Extraits

Il est ardu de mettre des mots sur la douleur, et dans la vie il y a toujours de la douleur. Elle est aussi naturelle que la naissance ou la mort. La douleur nous façonne, elle nous éduque et nous mate, elle peut détruire comme elle peut sauver. "

J'avais très envie de l'envoyer bouler, mais, après l'avoir écoutée dérouler son argumentaire, je me suis surprise à accepter de faire connaissance avec le dénommé Ron. Il faut croire que je souffrais plus de la solitude que je ne le croyais.

Ce soir-là, je me suis rendue au confessionnal parce que c'était encore le plus simple pour discuter avec Nigel. Il n'y avait pas la queue.

Il était mon nord, mon sud, mon est, mon ouest,

Ma semaine de travail, mon dimanche de sieste,

Mon midi, mon minuit, ma parole, ma chanson ;

Je croyais que l’amour ne finirait jamais ; j’avais tort.

Funeral Blues, W.H.AUDEN

Nous allions nous occuper l'un de l'autre parce que nous étions amis.

Notre chez nous était devenu un musée et mon présent était désormais le passé.

Les psys spécialisés vous diront que le processus du deuil comprend cinq étapes : le déni, la colère, la négociation, la dépression, et enfin l'acceptation. Moi, je pense qu'il y en a six : le déni, la colère, la négociation, la dépression, la culpabilité et, enfin, l'acceptation.

J'ai déjà dit que le chagrin est égoïste par nature. Aux enterrements, nous pleurons sur nous-mêmes, notre chagrin, notre perte, notre douleur, et cela ne passe pas au bout d'une semaine, d'un mois ni même d'un an. Le problème, c'est qu'après un certain temps, il devient inacceptable de se montrer égoïste, et donc inacceptable de s'abandonner au chagrin.

Je lui ai dit que je n'avais pas le pouvoir de changer quoi que ce soit, et que pour la première fois je comprenais pourquoi et je n'avais envie de rien changer - de toute façon, si j'avais eu le contrôle de la vie et de la mort, j'aurais sûrement tout fait foirer.

Les nuages se soulageaient avec la férocité d'un ivrogne vidant sa vessie après sa quatorzième pinte.