Commentaires

L'histoire est plutôt intrigante au début, parce qu'on ne comprend pas de quoi ça parle, qui sont les personnages, à quoi ils servent. On ne comprend pas ce qu'il se passe ni où tout cela va nous emmener. Puis plus on avance, plus la lecture devient longue et, je l'avoue, laborieuse. J'ai bien failli arrêter peu après le début de la deuxième partie, parce que j'avais l'impression que ce livre allait me provoquer une panne de lecture et que l'histoire n'allait nulle part. Mais j'ai persisté et j'ai trouvé un regain d'intérêt vers la fin de cette partie, même si c'était modéré. Un petit plus, c'est que l'histoire n'est pas toute rose et que les personnages ne finissent pas, par miracle, par obtenir ce qu'ils souhaitent. Mais c'est loin d'être un coup de coeur, malheureusement on ne peut pas toujours tomber sur un livre auquel on accroche.

Une lecture pour le moins.. étrange.

L'histoire commence comme un simple récit dans la campagne anglaise, apparemment dans les années 90 bien que le cadre paraisse complètement hors de tout temps et de tout lieu. J'avoue que j'ai trouvé cette première partie à Hailsham un peu longue, cependant ç'a été l'occasion de profiter de la plume de l'auteur, le récit du point de vue de Kathy permet à la fois une certaine immersion dans cet environnement où s'entremêlent les histoires d'ados, et en même temps une objectivité parfois déconcertante. J'ai trouvé évidemment une finesse d'analyse des relations humaines - chaque regard, chaque seconde d'interaction est captée, analysée et décortiquée méticuleusement, c'est un travail d'orfèvre - mais aussi paradoxalement une objectivité dérangeante, comme si Kathy était extérieure à elle même et ne faisait qu'analyser ses émotions presque de manière scolaire. Trop d'analyse parfois mène à prendre ses sentiments comme des objets de laboratoire, et à les dénaturer en quelque sorte. Cependant c'est la première fois que je lis Ishiguro, c'est peut-être moi qui me heurte à ce style qui en convaincu d'autres.

La deuxième partie s'apparente un peu à la première, pour faire court. Aux Cottages les ados se découvrent jeunes adultes, découvrent une part de leur propre humanité aussi quelque part.

Mais la troisième partie est de loin la plus intéressante. Tous les questionnements éthiques sur le don d'organes, sur la valeur qu'"on" attribue à un être humain, l'évolution de la mentalité de la société à ce propos, etc, sont développés. Spoiler(cliquez pour révéler)La longue tirade, on pourrait dire ça comme ça, de Miss Emily à la toute fin est renversante. Elle dénoue et explique assez clairement le contexte qui était flou depuis le départ, certes, mais surtout elle apporte son point de vue sur cette situation. Elle avoue clairement à Kathy et Tommy qu'elle a toujours eu peur d'eux, comme Madame, mais qu'elle voulait quand même assurer à ces "pauvres créatures" comme elle les appelle plusieurs fois une éducation et une formation décente, et je trouve ça très beau.

Tout ce qui touche à leurs aspirations aussi a quelque chose de tragique; [spoiler] Ruth, tout insupportable qu'elle soit, attise une forme de pitié en voulant aller "travailler dans un bureau", le lecteur ne sait pas encore vraiment au moment où elle voit cette pub dans un magazine si elle est libre ou non de le faire, mais il se doute déjà que ce ne sera pas si simple. Et la rumeur des sursis est terrible aussi, les élèves, bien que se sachant destinés à donner leurs organes, programmés pour ça presque, arrivent à formuler une forme d'espoir de repousser ce moment, au nom de l'amour. Comment ? Par l'art. Ces êtres sont humains, et même si s'il s'agit là d'une certaine prise de position, elle rend l'histoire encore plus violente et ambiguë.

Ma critique est déjà assez longue mais quelques points en vrac sans développer : la fascination pour Madame, la relation entre Kathy et Tommy, le fonctionnement de cette société avec des accompagnants et des donneurs, le bateau, la besoin de ces clones de trouver leur "possible" c'est à dire une forme d'ascendance, d'histoire personnelle, qui leur ferait oublier leur état de clone donc de quasi machine (c'est tout le propos de connaître cette nature).. enfin voilà ceux qui l'ont lu comprendront ma fascination.

Une lecture un peu longue donc, mais qui mérite qu'on s'y attarde et qu'on y réfléchisse.

Un très beau roman au postulat de départ aussi glaçant que visionnaire. Une plume enlevée, impressionnante de sagesse et de vérité. J'ai cependant préféré le film dont la performance bluffant des acteurs apporte plus de consistance aux personnages et nous rend leur destin plus tragique et marquant encore.

