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Christie Malry règle ses comptes



Description ajoutée par anonyme 2010-04-19T16:25:57+02:00

Résumé

Dernier ouvrage publié du vivant de son auteur, Christie Malry règle ses comptes est à la fois le plus accessible, le plus exubérant et le plus désespéré des romans de B.S. Johnson. Au travers d’un humour ravageur, sous-tendu par la colère et la douleur, il met en scène «un homme simple», Christie Malry. Afin d’accroître sa proximité avec l’argent, celui-ci devient employé de banque, puis comptable. Découvrant le principe de comptabilité dit «en Partie Double», il en fait un usage inattendu. Pour toute offense subie, Christie est débiteur; pour toute attaque portée à la société, Christie se crédite. Tous les comptes doivent être à l’équilibre et notre «héros» y parvient à sa façon fantaisiste, parfois dramatique mais toujours personnelle... et des plus jubilatoires pour le lecteur. Après R.A.S Infirmière-Chef, une comédie gériatrique, voici un deuxième roman inédit de cet auteur culte à la causticité dévastatrice et toujours aussi insolite.

« Drôle, Brut et Court» dirait Christie l'épigrammatique.

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Classement en biblio - 1 lecteurs

extrait

Extrait ajouté par anonyme 2010-04-19T16:26:22+02:00

Christie, à ce stade de notre récit, résidait avec sa mère près de Hammersmith Bridge, sur ce moignon de Mall Road qu’avait laissé la construction de l’autopont et autres développements du réseau autoroutier.

En rentrant chez lui ce jour-là (la chronologie étant à présent plus ou moins ininterrompue), sa mère se leva pour l’accueillir. Puis elle s’exprima au travers d’une déclaration ainsi conçue :

« Mon fils : j’ai, pour les besoins de ce roman, fait office de mère depuis dix-huit ans et cinq mois à ce jour précisément, en admettant que ta conception se soit déroulée après minuit. Maintenant que tu as eu ton Idée de Génie et que te voilà attelé au grand œuvre de ta vie, il ne me reste désormais plus rien à accomplir. »

La mère de Christie fit une pause. Puis reprit.

« Je n’ai pas à me plaindre. J’ai toutes les raisons d’être satisfaite de ce dont je me suis acquitté. J’ai pris soin de toi sans te dorloter, je t’ai alimenté avec discernement sans courir le risque de t’exposer à l’une ou l’autre de ces maladies qu’il était alors, plus souvent que de raison, convenu d’associer à la nourriture.

Ces parties de mon corps soumises à la loi du tabou durant ces vingt-cinq dernières années ont cessé d’être exposées à ta vue passé ton troisième anniversaire. Je t’ai élevé, privée d’époux, sans que tu aies à souffrir de l’absence d’un père et sans porter atteinte à ce que certains n’hésiteraient point à nommer ta normalité. Je me félicite que tu sois toi-même, que tu sois à la fois davantage et moins que ce que j’ai fait de toi, si cela signifie quelque chose. Pas plus que je n’ai permis à ta personnalité d’être façonnée par ces autres spécimen de la gente masculine que j’ai autorisés (car je ne suis pas de bois) à croiser ma route et à pénétrer le temple de ma féminité. Le recours à cette métaphore hautement fantaisiste est justifié par mon désir de t’épargner tout sentiment de gêne, Christie, car un fils se doit en règle générale d’avoir atteint l’âge de trente ans avant d’être à même d’évoquer librement avec sa mère les questions relatives à la sexualité. Ou à tout autre domaine d’ailleurs, me suis-je parfois (lors d’accès de cynisme) fait la réflexion. »

Une nouvelle fois, la charmante vieille dame fit une pause, réfléchit, puis reprit :

« Je suis même allée jusqu’à te permettre de posséder un animal, un chat, dans le but d’encourager chez toi une certaine forme d’amour, en dépit du fait que la présence d’Austin ait pour moi fatalement été synonyme d’une surcharge de travail lorsqu’il s’agissait de dépouiller puis de mitonner les souris ou autres petites créatures qu’il rapportait régulièrement. Heureusement pour toi, Austin est passé de vie à trépas quatre mois avant les circonstances de ma présente déclaration, ce qui, par conséquent, mon cher Christie, t’économise les frais qu’aurait occasionnés le recours aux services d’un vétérinaire.

N’empêche que tu m’as bien fait rire la première fois que tu as zozoté ‘Moi, z’adore la satte !’ ».

