Géo Aventure, n°2 : Spécial Surf

L’été sans fin

"Je n’ai jamais vu la neige et je ne sais pas ce que veut dire l’hiver." Ainsi parlait au début du XXe siècle Duke Kahanamoku, à la fois king et messie du surf, dont les sentences ont quasiment valeur d’évangile pour les amateurs de vagues. Cette phrase de celui qui devait son surnom à une visite à Hawaii du Prince Alfred, duc d’Edimbourg et deuxième fi ls de la reine Victoria, au moment de sa naissance, en 1890, a sans doute inspiré insidieusement le titre du film culte de la surf culture The Endless Summer, documentaire sorti en France en 1968, année où une vague de protestation a déferlé sur la société. Pour ses adeptes, le surf est à la fois un sport, sur le point de devenir olympique en 2020, et un art de vivre en osmose avec la nature. Une planche de surf est également le petit véhicule d’une grande odyssée comme le montre ce nouveau numéro de GEO Aventure, qui vous entraîne du Portugal à la Chine, en passant par les îles Salomon ou le Panama. A l’instar des deux héros de The Endless Summer qui cherchaient, en affi chant une décontraction parfaitement sixties, les vagues parfaites au Sénégal, à Tahiti, en Californie, en Australie… les surfeurs du XXIe siècle se risquent dans des milieux parfois paradisiaques, parfois franchement hostiles pour dégoter le spot ultime dans un rêve de pionnier cherchant à repousser ses limites et celles de la géographie. Une chose est sûre, le Duke n’aurait jamais lancé sa planche dans les frimas de l’Alaska. Pour magnifi er leurs exploits et nous les faire partager, les forts en vague peuvent compter sur la témérité de quelques photographes se jetant à l’eau à la recherche, eux, du cliché parfait. Et même si l’idée d’affronter les buildings de Nazaré, au Portugal, ne nous tente pas tous, on ne peut s’empêcher d’admirer la témérité des chargeurs – ainsi nomme-t-on les surfeurs de grosses vagues – et de les envier un peu.

L’aventure n’est heureusement pas réservée aux sportifs surentraînés et intrépides. Partir à l’aventure, c’est aussi se découvrir par la rencontre de l’autre, comme le prouvent ceux qui parcourent la planète à vélo, en courant ou en marchant, que vous croiserez dans les pages suivantes. La curiosité est le moteur éternel de l’explorateur. Quand on imagine l’oeil interrogatif, et peut-être admiratif, du capitaine Cook apercevant son premier surfeur, a priori nu comme le veut la tradition, en accostant dans des îles qu’il allait baptiser Sandwich (en – 112 avant Duke Kahanamoku), on se prend à rêver de découvrir d’autres cultures, à nous aussi de rechercher l’été sans fin…