Stork Express, Tome 3 : Au nom de l'avenir

Des yeux méfiants brillèrent d’un éclat doré derrière le tronc noueux d’un vieux chêne. Contrarié par la présence de la femme et de l’enfant qui le poursuivaient avec insistance, l’animal disparut prestement dans une végétation opaque où les lupins sauvages poussaient à profusion et où nul autre que lui n’aurait osé s’aventurer.

— Maggie, reviens ! gémit une voix désespérée.

L’appel tenait plus de la supplication que de l’ordre.

— N’aie pas peur, ma chérie ! Nous voulons seulement t’aider.

Le sourire de la jeune femme s’évanouit brusquement.

— Voilà qui est bien triste ! murmura-t-elle.

L’air offusqué, Royce se mit à arpenter nerveusement le cellier.

— Ceci est... Ceci est absolument inacceptable ! décréta-t-il enfin.

Sarah soupira avec regret.

— Je me doutais bien que vous le prendriez sur ce ton.

— Comment cela a-t-il bien pu se produire ? s’indigna-t-il encore. Dans ma propre maison ?

— Eh bien, c’est assez simple, en réalité. Maggie est une demoiselle, voyez-vous. Il y a de cela quelques semaines, elle a rencontré un ami absolument délicieux. Et, malgré mes sages recommandations, elle a décidé de faire avec lui ce que font les animaux depuis tant de générations...

— Vraiment très amusant ! coupa sèchement le maître des lieux. Je connais moi aussi les mécanismes de la reproduction animale. J’aimerais mieux que vous m’expliquiez pourquoi cette bête a choisi de...

Il était hors de lui. Ses derniers mots résonnèrent comme des coups de tonnerre qui effrayèrent le petit garçon.

— ... de mettre bas dans mon cellier !

Sans s’émouvoir, Sarah caressa doucement les cheveux de son fils secoué de sanglots.

Royce fronça les sourcils.

— Cet enfant est-il malade ? demanda-t-il.

— Non, répondit froidement sa mère. Il a peur des grosses voix.

Visiblement très surpris, Royce réfléchit un instant.

— Ce n’est tout de même pas ma faute s’il s’est mis à pleurer ?

— Oh, vous ne l’avez pas fait délibérément, bien sûr. Jamie est...

Puis elle décida de se taire. Elle n’avait pas à dévoiler à un inconnu les raisons de la trop grande émotivité de son fils.

— Je suis sincèrement désolé.

Son visage adouci par le remords affichait une humanité que Sarah n’aurait jamais soupçonnée.

— Je suis désolé, jeune homme, répéta-t-il gentiment à l’adresse de Jamie. Je ne voulais pas t’effrayer. Je te demande pardon.