Extraits

- Veux-tu être mon chevalier ?

— L’avenir lointain est une vague en perpétuel mouvement, rien n’y est jamais certain. L’histoire change à chaque respiration. Toutes les décisions que nous prenons l’envoient dans une nouvelle direction…

— C’est toute une histoire. L’histoire d’un saxophoniste talentueux qui se rendit un soir aux fêtes de mardi gras, et qui plut à une reine fée. La reine lui demanda de venir avec elle, parce qu’il était beau, jeune, charmant, et que sa musique enflammait les âmes. Mais le musicien refusa, car il avait déjà une femme, et son amour pour elle passait toute la beauté de la reine fée. Furieuse d’être éconduite, celle-ci le prit de force et l’emmena au pays de Nulle Part, le contraignant à la distraire. Mais en dépit des merveilles de la Faerie, et malgré les efforts de la reine, il ne put jamais oublier sa femme du monde mortel. Même après avoir perdu jusqu’au souvenir de son propre nom.

A l’expression de mon prince, à l’ombre qui passa dans ses yeux tandis qu’il me parlait, je compris qu’il n’avait pas simplement entendu conter cette histoire. Il l’avait vue se dérouler sous ses yeux. Oui, s’il savait où trouver un

Emblème, c’était parce qu’il se rappelait le joueur de saxophone

à la cour de la reine. Un autre mortel victime de la cruauté des fées.

— Le temps passa, poursuivit Ash, et la reine finit par relâcher le musicien, parce que cela l’amusait. Et quand le jeune homme, la tête remplie de souvenirs à la fois réels et imaginaires, revint vers sa femme bien-aimée, il la trouva

âgée de soixante ans, alors que lui-même n’avait pas vieilli d’un jour depuis son enlèvement du monde mortel. Elle portait toujours la bague qu’il lui avait offerte, et n’avait jamais repris de mari ou d’amant, persuadée qu’il finirait par revenir.

Ash s’arrêta, et j’essuyai une larme. Les deux squelettes allongés sur la table ne me paraissaient plus aussi sinistres, maintenant. Au moins pouvais-je poser mon regard sur eux sans que mon estomac se soulève.

— Que s’est-il passé après ?

J’espérais une fin heureuse. Ou, du moins, une fin qui ne soit pas totalement horrible. J’aurais pourtant dû me douter qu’il n’en serait rien.

— Quelques jours plus tard, poursuivit Ash, les voisins découvrirent un jeune homme et une vieille femme allongés dans leur lit, leurs doigts entremêlés et le visage tourné l’un vers l’autre. Le sang de leurs poignets avait déjà séché sur les draps.

— C’est toute une histoire. L’histoire d’un saxophoniste talentueux qui se rendit un soir aux fêtes de mardi gras, et qui plut à une reine fée. La reine lui demanda de venir avec elle, parce qu’il était beau, jeune, charmant, et que sa musique enflammait les âmes. Mais le musicien refusa, car il avait déjà une femme, et son amour pour elle passait toute la beauté de la reine fée. Furieuse d’être éconduite, celle-ci le prit de force et l’emmena au pays de Nulle Part, le contraignant à la distraire. Mais en dépit des merveilles de la Faerie, et malgré les efforts de la reine, il ne put jamais oublier sa femme du monde mortel. Même après avoir perdu jusqu’au souvenir de son propre nom.

A l’expression de mon prince, à l’ombre qui passa dans ses yeux tandis qu’il me parlait, je compris qu’il n’avait pas simplement entendu conter cette histoire. Il l’avait vue se dérouler sous ses yeux. Oui, s’il savait où trouver un

Emblème, c’était parce qu’il se rappelait le joueur de saxophone

à la cour de la reine. Un autre mortel victime de la cruauté des fées.

— Le temps passa, poursuivit Ash, et la reine finit par relâcher le musicien, parce que cela l’amusait. Et quand le jeune homme, la tête remplie de souvenirs à la fois réels et imaginaires, revint vers sa femme bien-aimée, il la trouva

âgée de soixante ans, alors que lui-même n’avait pas vieilli d’un jour depuis son enlèvement du monde mortel. Elle portait toujours la bague qu’il lui avait offerte, et n’avait jamais repris de mari ou d’amant, persuadée qu’il finirait par revenir.

