Hulk - L’intégrale : 1992

Un album moins stimulant et palpitant que le précédent, manquant un peu d'unité graphique du fait d'une succession de dessinateurs (à cause du crossover avec X-Factor et du départ du regretté Dale Keown). Banner s'installe au Panthéon et travaille pour eux, intervenant dans des conflits internationaux malgré les relations diplomatiques existantes, tandis que Betty continue de découvrir la vie civile avec l'exubérante qui finit par lui faire comprendre à quel point elle fait souffrir Banner. La relation entre les deux tourtereaux évolue doucement mais sûrement, la jeune femme commençant à redécouvrir cet homme qu'elle croyait connaître. L'irruption dans leur vie de la mère de Rick Jones (qu'il croyait décédée dans un accident de la route) bouleversera leur existence, engendrant un drame terrible dont Rick ne se relèvera pas, qui le poussera à prendre une décision aux lourdes conséquences, une décision qui le mettra aux prises avec Hulk lui-même. Ce dernier découvrira que le directeur du Panthéon, cet Agamemnon immortel, n'a pas forcément les mêmes principes de morale que lui et il ne comprendra pas pourquoi il acceptera un pacte avec son pire ennemi. L'occasion de voir Hulk face aux U-Foes renforcés par les Hulkbusters Roc et Rédempteur que nous avions déjà vus à l'oeuvre dans "Point Zéro" : un affrontement titanesque comme on n'en avait plus vus depuis un moment dans ces pages, où Banner sera véritablement poussé dans ses derniers retranchements.Or c'est justement dans ces moments d'adversité extrême, lorsque tout semble perdu, que les scénarios de Hulk touchent au sublime, lorsque tout ce qui reste à notre héros est non sa puissance incommensurable, mais sa formidable volonté, laquelle génère encore plus de force faisant de lui un être redouté par les plus formidables entités extraterrestres. Cette colère et cette rage de vivre transcendent le matériau de base et, si elle est moins présente chez ce nouveau Banner (pas encore tout à fait) en paix avec lui-même, elle reste son plus grand atout lorsque la force brute n'est plus suffisante. Un axe qui petit à petit sera supplanté à l'avenir par l'autre principale qualité, sous-exploitée jusqu'à présent, de Bruce Banner : sa formidable intelligence, faisant de lui l'un des scientifiques les plus brillants de la planète, et qui sera le point fort des futurs épisodes signés Bruce Jones, et dans toute la partie postérieure à World War Hulk.

L'album recèle également un numéro anniversaire pour les trente ans d'existence du Titan vert, qui revient sur les circonstances de sa genèse en optant pour un point de vue alternatif : celui du collègue russe de Banner, l'homme qui n'a pas retardé (exprès) la mise à feu de la bombe gamma alors que Banner se précipitait au secours de Rick Jones. Il se finit par le départ définitif de Dale Keown parti créer sa propre série aux studios Image et laissant Hulk orphelin d'un grand artiste.