Vous utilisez un bloqueur de publicité

Cher Lecteur,

Nous avons détecté que vous utilisez un bloqueur de publicités (AdBlock) pendant votre navigation sur notre site. Bien que nous comprenions les raisons qui peuvent vous pousser à utiliser ces outils, nous tenons à préciser que notre plateforme se finance principalement grâce à des publicités.

Ces publicités, soigneusement sélectionnées, sont principalement axées sur la littérature et l'art. Elles ne sont pas intrusives et peuvent même vous offrir des opportunités intéressantes dans ces domaines. En bloquant ces publicités, vous limitez nos ressources et risquez de manquer des offres pertinentes.

Afin de pouvoir continuer à naviguer et profiter de nos contenus, nous vous demandons de bien vouloir désactiver votre bloqueur de publicités pour notre site. Cela nous permettra de continuer à vous fournir un contenu de qualité et vous de rester connecté aux dernières nouvelles et tendances de la littérature et de l'art.

Pour continuer à accéder à notre contenu, veuillez désactiver votre bloqueur de publicités et cliquer sur le bouton ci-dessous pour recharger la page.

Recharger la page

Nous vous remercions pour votre compréhension et votre soutien.

Cordialement,

L'équipe BookNode

P.S : Si vous souhaitez profiter d'une navigation sans publicité, nous vous proposons notre option Premium. Avec cette offre, vous pourrez parcourir notre contenu de manière illimitée, sans aucune publicité. Pour découvrir plus sur notre offre Premium et prendre un abonnement, cliquez ici.

Livres
718 072
Membres
1 029 260

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode

Le pouvoir est dans la rue, Crises politiques et manifestations en France



Résumé

Les manifestations de rue occupent aujourd'hui le devant de la scène politique et les écrans de télévision. Elles ont leurs parcours obligés et leurs usages propres, mais cette domestication demeure fragile : tout débordement semble gros d'émeutes ou de révoltes susceptibles de bouleverser l'ordre établi. Les liens étroits qui unissaient, au siècle dernier, les manifestations aux fièvres révolutionnaires ont, à cet égard, modelé la mémoire collective. Voilà longtemps, cependant, que manifestation ne rime plus avec sédition. Danielle Tartakowsky montre en effet que, depuis les débuts de la Troisième République, les différents gouvernements se sont davantage appuyés sur la rue qu'ils n'ont été mis en cause par elle. Seules deux vagues de contestations, celles de février 1934 et celles de mai-juin 1968, ont contribué, en définitive, à déstabiliser le régime. Encore ces deux crises ont-elles permis de confronter ou de renouveler les institutions républicaines. Malgré son cortège d'incidents et de désordres, la «manif» ne serait-elle ainsi qu'une expression du consensus démocratique, presque un signe de bonne santé ?

Afficher en entier

Classement en biblio - 1 lecteurs

extrait

Selon une enquête BVA menée à Grenoble en octobre 1996 pour le forum « RéGénération », les jeunes nés entre 1960 et 1975 se reconnaissent mal dans les modes traditionnels de représentation et d’action de la vie démocratique. Sous le titre « La génération manif », Le Monde en commente les résultats en ces termes : « Contrairement à ses devancières, la génération de la guerre d’Algérie au seuil des années 60, la génération de 68 à la charnière des années 70, la génération Mitterrand au tournant des années 80, [la nouvelle génération] ne se reconnaît dans aucun événement fondateur [...]. [Elle] n’a pas davantage d’étendard à quoi se raccrocher [...]. Le seul point de rencontre est constitué par les manifestations de jeunes et d’étudiants qui ont secoué à intervalles réguliers la société française depuis une dizaine d’années. Quarante-trois pour cent des 20 à 35 ans ont participé à une “manif ” et jusqu’à 52 % des plus jeunes. Du mouvement contre le projet de loi Devaquet en 1986 aux manifestations pour réclamer des moyens supplémentaires pour les universités de l’automne 1995, en passant par la fronde lycéenne de l’automne 90 et le mouvement contre les contrats d’insertion professionnelle (CIP) de l’hiver 94, les jeunes se sont ainsi donné des rendez-vous sporadiques, imprévisibles et fugitifs, plus éruptifs que constructifs. Comme autant de brèves révoltes défensives, plus soucieuses de préserver de fragiles statu quo que d’inventer d’incertains lendemains qui chanteraient. » Sans que cette forme de socialisation politique la mieux partagée par une génération implique un quelconque engagement durable dans la vie politique au sens institutionnel ou partisan.

