Le Saint, Tome 70 : Le Saint prend l'affût

Résumé

Deux jeunes filles trottaient allègrement côte à côte. L’une montrait un petit visage, sans charme peut-être, mais amusant avec son nez impertinent, ses yeux rendus un peu hagards par les grosses lunettes de myope. Habillée à la diable d’un chemisier à carreaux multicolores, d’une jupe trop longue, chaussée de ballerines, on eût aisément admis de lui voir arborer des socquettes : le temps n’était pas si éloigné sûrement où elle fréquentait l’école. En revanche, sa compagne était ravissante. Un exquis bijou féminin, taille fine, corps charmant aux promesses voluptueuses, le visage d’une vive intelligence sous la masse gonflée de cheveux ébène lustrés. Son regard noir était doué d’une rare perspicacité ; dans ses traits ciselés comme sur une miniature, la bouche étonnait par son modelé un peu fort qui avouait une propension à la tendresse ; et, si le menton était aimable, il trahissait une sorte d’hésitation devant la vie ; ce devait être une fille à la fois résolue et timide, saisie de foucades subites, se laissant aller à ses sentiments. Elle devait parfois se repentir de ses impulsions, de sa confiance ; et c’était alors pour opposer une barrière à ceux qui auraient été le plus capables de l’aider