Commentaires de livres faits par Marion
Extraits de livres par Marion
Commentaires de livres appréciés par Marion
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Il aurait dû exister une façon d'empêcher ces machines d'entrer chez soi, songea le Dr Superb. Pourtant, il n'en était rien. «Dès que j'aurai terminé le petit déjeuner que je suis en train de manger, répondit-il, je monterai dans ma roue, je me rendrai à San Francisco, je me garerai dans un parking et irai directement à pied à mon cabinet de Post Street où, comme à mon habitude, j'aurai une relation psychothérapique avec mon premier malade du jour. Cela en dépit de la loi, le soi-disant McPhearson Act.» 11 but son café.
Et vous avez le soutien...
L'A.I.P.P. approuve totalement mon action, dit le Dr Superb. En fait, il avait parlé au conseil exécutif de l'Association internationale des psychanalystes praticiens, seulement dix minutes auparavant. Je ne sais pour quelle raison vous avez choisi de m'interviewer, moi. Tous les membres de l'A.I.P.P. se trouveront dans leur bureau ce matin. Et il y avait plus de dix mille membres, éparpillés à travers les U.S.E.A., que ce soit en Amérique du Nord ou en Europe.
La machine-robot eut un ronronnement confidentiel :
A qui attribuez-vous la responsabilité du passage de l'Acte McPhearson, et la facilité avec laquelle der Alte a signé sa mise en application ?
Ainsi m'est parvenue l'histoire de cet esclave vieil homme, de son Maître-béké et du molosse qu'on lança à ses trousses. Une histoire à grands sillons d'histoires variantes, en chants de langue créole, en jeux de langue française et de parlures rêvées. Seules de proliférantes mémoires pourraient en suivre les emmêlements. Ici, soucieux de ma parole, je ne saurais aller qu'en un rythme léger flottant sur leurs musiques...»
Patrick Chamoiseau.
Refusant d’admettre qu’il commençait à se prendre d’affection pour le petit galopin, comme il l’appelait tendrement, il continua officiellement à rechercher ses parents. Mais, dans les faits, il renonça à essayer de localiser sa famille. Georgia, sa femme, observait, incrédule, ce mari dont elle avait cru le cœur définitivement endurci s’humaniser peu à peu, affichant une attitude presque paternelle à l’égard de leur protégé. Et quand le Shérif lui annonça son intention d’inviter le petit à l’accompagner à la chasse, elle sut que George ferait tout ce qui était en son pouvoir, dans les limites de la légalité bien sûr, pour qu’il reste chez eux. Car la chasse, elle était bien placée pour le savoir, était le loisir préféré de George. Un loisir qu’il ne partageait qu’avec ses vrais amis. Il fallait que Petite Plume ait vraiment gagné son cœur pour qu’il lui fasse une telle proposition. « Tu es déjà allé à la chasse à l’ours ? demanda le Shérif, l’air de rien, un soir au dîner.
– Pas cette année », répondit le petit. Le Shérif éclata de rire. Décidément, le gamin ne manquait pas de répartie.
Les yeux du Shérif s’embuèrent en voyant Petite Plume descendre l’escalier avec son arc et ses flèches.
C’était l’hiver et la chasse n’était pas ouverte. Quant aux ours, ils hibernaient. Tout ce que voulait le Shérif, c’était passer un moment seul à seul avec le petit dans l’espoir d’obtenir, peut-être, un début de réponse à toutes les questions qui le taraudaient. Petite Plume savait, bien sûr, qu’ils ne verraient pas d’ours, mais l’idée de faire un tour en forêt avec George lui plaisait.
Le Shérif saisit son fusil — on ne sait jamais ce qui peut arriver au fond des bois —, tendit les sandwiches à Petite Plume et prit place au volant de sa voiture. Il remarqua que le petit avait enfilé son vieux manteau crasseux et ses mocassins de peau.
« Pourquoi n’as-tu pas mis les nouveaux habits que nous t’avons achetés ? — Ils porrrtent l’odeurrr de la ville », répondit Petite Plume.
Pensant que le petit voulait prendre une allure de trappeur et jouer au chasseur, le Shérif sourit. Ils firent le reste du trajet sans parler. Arrivés à l’endroit préféré du Shérif, ils s’arrêtèrent et rangèrent la voiture. Le Shérif s’engagea dans la forêt froide, sombre et profonde. Le garçon le suivit. Au bout d’un moment, le Shérif se rendit compte qu’il n’entendait que ses propres pas. Le petit garçon, qui marchait à côté de lui, avançait d’une démarche de panthère, sans faire le moindre bruit. Soudain, Petite Plume s’arrêta. Le Shérif le vit tendre l’oreille. Pour sa part, il n’entendait strictement rien. Le garçon posa l’index sur sa bouche pour réclamer le silence. De sa main gauche, il fit signe à George de rester où il était. Puis, dressant ses deux index derrière sa tête, il sourit au Shérif et murmura « dîner ». Il plaça une flèche dans son arc et disparut dans les fourrés. Le Shérif ne bougea pas ; il écoutait. Après un bref instant, il entendit un animal bondir, puis retomber lourdement à terre.
Quelques minutes plus tard, il perçut le frottement d’un corps que l’on traîne sur le sol, accompagné de la respiration haletante du garçon. Il se déplaça lentement en direction du bruit. « Seigneur Dieu ! » s’écria-t-il en voyant le petit tirer un chevreuil mort dont la gorge était traversée par une flèche acérée. « Seigneur Dieu », répéta-t-il, ébahi.
« Bon sang de bonsoir, où est-ce que tu appris à faire ça ? » demanda le Shérif quand Petite Plume, le visage rougi par l’effort, déposa la bête morte à ses pieds.
« À l’école », répondit le petit chasseur. Le Shérif se sentit soudain empli d’une admiration sans bornes pour le système éducatif australien.