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Puis il ajouta presque menaçant : m'sieur le professeur, sans ces mains rugueuses, pas la moindre chaise n'existerait, pas un immeuble, pas une voiture, rien, même pas toi ! si nous, les travailleurs, nous arrêtions de trimer, tout s'arrêterait, le ciel tomberait sur la terre et de la terre giclerait jusqu'au ciel ! la végétation partirait à la reconquête des villes, l'Arno inonderait vos belles maisons, et seuls les gens qui ont toujours bossé sauraient comment survivre, alors que vous deux, avec tous vos beaux livres, vous seriez dévorés par les chiens !
Afficher en entier- Quand j'étais plus jeune, j'aurais voulu être comme toi.
- Et pour quoi faire ? Tu trouves que c'est bien, de naître en ayant déjà tout ce qu'il faut ?
- Ben, c'est quand même moins fatiguant.
- Tu te trompes. La vérité, c'est que tout semble à ta disposition et que tu n'as aucune bonne raison de te fatiguer. Tu te sens simplement coupbable d'être ce que tu es et n'as pas mérité.
- C'est quand même mieux que se sentir coupable d'avoir échoué.
Afficher en entierL'université ne libère pas les femmes, mais ne fait que perfectionner leur répression. Contre la sagesse. Alors que les hommes se lancent dans des aventures spatiales, pour les femmes, la vie sur cette planète doit encore commencer. La femme est l'autre face de la terre. La femme est le Sujet imprévu. Se libérer de la soumission, ici, maintenant, dans notre présent. L'auteure de ces pages s'appelait Carla Lonzi. Comment est-ce possible, me demandais-je, qu'une femme soit capable de penser comme ça ?J'ai passé un temps fou à peiner sur les livres, mais je les ai subis, je ne les ai jamais vraiment utilisés, je ne les ai jamais confrontés à eux mêmes. Voilà comment on fait, pour penser ! Voilà comment on pense contre. Moi, malgré tous mes efforts, je ne sais pas penser. D'ailleurs, Mariarosa ne sait pas non plus : elle a lu des pages et des pages et elle les cite avec brio, en assurant le spectacle. C'est tout. [...] Et personne ne savait mieux que moi ce que signifiait l'acte de masculiniser son propre esprit afin d'être bien accueillie dans la culture des hommes : je l'avais fait, je le faisais. [...] Je fus fascinée par la manière dont les femmes parlaient et s'affrontaient, directe jusqu'à en être désagréable. Je n'aimais pas la complaisance qui cédait la place aux commérages, ça je l'avais vu à l'oeuvre dès l'enfance.
Afficher en entier- Quand la mission que nous nous donnons a l'urgence de la passion, il n'y a rien qui puisse nous empêcher de la mener à son terme.
Cela me blessa et je murmurai, feignant de sourire :
- Ce que mon mari veut dire, c'est que rien ne m'intéresse vraiment.
Afficher en entier- Je peux te faire remarquer un truc ? Quand tu parles et quand tu écris, tu utilises toujours les mots "vrais" et "vraiment". Et puis tu dis souvent : "tout à coup". Mais quand est-ce que les gens parlent "vraiment" ? Et quand est-ce que les choses se font "tout à coup" ? Tu sais mieux que moi que c'est tout un imbroglio et qu'une chose en entraîne une autre, et une autre encore. Moi je fais plus rien "vraiment", Lenù. Et j'ai appris à faire attention aux choses : il n'y a que les crétins qui croient qu'elles se produisent "tout à coup".
Afficher en entierToi tu voulais écrire des romans, moi le roman je l'ai créé avec de vraies gens, avec du vrai sang, et dans le réel !
Afficher en entierElle me dit que le visage répugnant du monde ne suffisait pas pour écrire un roman : sans imagination, cela ne ressemblait pas à un véritable visage, mais seulement à un masque.
Afficher en entier« Je fus étonnée moi-même de l'intensité avec laquelle je le voulais : j'étais donc très douée pour me dissimuler la réalité à moi-même ! Nous nous jetâmes dans les bras l'un de l'autre avec une fureur que je n'avais jamais connue, comme si nos corps se heurtaient l'un contre l'autre dans l'intention de se briser. C'était donc ça, le plaisir : se fracasser, se mêler, ne plus savoir ce qui était à lui ou à moi. »
Afficher en entierLe seul talent consiste à cacher et à se cacher le véritable état des choses.
Afficher en entierÀ chaque fois que quelque chose semblait établi dans notre relation, tôt ou tard on découvrait que ce n’était en fait qu’une situation provisoire, et bientôt un changement se produisait dans sa tête, nous déséquilibrant elle comme moi.
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