SAS, Tome 150 : Bagdad-Express

William Combs sursauta et appuya sur la télécommande pour baisser le son du téléviseur : on avait frappé à la porte de sa chambre. Il se leva de son fauteuil, gagna l’entrée et demanda sans ouvrir le battant :

— Qui est-ce?

— La gouvernante, sir, répondit une voix de femme. Je viens faire le ménage.

— Inutile, merci, répliqua l’Américain avant d’aller se réinstaller devant CNN.

Il regarda sa montre, un peu nerveux. Son visiteur avait vingt minutes de retard et il n’avait aucun moyen de le joindre. Pour calmer son anxiété, il but une gorgée de Scotch whisky Defender et avala une poignée de pistaches. Il n’avait pas dîné, étant arrivé de Washington vers neuf heures du soir. Il avait horreur des vols de nuit et, à soixante ans, ménageait sa santé, aussi avait-il emprunté le vol United Airlines de 8 h 10 du matin, ce qui, à cause du décalage horaire de six heures, lui faisait passer toute la journée en avion. Il avait déjeuné et somnolé dans le Boeing 777. La navette « Oppa » de l’aéroport d’ Heathrow l’avait ensuite déposé au Méridien, distant d’un kilomètre du terminal 2, où il avait retenu une chambre au 5e étage, le Royal Wing réservé aux businessmen. Grâce à des triples fenêtres, aucun bruit de l’extérieur ne parvenait dans la chambre, bien que les avions décollent à quelques centaines de mètres de là. À la réception, on l’avait accueilli avec une indifférence souriante : William Combs, avec ses abondants cheveux gris, son visage légèrement empâté, ses lunettes d’écaille et sa silhouette lourde, ressemblait à tous les « executives » du monde, toujours entre deux avions, PC au poing.