Kathy, Ruth et Tommy ont grandi ensemble à Hailsham, une école perdue dans la campagne anglaise qu'ils ne quittaient pratiquement jamais. Une ambiance mystérieuse plane sur cette école, l'éducation y est très traditionnelle et à aucun moment n'apparaît un quelconque lien avec les parents, la famille ou d'autres proches. Les enseignants et éducateurs prennent le nom de gardiens. Dès le plus jeune âge les enfants sont encouragés à être créatifs et à développer leur art, que ce soit par la peinture, le dessin ou la poésie. Les enfants deviennent des adolescents, les amitiés se nouent et leurs aventures prennent des allures disproportionnées par rapport à la réalité des faits.

Le récit débute au moment où Kathy, devenue une jeune femme solitaire, raconte sa vie depuis son enfance à Hailsham et analyse l'impact que son enfance a eu sur sa vie d'adulte. le lecteur réalise rapidement que ces enfants ne sont pas comme les autres mais Ishiguro ne distille les informations que par petites touches, sans jamais entrer dans des détails, et on comprend peu à peu…

Une des forces du roman est de toujours suggérer, avec souvent des retours en arrière, sans jamais expliquer ; l'auteur garde ses distances avec le lecteur. Les personnages eux-mêmes imaginent, devinent, font courir des rumeurs…

Ceux-ci n'expriment jamais de révolte et acceptent leur sort face à l'avenir auquel on les destine. Aucun sentiment d'injustice ne se dégage en eux. le sujet est habilement traité, l'écriture est subtile, avec beaucoup de finesse et de retenue, mais rapidement s'installe un malaise lorsque le lecteur croit deviner où l'auteur souhaite l'entraîner…

Un beau livre dérangeant par l'absence de révolte de ses personnages dans un monde avec ses règles et sa cruauté. L'attitude passive des personnages est due à l'éducation qu'ils ont reçue et qui les empêche de se révolter. Cette résignation contrarie à dessein le lecteur qui s'interroge sur le sens de la vie et sur les dérives possibles. Un roman déroutant.

Que dire de ce roman ? Je ne savais vraiment pas à quoi m'attendre en le commençant, et l'entrée dans l'histoire se fait très lentement : on met du temps à comprendre où le narrateur souhaite nous mener et les montagnes de secrets qui se cachent derrière Hailsham nous poussent à poursuivre la lecture.

Spoiler(cliquez pour révéler)Un roman qui nous pousse à nous questionner sur l'éthique et l'idée du clonage ...

Ayant vu le film avant de lire le livre j'ai eu un peu de mal au début. C'est un livre bien écrit, agréable à lire, j'ai passé un bon moment mais sans plus.

un chef-d'oeuvre je ne sais pas comment je vais faire pour lire un autre livre après celui-là ! Son adaptation au cinéma est intéressante mais tellement loin du génie du livre. J'ai recommandé ce livre à ma soeur et aussi à ma mère si elles ne l'aiment pas je ne les renie c'est officiel!

Pour ceux qui hésitent c'est l'histoire de Kath qui nous raconte sa vie et son enfance dans un pensionna dans la campagne anglaise, mais loin de la vibe dark / light academia c'est vraiment la vibe Margaret Atwood, quelque chose est étrange, quelque chose n'est pas normal !

Spoiler(cliquez pour révéler)Du coup c'est aussi validé par ma soeur

Une lecture d’une humanité captivante. L’hypothèse de société amenée par l’auteur est rendue crédible par une écriture juste et précise des différents personnages. On aime recoudre l’histoire petit à petit, découvrir en même temps que les protagonistes de quoi il en retourne. Le personnage de Kath est touchant par son réalisme, ses forces et des faiblesses ; c’est un excellent narrateur. Je recommande x100000

J'ai été happée non seulement par l'histoire mais surtout par la manière qu'a l'écrivain d'amener l'essentiel par petites touches qui n'ont l'air de rien, un peu comme un peintre.

Sa délicatesse à suggérer une abomination sans nom, sans nous enfoncer la tête dans les horreurs mais en laissant notre esprit faire son chemin est le fait d'un écrivain exceptionnel. On avait déjà touché du doigt cette élégance vénéneuse dans "Les vestiges du jour".

J’ai été absorbée par cette histoire ; au départ, je ne savais pas qu’il y avait une part de dystopie / d’anticipation et ça a donné une part de malaise à ma lecture (mais pas dans un mauvais sens, c’était surtout une tension).

Je recommande vivement cette lecture ! Ça sort complément du cadre habituel de ce type de récit de science-fiction.