Commentaires de livres faits par Blodeuwedd
Extraits de livres par Blodeuwedd
Commentaires de livres appréciés par Blodeuwedd
Extraits de livres appréciés par Blodeuwedd
- Qu'est-ce que tu vois ?
- Le projet commun, l'amour rentable. "aimer ce n'est pas se regarder l'un l'autre, mais regarder dans la même direction", ce genre de salades productivistes. L'amour créatif et performant. La manufacture d'amour : "Aux Destins Associés". Le regard bleu horizon : en avant pour l'oeuvre commune et pas de quartier pour ce qui gêne ! A gerber ! On ne fait pas son bonheur dans un plan quinquennal ; encore moins dans un plan séculaire ! En ce qui me concerne, je n'ai pas d'oeuvre à te proposer, pas le plus petit projet, et s'il t'en venait un à l'esprit, préviens-moi vite que je saute en marche."
Sur le plan social il y avait les riches, il y avait les pauvres, avec quelques fragiles passerelles - l'ascenseur social, sujet sur lequel il était convenu d'ironiser ; la possibilité plus sérieuse de se ruiner. Sur le plan sexuel il y avait ceux qui inspiraient le désir, et ceux qui n'en inspiraient aucun : mécanisme exigu, avec quelques complications de modalité (l'homosexualité, etc.), quand même aisément résumable à la vanité et à la compétition narcissique, déjà bien décrites par les moralistes français trois siècles auparavant. Il y avait bien sûr par ailleurs les braves gens, ceux qui travaillent, qui opèrent la production effective des denrées, ceux aussi qui - de manière quelque peu comique, ou pathétique si l'on veut (mais j'étais, avant tout, un comique) - se sacrifient pour leurs enfants ; ceux qui n'ont ni beauté dans leur jeunesse, ni ambition plus tard, ni richesse jamais ; qui adhèrent cependant de tout coeur, et même les premiers, avec plus de sincérité que quiconque - aux valeurs de la beauté, de la jeunesse, de la richesse, de l'ambition et du sexe ; ceux qui forment, en quelque sorte, le liant de la sauce. Ceux-là ne pouvaient, j'ai le regret de le dire, pas constituer un sujet. J'en introduisaient quelques-uns dans mes sketches pour donner de la diversité, de l'effet de réel ; je commençais quand même sérieusement à me lasser."
Je ne suis plus assez jeune à présent pour souffrir. Ces contradictions épouvantables, ces abîmes, ces blessures, je leur réponds maintenant par le geste le plus simple qu'ont inventé les hommes pour vivre : je les écarte.(…)
- Race d'Abel, race des justes, race des riches, comme vous parlez tranquillement. C'est bon, n'est-ce pas, d'avoir le ciel pour soi et aussi les gendarmes. C'est bon de penser un jour comme son père et le père de son père, comme tous ceux qui ont raison depuis toujours. C'est bon d'être noble, d'être honnête. Et tout cela, donné un beau matin, comme par hasard, quand viennent les premières rides, le premier or. Joue le jeu, fais le geste, dis oui!
- Poursuis ta course. Tourne en rond, déchire-toi, bats-toi, méprise, insulte, tue, refuse tout ce qui n'est pas toi. Moi, je m'arrête. Je me contente. J'accepte ces apparences aussi durement, aussi résolument que je les ai refusées autrefois avec toi. Et s'il faut continuer à se battre, c'est pour elles maintenant que je me battrai, humblement, adossé à ce mur dérisoire, construit de mes mains entre le néant absurde et moi.
Et c'est cela, sans doute, en fin de compte - et pas autre chose - être un homme.
-N'en doute pas. Tu es un homme maintenant.
- J'accepte ton mépris, avec ce nom."
Dieu tout craché !
Les enseignants de ma jeunesse ne sont plus là, les parents ont vieilli et ne sont plus très proches mais cet homme-là, celui dont ils n'ont cessé de me parler, traîne toujours dans le coin. Pas moyen de m'en débarrasser. J'ai lu Spinoza, j'ai lu Nietzsche, j'ai lu le National Lampoon. Rien n'y fait. Je vis avec Lui chaque jour er regardez, il est toujours furieux, toujours assoiffé de vengeance, toujours - éternellement - en pétard.
-- Les hommes font des projets, disaient souvent mes parents, et Dieu rit."