise et s'agenouilla, lorsqu'il sera les poings et se retint de crier quand la lanière s'abattit sur lui, une haine brûlante l'envahit (...). Une haine si intense, si aveuglante que ce fut la première chose qui le réchauffa véritablement. Une haine si confortable qu'il accepta volontiers de se laisser consumer par elle.

- Qui ne voudrait pas contrôler le destin ? rétorqua Cardan en faisant de nouveau tourner sa pièce.

Le Cafard rabattit sa main sur la table, interrompant son geste.

- N'oubliez pas : la seule chose que vous pouvez contrôler, c'est vous-même.