Extraits

If bad luck knows who you are, become someone else.

So all the stars can fall on our heads one final time.

Le garçon qui possède toutes les clés dans un monde constitué de serrures.

Je ressens la souffrance du monde entier dans cette sculpture. Parce que nous sommes tous cassés de l'intérieur. N'est-ce pas la vérité? Je le suis, moi. Le reste du monde aussi. Nous avons beau faire de notre mieux, voilà ce qui nous arrive, inlassablement.

Il [Noah] prend mes deux mains dans l'une des siennes. On se regarde droit dans les yeux, lui et moi, le monde commence à se dissoudre, le temps aussi, les années s'enroulent sur elles-mêmes comme des tapis jusqu'à ce que tout ce qui nous est arrivé se défasse et s'annule. L'espace d'un instant, on se retrouve exactement comme avant, lorsqu'on ne faisait presque plus qu'un à nous deux.

"Wow, murmure-t-il. Je me sens shooté à la Jude. "

C'est à ce moment que Brian Connelly franchit la porte.

" J'ai frappé ", déclare-t-il un peu nerveux. Il est plus âgé, plus grand, tête nue et il s'est coupé les cheveux - adieu, feu de joie blond.

Je bondis de ma chaise involontairement, puis me rassois, puis bondis de nouveau, parce que c'est ce que font les gens normaux quand quelqu'un entre dans une pièce, n'est-ce pas ? Jude m'assène un coup de pied sous la table, m'adresse un regard signifiant clairement : " Arrête de te comporter comme un débile ", puis tente de sourire à Brian, mais elle a la bouche tellement pleine que le résultat ressemble plus à la grimace étrange d'un tamia défiguré. Quant à moi, je ne dis rien, trop occupé à bondir sur ma chaise.

<< On dirait ce garçon, tu sais, là...M&M's...

-Eminem? dis-je en souriant.>>

Je ferme les yeux, incapable de contenir l’émotion qui me submerge. Quand je les rouvre, une seconde plus tard, c’est comme s’il était suspendu à un crochet, avec moi dans le rôle du crochet. Je suis son regard, en direction de mon ventre nu – mon sweat-shirt s’est relevé –, puis un peu plus bas, où rien de ce que je ressens n’est laissé à l’imagination. J’ai l’impression qu’il vient de me taser ou de m’envoyer une fléchette empoisonnée, parce que je ne peux plus bouger.

Il ne parle pas, il psalmodie, ses mots s'envolent comme une nuée d'oiseaux. Pourquoi les Anglais ont-ils toujours l'air plus intelligents que nous, les Américains, dès qu'ils ouvrent la bouche ? Comme s'ils méritaient le prix Nobel rien qu'en disant bonjour ?

"Je me sens traversé par un second cyclone, bien plus intense que celui de tout à l'heure. Je suis sûr d'avoir été piraté et de ne plus avoir le contrôle de mon propre cerveau."