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En ce concentrant d'avantage, Nihal réussit à apercevoir les évanescentes créatures de l'eau. Elles se tenaient debout à quelques brasses de la barrière, dressées dans toute leur beauté, leurs mains diaphanes tournées vers le ciel. Elles semblaient entièrement absorbée par leur tâche et seuls leurs longs cheveux bougeaient légèrement, mus par le souffle du vent. De leurs visages émanait une expression de mélancolie, de choses perdues pour toujours, de vies consumées dans le sacrifice et la solitude.

La demi-elfe perçut ce sentiment, qui venait vers elle tel un nuage et l'enveloppait tout entière. Elle eut le vertige, il lui sembla entendre les voix de ces créatures qui avaient renoncé à la vie, mais ne pouvaient pas oublier la douceur d'une existence normale. L'écho d'une litanie immensément triste lui parvint ; elle entendit les paroles de la formule avec laquelle les nymphes érigeaient la barrière. C'était comme un chant déchirant, empreint de douleur et de dignité.

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Une besace contenant des livres et quelques vêtements. C’était tout son bagage. Sennar la chargea sur son épaule et sortit à l’air libre. Sous son manteau, il ne portait qu’une longue tunique qui lui descendait jusqu’aux pieds. Elle était ornée de traits rouges entrelacés, qui culminaient en un grand œil écarquillé sur son ventre. Il ne s’était pas encore habitué au climat de Makrat. Quand il habitait la Terre de la Mer, les printemps étaient doux, et sur la Terre du Vent, il faisait toujours chaud. Sur la Terre du Soleil, au contraire, le printemps était presque aussi glacial que l’hiver et la chaleur torride et suffocante de l’été arrivait toujours comme par surprise

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C'est alors que Nihal se rappela ce que lui avait dit Aïrès le jour où elle lui avait demandé comment on faisait pour savoir qu'on avait trouvé sa voie. La jeune femme avait répondu : « Tout à coup la vérité s'est imposée à moi avec tant de force que je ne pouvais pas la refuser. » À présent, la demi-elfe ressentait la même chose : la vérité se présentait à elle avec sa surprenante évidence, et elle ne pouvait que l'accepter. Désormais tout était clair, tout avait un sens : le voyage, l'angoisse, la quête.

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Le Tyran avait donné un but à sa vie : tuer. Plus il tuait, plus il était craint, et plus il était craint, plus il se sentait fort. Lorsqu'il descendait sur le champ de bataille, son épée ne s'arrêtait pas avant que tous soient tombés. Il n'avait pas peur de la douleur, ni de la mort. Pis, il avait besoin de combattre pour se sentir vivant.

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LES PRISONNIERS

An dix après la Descente, sous le règne de Teoni.

Le premier mois de l'année, devant son peuple et ses hauts dignitaires, Sa Majesté a statué sur ceux du Dessus:

« Etant donné la perversité de leurs atteintes à notre liberté, j'ordonne que quiconque d'entre eux sera trouvé à Zalénia, sous quelque excuse que ce soit et quelle que soit sa charge, soit emprisonné et tué.

Que Zalénia soit toujours séparée de leur règne néfaste.

Que l'horreur de leur guerre ne nous touche jamais.

Et que nous vivions pour toujours libres et en paix.

Voilà ce que j'ordonne.

Extrait du Nouveau Code de Zalénia, loi XXIV

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p387-388

- Espèce de monstre tu l'as assassiné !

- C'est ta sottise qui l'a tué. Pourquoi est-ce que tu fais semblant de ne pas comprendre ? Pourquoi est-ce que tu ne laisses pas notre Seigneur prendre soin de toi ? Regarde moi : le Tyran m'a rendu puissant, il m'a donné un corps et une force invincibles.

- Tu es fou.

- C'est toi le fou, si tu renonces à tout ça ! Qu'est-ce que la vie de notre père ou de tous ces incapables qui nous entourent, comparée au pouvoir ? Nous pourrons tout, parce que le Tyran peut tout. Et nous contribuerons à la création d'un monde nouveau.

- Tu as tué notre père et vendu ton âme ! protesta Ido.

- Tu as jusqu'à demain pour te décider, ou tu retourne au service du Tyran, ou tu seras exécuté conclut Dola

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p384

Quant à son père il ne le reconnaissait plus. Il avait changé à ses yeux il étiat devenu un vieillard mesquin préoccupé seulement par le sort de ses fils et par son règne, sur lequel il avait pourtant de moins en moins de pouvoir. Lorsqu'il allait le voir, Moli ne faisait que pleurnicher et se plaindre des taxes qu'il devait verser au Tyran, et des hommes que son armée lui arrachait.

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p163

Sennar resta bouché bée en découvrant le monde Submergé.le village où il se trouvait était enfermé tout entier dans une sorte d'immense bulle suspendue dans l'eau, faite dans un matériau ressemblant à du cristal. Les maisons étaient rondes, construites en sale et en pierre, ornées de coquillages chatoyants. L'air sentait le sel.

Incrédule, Sennar s'éloigna des habitations pour atteindre la paroi de verre et observa les poissons multicolores qui nageaient derrière dans l'eau d'un bleu intense. Il leva les yeux. La bulle se trouvait à une bonne centaine de mètres de la surface et le soleil n'apparaissait que comme un halo indistinct.

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- Ce n'est pas possible, ce n'est pas possible…, répétait Nihal.

- Si, Sheireen. C'est moi qui a ouvert ton esprit aux rêves.

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Le gnome se jeta sur elle et la désarma en un éclair :

- Je n'ai pas l'intention de me battre comme ça. Ramasse ton

épée !

- Non, dit Nihal.

- Prends ton arme !

- Je ne me battrai pas contre toi, Ido.

- Alors, qu'est-ce que tu veux ? lâcha-t-il en baissant son arme. Je ne peux pas effacer ce que j'ai été, Nihal ! Et je ne le veux pas. Maintenant, tu as deux solutions : ou tu me tues, ou tu acceptes la réalité.

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