Et la vieille dame laissa un sourire soudain éclairer son visage doux et ridé. Christie, lui aussi, eût un sourire lorsque reprit sa mère :

‘Nous n’avons pas toujours habité ici. Il est important qu’ils gardent bien cela à l’esprit, Christie, s’ils veulent avoir une chance de comprendre. Non pas que je désire à tout prix qu’ils te comprennent, mais il est tout à fait souhaitable que tu aies le choix de leur accorder cette faveur si tel est ton désir. Oui, nous avons vécu autre part. Nous avons habité, de ta sixième à ta neuvième année, dans les faubourgs d’une petite ville, dans une maison dont l’extrémité du jardin donnait sur une voie ferrée. Il y passait seulement deux trains par jour, deux trains qui en fait n’en faisaient qu’un : direction l’usine à confiture, aller-retour, une fois par jour. Mais voilà que je me mets à faire des rimes...’

La vieille dame laissa entrevoir des signes de contrariété, fit mine de se donner une tape sur la main et poursuivit :

« Tu as vite appris à poser des pièces de monnaie sur la voie ferrée pour finir par observer que la pression exercée par les trains chargés était supérieure à celle qu’exerçait, au retour, les trains vides. Oh, on en avait des pièces à l’époque, à revendre ! Et un trou dans la palissade, aussi, qui donnait sur le terrain de la compagnie de chemin de fer. C’était le bon temps ! En un rien de temps, tu poursuivais déjà cette expérience avec des tessons de bouteilles afin de mettre au point un procédé économique de fabrication de poudre de verre. Je n’étais pas peu fière de toi, si remarquablement précoce dans l’utilisation de bouteilles de produits toxiques et autres verres colorés destinés à produire des poudres aux si séduisantes et délicates nuances ! ‘

La vieille dame parut se perdre dans ses pensées pendant un instant, laissant libre cours à ces exaltants souvenirs qui, tels les bourgeons de forsythia aux premiers beaux jours, éclataient dans son esprit. Mais son visage bientôt s’assombrit, en proie à une pensée que les précédentes avaient entraînée, et qu’elle jugea bon de retranscrire en ces termes :

« Et puis, il y a eu cette journée traumatisante lorsque le conducteur a arrêté son train pour te lancer des morceaux du ballast, à toi, un enfant innocent ! Rien d’étonnant à ce que nous fassions remonter à cette date précise l’origine de ton rapport à l’autorité. Un tel incident ne peut manquer d’avoir des conséquences sur le développement futur d’un jeune enfant, c’est indéniable ! Ceci constitue bien, à leurs yeux, un exemple de l’importance du facteur géographique : nul ne pourrait imaginer un tel départ dans la vie sans savoir qu’à une époque, nous vivions dans une maison située aussi près d’une voie ferrée.

La vieille dame fit une pause afin de produire un effet, le produisit, puis poursuivit :

‘C’est moi qui, la première, t’ai raconté l’histoire comique de Dieu, souviens-toi, histoire qui sera sans nulle doute confiée aux lecteurs en temps voulu.’

La mère de Christie fit une nouvelle pause. Il était temps de conclure, l’effet était à son paroxysme, pensa-t-elle : elle reprit donc :

« Nous croyons naïvement en l’avènement d’un jugement dernier, d’un jour de règlement de comptes qui verra toutes les injustices corrigées, toutes nos fautes à n’en point douter rachetées, et la splendeur de nos justifications illuminer le monde de son éclat. Nous avons tort : sache à présent que ce jour de règlement jamais ne surviendra, sauf accident peut-être.

Il semblerait que le pourcentage d’accidents soit suffisamment élevé pour que ce jour constitue pour la plupart d’entre nous une source d’espoir voire d’espérance – le jour du Jugement Dernier. Il n’en est rien, et c’est dans le plus grand des désordres que nous périrons, sans vraiment nous y attendre, dans la confusion, sans aucune réponse, sans aucun règlement –l’expression du chaos absolu. Et même si nous parvenons à comprendre que tout n’est que chaos, cette compréhension en est la négation même, et ne peut être par conséquent qu’une illusion. »

La mère de Christie s’accorda une dernière pause après ce morceau de bravoure dialectique inélégant et indigeste ; puis elle conclut :

« L’heure pour moi a sonné. J’ai vécu tout ce que je souhaitais vivre. Il est tout simplement temps de partir. Nous devons tous partir, on nous l’a répété assez souvent. Je n’irai pas jusqu’à dire que je suis pleinement satisfaite : qui le serait ? Pourtant, j’accepte mon sort. Et même sans toucher au stock de boîtes de conserves, tu trouveras assez de nourriture pour tenir deux jours, voire trois, dans le cas où ma mort te ferait un tant soit peu perdre l’appétit. Cette maison est tienne. L’argent de mon compte épargne m’offrira un enterrement décent, si la décence est un critère que tu décides de retenir. Pour ce qui est du reste, tu le trouveras dans l’état de chaos dans lequel je l’ai moi-même trouvé, et dans lequel je le quitte aujourd’hui.

Et la mort saisit la mère de Christie.

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