Ash s’arrêta, et j’essuyai une larme. Les deux squelettes allongés sur la table ne me paraissaient plus aussi sinistres, maintenant. Au moins pouvais-je poser mon regard sur eux sans que mon estomac se soulève.

— Que s’est-il passé après ?

J’espérais une fin heureuse. Ou, du moins, une fin qui ne soit pas totalement horrible. J’aurais pourtant dû me douter qu’il n’en serait rien.

— Quelques jours plus tard, poursuivit Ash, les voisins découvrirent un jeune homme et une vieille femme allongés dans leur lit, leurs doigts entremêlés et le visage tourné l’un vers l’autre. Le sang de leurs poignets avait déjà séché sur les draps.

« - Nous pouvons mourir demain, Ash. Je veux être avec toi ce soir. Je ne veux pas avoir de regrets, le moment venu. Alors oui, je suis sûre. Je t'aime.

Il se pencha doucement vers moi et ma voix se perdit sous le baiser qu'il me donna. Dans la quiétude précédant l'aurore, à l'aube d'une guerre qui pouvait nous séparer à tout jamais, nos auras dansèrent alors dans le noir, s'enroulant l'une après l'autre. s'entremêlant, jusqu'à fusionner pour ne plus en former qu'une seule et unique.»

P.387

« - Mon nom est Ashallyn'darkmyr Tallyn, troisième fils de la cour Unseelie.

Sa voix était basse mais assurée, et j'eus le souffle coupé en l'entendant prononcer son nom complet. Son véritable nom.

- Qu'on se le dise : à partir de ce jour, je fais le serment de protéger Meghan Chase, fille du roi de l'Été, par mon épée, mon honneur et ma vie. Ses désirs sont les miens. Ses souhaits sont les miens. Quand bien même le monde entier serait contre elle, ma lame sera à son service. Dût-elle échouer à la protéger, qu'il en soit alors fini avec ma propre existence. Je le jure, sur mon honneur, mon véritable nom, et ma vie. À partir de ce jour…

Sa voix se fit encore plus basse, mais je l'entendis comme s'il m'avait chuchoté au creux de l'oreille.

- … je suis à toi. »

P.164

Il ferma les yeux, et une larme glissa le long de sa joue.Je savais pertinemment que je lui demandai l'impossible et,j'étais mortifiée par sa souffrance.Mais ce faisant, je m'assurai au moins de faire les choses de jusqu'au bout .Comme je le lui avais promis.

-Ne l'écoutez pas, prince.

Puck parraissait maintenant hystérique. Il prit Ash par une épaule.

-Elle délire.Emmenons-la chez un guérisseur, bon Dieu de bon Dieu ! Ne me dites pas que vous allez écouter ses élucubrations ?

Un soir où je m’ennuyais, je découvris dans un placard un sac de jeux de plateau poussiéreux, et j’entrepris d’apprendre à Ash à jouer au Scrabble, aux dames et au yahtzee. Etonnamment, il apprécia beaucoup ces jeux « humains », et ce fut bientôt lui qui me harcela pour y jouer plus souvent. Cette activité occupa alors nos longues soirées, et me permit de penser moins. Malheureusement pour moi, une fois qu’il maîtrisa bien les règles, Ash devint pratiquement imbattable aux jeux de stratégie ; en outre, sa longue existence lui donnait l’avantage de connaître de nombreux mots rares et compliqués, qu’il ressortait habilement au Scrabble. Nous finissions parfois en nous chamaillant pour savoir si des termes féeriques comme Gwragedd Annwn ou hobyahs étaient autorisés dans le jeu.

nouvel Je glissai du dos du poulain-pelé et trébuchai en touchant le sol, les jambes engourdies d’avoir passé tant de temps à dos de cheval. Ash descendit souplement, murmura quelque chose au poulain-pelé qui s’ébroua, releva la tête et bondit dans le noir. En deux secondes, il avait disparu

nouvel Je suivis des yeux l’allée de gravier, le cœur battant la chamade. Ma maison et ma famille m’attendaient en haut de cette pente : le vieux corps de ferme à la peinture écaillée, les baraques à cochons, le fourgon de Luke et la voiture de maman, dans la cour