Extraits

C’était tellement naturel et facile d’être près de lui, encore plus en sachant que ça n’irait pas plus loin.

J’avais une vie, moi aussi, et je pouvais bien passer une journée sans lui parler, ou au moins quelques heures. J’essayais de ne pas être obsédée par le fait de manquer un de ses appels, mais c’était plus facile à dire qu’à faire.

Les hommes n’étaient généralement pas si directs quand ils évoquaient leurs sentiments.

Je restai clouée sur place en sentant une main forte et familière se glisser sous mon débardeur pour ensuite se poser sur mon ventre. J’ouvris les yeux instantanément mais je n’eus pas besoin de me retourner.

Je pris place à côté de lui dans le canapé pour regarder la télé, puisque j’avais encore du temps devant moi, finalement.

– Tiens, choisis, si tu veux, dit-il en me tendant la télécommande.

– Oh, merci.

Rien ne l’y obligeait et je trouvai ça gentil. Je zappai d’une chaîne à l’autre et m’arrêtai sur HBO.

– Tu as le câble ?

Le câble coûtait une fortune, alors qu’en même temps la télé n’avait pas l’air de le fasciner plus que ça. Il accueillit ma question avec un sourire malicieux.

– C’est pour Griffin. Il aime avoir toutes les chaînes quand il vient ici. Il connaît une fille qui travaille pour le câble, alors je paye un peu moins cher. Je me demandais ce que Griffin pouvait bien avoir envie de regarder quand il venait ici, lorsque je finis par remarquer ce que la télé diffusait en ce moment même : un film érotique. L’homme était un vampire et il mordait passionnément le cou de la femme, ce qui donnait lieu à de grandes effusions de sang, sans parler des bruits de succion plus que suggestifs. Je devins écarlate, revins sur le programme précédent et rendis la télécommande à Kellan. Il rit et je fis en sorte d’ignorer son regard moqueur.

. Je commençais à me dire qu’il n’allait pas tarder à

dépasser les bornes quand une des filles du groupe cria.

– Embrasse-la !

Il recula et rit en hochant la tête dans leur direction.

– Tu vois ? Elles aussi, elles veulent qu’on renégocie.

– On était amis, toi et moi, murmurai-je.

– Ah ouais ? répondit-il négligemment. J’avais pas remarqué.

Je sentis des larmes de colère se former au coin de mes yeux et répliquai sans attendre.

– Bien sûr qu’on l’était, avant de…

Il me regarda et son expression me fit stopper net.

– Denny est mon ami, m’interrompit-il. Toi, tu es ma colocataire, dit-il en me toisant de haut en bas avec mépris.

– T’as une drôle de façon de témoigner ton amitié.

- Non, c’est juste que je me demandais… pourquoi tu veux faire tout ça avec moi ? Je veux dire, tu sais que ça mène à rien, alors pourquoi tu perds ton temps ?

- Je perds jamais mon temps avec toi, dit-il d’une voix douce et caressante. Et si c’est tout ce que je peux avoir…

Il s’écarta pour pousser la porte et nos lèvres se séparèrent. J’osai enfin le regarder et la passion que je lus dans ses yeux me coupa le souffle. J’étais incapable de réfléchir ou de bouger. Tout ce que je pouvais faire, c’était me perdre dans ses yeux bleus. Il m’attrapa par les hanches et me souleva sans effort pour m’amener à l’intérieur du stand plongé dans le noir.

Je ne sais pas pendant combien de temps il me serra dans ses bras, mais j'eus l'impression que ça durait une éternité. Quand il relâcha son étreinte, j'essayai de la garder contre moi, mais les médicaments étaient tellement forts que je commençais à voir envie de dormir. Mes doigts glissèrent faiblement le long de son bras et il m’embrassa sur le front.

- Je reviens te voir demain, d'accord?