Géo Aventure, n°3 : Dépasser ses limites pour vivre l'inconnu

La très grande boucle

À cheval, à pied, à la voile, en surf, en parapente… Tous les moyens de rassasier sa soif de découverte sont bons pour l’esprit aventureux. Il en est néanmoins un qui a les faveurs de ceux qui aiment partir de bon matin sur les chemins, seuls ou avec Fernand, Firmin, Francis, Sébastien et, encore mieux, Paulette : la bicyclette. Le vélo est le véritable tout-terrain de l’avenir, qui sied aussi bien aux avaleurs de goudron qu’aux amateurs de sentes caillouteuses, aux virtuoses des descentes à grande vitesse qu’aux laborieux escaladeurs de col. Si, à chaque mois de juillet, l’amour patrimonial des Français pour les pédaleurs de choc se réveille, nombreux sont ceux qui sont éperdument épris de la petite reine quelle que soit la saison. Tous les dimanches matins, des essaims de cyclistes de tous les gabarits, du plus musclé au moins athlétique, bourdonnent sur les routes de nos campagnes, preuve que le vélo est un sport universel. Peuvent en témoigner les deux courageux qui ont gravi le volcan Acatenango, au Guatemala, leur engin sur le dos, avant de le dévaler et de découvrir l’émerveillement du regard des enfants devant ces merveilleux fous casqués sur leur drôle de machine.

Moins étonnants pour la population locale mais tout aussi téméraires pour qui connaît l’asphalte corse, les fans d’ultra-endurance sur deux roues, qui ont arpenté l’île de Beauté sans escale et sans assistance, ont bien du mérite.

Le vélo ignore les frontières de l’Hexagone et s’affranchit facilement de la quête hypothétique d’un maillot. Quand on est perché sur son engin, et à condition que les jambes et les pneus suivent, c’est tout un monde qui s’ouvre à vitesse réduite. Un monde du silence et de l’effort, un monde du partage et de la rencontre. Toutes les valeurs d’humanité, de fraternité et de liberté mises en lumière dans ce magazine, où se côtoient aussi bien des alpinistes de choc que des bricoleurs de mobylette, un peu fêlés, qui rêvent de pétrolettes depuis leur adolescence et passent leur temps les mains dans le cambouis en quête de sommets quasi inaccessibles. Comme le dit Mike Horn dans la passionnante interview qu’il nous a accordée : "En tant qu’adulte, il faut continuer à rêver comme un enfant." Il a beau avoir traversé l’Antarctique ou descendu l’Amazone, fait moult fois le tour du monde, cet aventurier hors norme n’en garde pas moins son enthousiasme. Celui qui fait qu’on part de bon matin, sur les chemins, à bicyclette ou même à mobylette…