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- Monsieur Virgil?
- Oui.
- Si nous étions dans un de vos romans, que se passerait-il maintenant? Est-ce que vos deux héros iraient traîner autour du siège du gouvernement pour trouver un "fil à tirer" ou le "début de quelque chose"?
Il ne réfléchit pas longtemps.
- Non. Sûrement pas. Ca serait trop ennuyeux.
- Que se passerait-il alors?
- Je suppose qu'il se passerait quelque chose d'inattendu, quelque chose que personne n'aurait pu prévoir: ni les deux héros, ni le lecteur, ni même l'auteur. Personne.
Afficher en entierIl me semble que cet homme a la capacité de me comprendre.
Peut-être fait-il partie de "ceux pour qui le monde n'est pas assez". C'est une de ces phrases que j'aime et que j'écrivais sur tous mes cahiers, au collège déjà. En anglais pour faire mieux : Those for whom the world is not enough.
Aujourd'hui je me contenterais bien du monde ordinaire. Il serai enough. Il me suffirait.
Afficher en entierJe viens de « passer » pour la troisième fois. J’utilise le mot « passer », c’est celui qui me paraît le mieux convenir. « Passer », signifie mourir aussi, je le sais bien. On dit que untel est passé, qu’il est donc mort. Mon scarabée est passé, par exemple. Mais ce n’est pas dans ce sens-là que je l’entends. Je ne meurs pas. Je passe. Je passe d’un monde à l’autre par ce chemin, cet unique chemin, celui qu’a pris ma sœur.
Afficher en entierJe suis amoureuse de cette Terre sur laquelle j'ai mes pieds. Je l'aime avec tous ses défauts, toutes ses tares. Je l'aime à cause de ça. J'aime le trop froid et le trop chaud, la pluie, la boue, les embouteillages, les examens ratés, les cartes postales moches, les mensonges, les larmes, les blessures et la mort. J'aime ce qui manque et ce qui dépasse, j'aime le trop et le pas assez, je veux me brûler aux orties et aux casseroles, ça ne me dérange pas, je veux bien égarer mes clés, avoir mal à la tête, être trompée (pas par Bran), être bousculée. Mais je prends aussi les bonnes choses. Je veux être caressée, je veux manger des banana split, je veux écouter de la bonne musique, recevoir des lettres, voir naître des bébés, faire la sieste, aller à Venise... je veux faire entrer l'air dans mes poumons, ... je veux respirer.
Afficher en entier"Il avait toujours eu du mal à prononcer lui-même ces trois mots-là : "Je suis écrivain." Cela le mettait mal à l'aise, comme s'il s'était vanté, en les disant, d'une capacité particulière, et il craignait d'être jugé prétentieux."
Afficher en entierJe suis amoureuse de Bran. Lui et moi, on est compatibles, j’en suis sûre maintenant. Mais aujourd’hui, je sais autre chose : je suis amoureuse de cette Terre sur laquelle j’ai mes pieds. Je l’aime avec tous ses défauts, toutes ses tares.
Je l’aime à cause de ça. J’aime le trop froid et le trop chaud, la pluie, la boue, les embouteillages, les examens ratés, les cartes postales moches, les mensonges, les larmes, les blessures et la mort. J’aime ce qui manque et ce qui dépasse, j’aime le trop et le pas assez, je veux me brûler aux orties et aux casseroles, ça ne me dérange pas, je veux bien égarer mes clés, avoir mal à la tête, être trompée (pas par Bran), être bousculée. Mais je prends aussi les bonnes choses. Je veux être caressée, je veux manger des banana split, je veux écouter de la bonne musique, recevoir des lettres, voir naître des bébés, faire la sieste, aller à Venise…
je veux faire entrer l’air dans mes poumons, je veux respirer.
Afficher en entier« C'est pour ça que vous m'avez demandé de venir ? Parce que je n'y connais rien ? Si c'est ça, vous tombez pile, je suis une sorte de spécialiste. »
Afficher en entierLes gens d'ici ne respirent pas. Je n'emploie pas ce mot au sens figuré, qui laisserais penser qu'ils courent sans cesse et partout sans prendre le temps de s'arrêter ni de souffler. Non, je veux dire qu'ils ne font pas entrer d'oxygène dans leur bouche ni dans leur narines comme nous, les êtres humains, et comme tous les vertébrés. Ils n'inspirent pas, leurs poumons ne se gonflent pas, ils n'expirent pas ensuite pour rejeter le dioxyde de carbone. Leur poitrine est plate, presque creuse.
Ils ne respirent pas.
Afficher en entierNous nous serrons l'un contre l'autre. Nous nous embrassons. Nous sommes sales, nous n'avons plus rien, plus de sacs, rien à manger ni à boire, nous n'avons plus que nous-mêmes, mais une force irrésistible nous pousse, un réflexe de vie dans cet univers de mort, l'envie de repousser plus loin encore ces ténèbres auxquelles nous venons d'échapper. Rien au monde ne pourrait nous en empêcher à cet instant.
Afficher en entierElle lui prit les mains et les embrasse, sans se soucier d'être vue ni d'attirer l'attention.
- Bran. Tu as fait de ton mieux, mais on n'arrivera à rien comme ça. C'est trop tard. Pardonne-moi et laisse-moi faire. Juste une chose que tu dois savoir : si je dois être battue, je préfère que ce soit par toi.
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
Elle ne répondit pas, se sépara de lui, revint :
- Une deuxième chose : je t'aime.
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