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Devenir. Ce verbe m’avait toujours obsédée, mais c’est en cette circonstance que je m’en rendis compte pour la première fois. Je voulais devenir, même sans savoir quoi. Et j’étais devenue, ça c’était certain, mais sans objet déterminé, sans vraie passion, sans ambition précise. J’avais voulu devenir quelque chose – voilà le fond de l’affaire – seulement parce que je craignais que Lila devienne Dieu sait quoi en me laissant sur le carreau. Pour moi, devenir, c’était devenir dans son sillage. Or, je devais recommencer à devenir mais pour moi, en tant qu’adulte, en dehors d’elle.
Afficher en entier(Lina à son collègue Edo)
- Et ils disent quoi, les autres ?
- Qui ne dit mot, consent.
- Non, fit-elle: qui ne dit mot, chie dans son froc.
Afficher en entierIl commença par dire qu'il comprenait et qu'il souhaitait être compris à son tour. Il expliqua qu'il avait une grande estime pour tous les gens qui se confiaient sincèrement à un dieu, mais que lui même n'était pas en mesure de le faire. Il souligna que ne pas être croyant ne signifiait pas ne croire en rien: lui avait ses convictions, et il avait une foi absolue dans son amour pour moi. Il affirma que c'était cet amour qui donnerait de la force à notre mariage et non un autel, un curé ou un employé de mairie. Il ajouta que le refus du rite religieux était pour lui une question de principe, et que je cesseras certainement de l'aimer, s'il se révélait un homme sans principes.
Afficher en entierPeut-être ai-je attribué trop d'importance à l'alliance entre raison et culture, aux bonnes lectures, à la langue bien maîtrisée et à l'appartenance politique ; peut-être sommes-nous tous égaux devant l'abandon ; peut-être que même une tête bien ordonnée ne peut supporter de découvrir qu'elle n'est pas aimée.
Afficher en entierQu'ils soient bons ou mauvais, les hommes pensent tous qu'à chacune de leurs entreprises les femmes devraient les placer sur un autel comme s'ils étaient saint Georges terrassant le dragon.
Afficher en entierCe qu'il fallait faire, c'était s'en aller. Partir définitivement, loin de la vie que nous avions connue depuis notre naissance. S'installer dans un lieu bien organisé où tout était vraiment possible. Et en effet, j'avais décampé. Mais seulement pour découvrir, dans les décennies suivantes, que je m'étais trompée, et qu'en réalité nous étions prises dans une chaîne dont les anneaux étaient de plus en plus grands : le quartier renvoyait à la ville, la ville à l'Italie, l'Italie à l'Europe, et l'Europe à toute la planète. Et aujourd'hui, c'est ainsi que je vois les choses: ce n'est pas notre quartier qui est malade, ce n'est pas Naples, c'est le globe tout entier, c'est l'univers, ce sont les univers! Le seul talent consiste à cacher et à se cacher le véritable état des choses.
Afficher en entierC'est à cause de cette insatisfaction de la tête que le corps tombe malade.
Afficher en entierL'obscénité, conclut-il, n'est nullement étrangère à la bonne littérature, et l'art véritable du récit, même lorsqu'il dépasse les limites de la décence, ne mérite pas d'être qualifié d'«osé».
Afficher en entierLe moindre choix a son histoire, et beaucoup d'événements de notre existence restent tapis dans un coin en attendant le moment de surgir, et ce moment finit par arriver.
Afficher en entier- Il ne faudrait pas faire les choses juste parce qu'elles se font.
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