L'Amour au parfum de ghetto

Le toubib se relève de son siège les poings sur son bureau. Il a beaucoup trop d’assurance. À mon tour, je me redresse pour lui faire face, rapprochant mon visage du sien. Je peux sentir son souffle qui est comme un murmure sur ma peau. Il dégage une odeur d’un parfum que l’on ne trouve pas ici. Une fragrance d’une grande qualité. Ma peau frissonne involontairement.

— Je crois qu’il faut que tu sois au courant de comment ça fonctionne ici. Sinon, il se peut qu’il t’arrive un accident, je le préviens tout en passant un doigt sur sa joue droite. Ce serait vraiment dommage qu’un visage comme le tien se retrouve avec une vilaine cicatrice et ça dans le meilleur des cas. Ici, ce n’est pas la police qui fait la loi, mais nous les Black Dragon. Soit tu suis nos règles, soit tu dégages d’ici dans les vingt-quatre heures, disons nous. Je suis généreux, car tu as sauvé la vie d’un membre important de mon groupe. Quoique ta venue semble louche. Pile-poil quand des mecs de l’Araña sèment le trouble chez nous.

— Vous me prenez vraiment pour un membre d’un gang ? Bas les pattes, me répondit-il en repoussant ma main.

Je souris de plus belle. À ce rythme, je vais finir avec une crampe à la mâchoire. Ce type me plait vraiment de plus en plus et pourtant cela ne fait que quelques minutes qu’on échange. Il n’a rien d’un latino, c’est une certitude. Mais il ne manque pas de cran. Je compte le garder personnellement à l’œil.

Après quelques instants de joutes silencieuses, je décide de mettre fin à cette visite nocturne. Toutefois avant de quitter les lieux, je prends le temps de faire le tour, pour repérer les entrées et les sorties et voir le matériel sur place. Pour un nouveau toubib, le cabinet est plutôt bien équipé. Les autres médecins du quartier n’ont pas autant de matériel à leur disposition.

— Je reviens dans quarante-huit heures. Si tu es encore ici, cela voudra dire que tu acceptes de te plier à nos lois. Dans ces cas-là, je viendrai chercher la taxe de protection.

— Que... quoi ?

Je n’écoute pas plus et sors pour retourner chez moi. La journée a été assez mouvementée comme ça et j’ai besoin de quelques heures de sommeil. Cette rencontre a comblé mes espérances. J’ai hâte de le revoir à nouveau, en espérant qu’il ne prenne pas la poudre d’escampette.