Ajouter un extrait
Liste des extraits
Astréa prit ses jambes à son cou et se mit à courir à s’en faire éclater les poumons.
À mi-chemin, un rugissement terrible lui déchira les tympans ; un souffle brûlant la fit décoller de la passerelle ; puis un déluge de feu s’abattit dans son dos.
Afficher en entier« BÊCHEZ PLUS FORT, VOUS AUTRES ! La galère du roi Orcus approche ! »
Astréa releva la tête pour essuyer la sueur qui coulait dans ses yeux, sous la profonde capuche de son linceul. L’horizon verdâtre l’éblouit : les champs d’algues s’étendaient à perte de vue tout autour de la baie de Viridienne, exhalant une odeur douceâtre de putréfaction dans la fournaise de la fin d’après-midi. Les pleurants racontaient que dans l’ancien temps, avant le Grand Effondrement, le soleil n’était pas rouge comme une vilaine blessure infectée, mais doré comme un citron du castel. Ils racontaient que l’air, alors plus épais, filtrait son rayonnement. C’était difficile à croire, comme tous les contes d’antan : à présent, la peau des Derniers Humains n’offrait qu’une infime protection contre les rayons mortels, rendant le port du linceul indispensable… Mais si les pleurants prétendaient qu’il n’en avait pas toujours été ainsi, alors cela devait être vrai – car les prêtres de Terra ne se trompaient jamais.
« Baisse les yeux, Astréa ! Tu vas attirer sur nous la colère de Scorpar, ou pire, celle du roi. Ce n’est pas le moment de te faire remarquer, à quelques jours de la sélection des novices. »
La jeune fille replongea son regard dans les algues qui s’étendaient à ses pieds, de part et d’autre de la passerelle sur laquelle elle était juchée. Son grand frère Palémon avait raison. Elle ne devait pas compromettre ses chances de réaliser son rêve, le but de sa vie. À dix-huit ans, elle avait atteint l’âge où elle pouvait prétendre quitter sa condition de suante pour rejoindre le pleuroir, temple de Terra, en tant que novice – à condition d’être choisie parmi des centaines de postulants. Même si elle brûlait d’envie de voir à quoi ressemblait la galère du roi, et surtout, à quoi ressemblaient le roi lui-même et ses deux fils cadets, elle devait résister à la tentation.
La Loi était formelle.
Les suants n’avaient pas le droit de lever les yeux sur les apex.
Afficher en entierEncore deux petites semaines à verser ma sueur sur les champs d’algues, songea-t-elle. Puis, si Terra le veut, je serai choisie lors de l’Aube de feu, au début des quatre lunaisons de jour polaire. Je deviendrai pleurante et je continuerai à servir Notre Mère mieux encore, en versant mes larmes jusqu’à ce que mes yeux soient asséchés
Afficher en entierDerrière Palémon, les premières flammèches avaient commencé à s'allumer à la surface des flots, entre les bulles. La température avait grimpé de plus de dix degrés en un rien de temps, et continuerait de s'accroître de seconde en seconde. Jamais encore Astréa n'avait senti l'Haleine Ardente si proche d'elle...
Une terreur panique, issue du fond des âges, lui mordit le ventre.
« Fuis, te dis-je ! ordonna Palémon. Je peux me débrouiller seul. »
Tout en restant cramponné à la passerelle d'une main, il brandit un objet brillant.
Astréa écarquilla les paupières : une dague !
Une dague à la lame aiguisée !
Afficher en entier"Écoutez la chanson du dauphin solitaire.
Entendez votre fils, répondez-moi ma Mère :
De mes frères et sœurs que les hommes tuèrent,
Ne reste-t-il aucun de tous ceux qui m'aimèrent ?"
Afficher en entierLe serpent... et l’anguille... sont un seul et même signe... qui nous annonçait...l’un à l’autre.
Afficher en entierJe retire ce que j’ai dit sur ta piquette : c’est un nectar divin !
Afficher en entier