Depuis les années 1980, les manifestations de rue occupent périodiquement, il est vrai, le devant de la scène politique, et par là même, assez souvent, le plein écran. Elles s’affirment parfois comme des acteurs politiques à part entière dans des émissions satiriques telles que « Le Bébête Show » ou « Les Guignols de l’info », pourtant conçues pour traiter d’individus-sujets, non de mouvements de masse. Certaines ont besoin d’inventivité pour s’imposer mais d’autres font événement par leur force, leur importance, leur caractère inhabituel ou leur centralité. Cela vaut en France, avec, si l’on se borne à la veille du XXIe siècle, les mouvements de l’automne 1995, les manifestations contre la loi Debré ou celles des internes des hôpitaux. Plus encore, en de nombreux pays engagés dans une phase de transition politique ou soumis à une exigence de démocratisation : en Chine, place Tian’anmen, en 1989, en Corée du Sud lors des grèves de 1995, à Belgrade puis en Bulgarie durant l’hiver 1996. Ou, sur un tout autre mode et à d’autres fins, en Belgique avec la « marche blanche », cette même année. L’internationalisation de l’assise (marche européenne pour l’emploi), des codes (statue de la Liberté place Tian’anmen) ou de la visibilité (les manifestants de Belgrade disposaient d’un site Internet) a reculé les frontières de l’opinion publique concernée et a décuplé ainsi la puissance de certains mouvements. Le droit de manifester s’est imposé sur la scène internationale comme la pierre de touche de la démocratie préservée lors de la rétrocession de Hongkong à la Chine, au même titre que le suffrage universel en d’autres circonstances. Cette pratique qui fait irruption sur la scène politique d’États en crise ou en redéfinition constitue, en France, une incontournable donnée de l’histoire politique et sociale du siècle écoulé.

C’est assurément avec la Révolution, soit il y a plus de deux siècles, que la rue s’est affirmée comme acteur majeur de la vie politique, susceptible de faire et de défaire les régimes dans les décennies ultérieures : en 1830, en 1848 et, sur un autre mode, en 1871 – au prix cette fois d’un échec qui n’a pas été sans conséquences sur la République renaissante. La « seconde naissance du suffrage universel », restauré en ses pleins droits en 1875, introduit cependant un point de non-retour dans l’histoire des rapports qui s’étaient ainsi noués entre le pouvoir et la rue. Elle entache l’action de celle-ci d’une illégitimité fondamentale et signifie le terme des révolutions ayant rythmé le début du siècle. Pour des raisons sur lesquelles cet ouvrage se propose de revenir, la rue ne joue désormais plus aucun rôle dans l’émergence ou la disparition des régimes qui se succèdent. Elle n’en demeure pas moins susceptible de peser de manière décisive sur certaines crises politiques ou d’en précipiter d’autres. En 1968 en dernier lieu. Elle conserve donc une fonction politique qui, pour occasionnelle qu’elle soit, n’en reste pas moins puissante. C’est de cette fonction politique conservée, de ce qu’elle révèle de l’essence nouvelle des mouvements de la rue devenus « manifestations » dont il sera ici question.

Afficher en entier

Ajoutez votre commentaire

Ajoutez votre commentaire

Commentaires récents


Activité récente

Editeurs

Les chiffres

lecteurs 1
Commentaires 0
extraits 1
Evaluations 0
Note globale 0 / 10

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode