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— Il m… m’a dit que vous ne… viendriez pas.

J’avais froid, si froid ! À part cela, curieusement, je n’avais pas très mal. Cela signifiait-il que ma moelle épinière avait été touchée ?

Barrons jeta autour de lui des regards rapides, comme pour chercher quelque chose. S’il avait été n’importe qui d’autre, j’aurais juré qu’il perdait son sang-froid.

— Et vous l’avez cru ? Non, ne répondez pas. J’ai dit, taisez-vous. Par tous les diables de l’Enfer, restez tranquille, Mac !

Il m’avait appelée Mac. J’avais trop mal pour sourire mais je souris quand même, intérieurement.

— B… Barrons ?

— Je vous ai dit de vous taire, grommela-t-il.

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— Barrons… répétai-je, cette fois-ci avec plus de force, faisant appel au peu d’énergie qui me restait.

Je parvins enfin à attirer son attention. Dans la lueur vacillante des torches, son visage semblait taillé à la hache. Son expression était effrayante, ses yeux sombres deux puits sans fond.

— Je suis désolé, Mac.

— Ce n’est pas… votre faute.

— Si, et bien plus que vous ne pouvez le savoir, ma belle.

Ma belle ? Apparemment, j’avais pris du galon. Cela n’allait peut-être pas durer, étant donné ce que je m’apprêtais à lui dire.

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Barrons et moi avions notre façon à nous de communiquer. Nous tenions des conversations silencieuses lors desquelles nous pouvions exprimer par le regard tout ce que nous ne formulions pas à haute voix, et nous nous comprenions à la perfection.

Vous êtes le personnage le plus imbu de lui même que j'ai jamais rencontré! ne m'exclamai-je donc pas.

Si vous massacrez un autre de mes tapis de collection, j'aurai votre peau, s'abstint-il de rétorquer.

Je ne peut pas vous empêcher de fantasmer, ne répliquai-je pas.

Je n'ai que faire d'une gamine comme vous dans mon lit, mademoiselle Lane, garda-t-il pour lui.

Rassurez-vous, ne répondis-je pas. Même si c'était le seul endroit dans tout Dublin à l'abri du Haut Seigneur, je ne voudrais pas y aller!

- Vous pourriez bien finir un jour par changer d'avis sur ce point.

Il avait parlé d'une voix si basse qu'elle en était presque inaudible, mais si rauque qu'un frisson nerveux me parcourut.

- Pardon ? M'écriai-je dans un souffle.

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« Même dorée, une cage reste une cage. »

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J'allais porter du rose parce que je savais qu'il n'y en avait pas un soupçon dans l'avenir qui m'attendait. Je choisirais mes accessoires avec soin et je mettrais des chaussures sexy -ce serait ma réponse à la laideur qui avait envahi mon monde.

J'allais porter du rose parce que je détestais le gris, que je ne méritais plus le blanc et que j'étais lasse du noir.

(p.420)

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Il s’approcha d’un pas. Un pas de trop… Louchait-il encore en direction de mon décolleté ? Il me semblait percevoir la chaleur qui émanait de son corps d’athlète, ainsi que ce courant d’énergie qui l’enveloppait en permanence, une étrange vibration électrique qui courait, omniprésente, sous sa peau dorée. En temps normal, Barrons était d’un flegme imperturbable, mais ce soir, il paraissait différent. Il rayonnait d’une sorte de sauvagerie que je ne parvenais pas à identifier, mais qui n’était pas fondamentalement différente de la violence à l’état pur. Et ce n’était pas tout…

S’il avait été un autre homme et moi une autre femme, j’aurais vu du désir dans sa façon de darder sur moi ses yeux sombres aux paupières lourdes. Seulement, il était Barrons, et moi Mac. En d’autres termes, une flambée de désir entre lui et moi était à peu près aussi probable que, disons, l’éclosion d’une orchidée sur la banquise.

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Je m'obligeai à ouvrir les yeux. Mes paupières étaient lourdes, pesantes. Barrons avait enfoui son visage au creux de mon cou et sa respiration était saccadée. Me pleurait-il ? Déja ? Je comptais donc, même un peu, aux yeux de l'énigmatique et impitoyable Jéricho Barrons ? A ma grande surprise, je m'aperçus que lui, en tout cas, était devenu quelqu'un d' important pour moi. Qu'il fût bon ou mauvais, qu'il eût raison ou tort, il était un phare dans ma nuit.

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- Il y a des limites que l'on ne peut pas autoriser les autres à franchir. Elles ne sont pas toujours rationnelles, ne paraissent pas nécessairement de la plus haute importance, mais vous êtes le seul à les connaître, et lorsque quelqu'un se heurte à l'une d'elles, vous devez la faire respecter.

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Ce qui s’était passé entre Barrons et moi ce soir-là était plus que de l’impudeur, c’était un accès de folie érotique dont le seul souvenir me faisait rougir. Nous avions partagé une intimité soudaine, brutale, dans laquelle certains secrets s’étaient dévoilés.

J’étais sur le point de détourner les yeux lorsqu’il tendit soudain la main vers moi. Je me figeai. Avec une douceur dont je ne l’aurais jamais cru capable, il caressa mon visage de ses longs doigts fuselés.

Recevoir une marque de tendresse de la part de Jéricho Barrons est une expérience unique et inoubliable. Cela vous donne le sentiment d’être la personne la plus extraordinaire au monde. Imaginez-vous marchant droit vers le lion le plus puissant, le plus sanguinaire de la jungle, vous étendant devant lui, plaçant votre tête dans sa gueule... et, alors que vous vous attendez à être dévoré, l’entendre ronronner comme un gros chat avant de vous lécher affectueusement la joue. Voilà à peu près ce que je ressentis en cet instant.

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« Ce qui nous définit, ce sont nos actes et nos choix. Ce à quoi nous pouvons résister.

Ce pourquoi nous donnerions la vie. »

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