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Commentaires de livres faits par Spika

Extraits de livres par Spika

Commentaires de livres appréciés par Spika

Extraits de livres appréciés par Spika

Bien sûr, la vie de famille n’était pas rose tous les jours. Le travail de D.D. était prenant, et Jack avait atteint l’âge où il avait un avis sur la question. Il ne l’avait pas vue de tout le week-end et elle n’était revenue qu’au dernier moment pour lui lire une histoire.
Alors évidemment, à l’instant où elle referma le livre pour s’extirper (avec l’agilité d’un hippopotame) de son petit lit au ras du sol, il commença à lui faire son numéro.
Il sortit sa lèvre inférieure. La supplia avec ses yeux d’un bleu limpide qui ressemblaient tellement aux siens. Alex lui avait donné son bain avant de le coucher et ses cheveux châtain clair étaient dressés sur sa tête, la plus attendrissante crête d’Iroquois qu’on ait jamais vue.
« Bonne nuit », répéta D.D. avec fermeté.
La lèvre se mit à trembler. Puis tout le menton. Et ensuite…
L’assaut frontal. Il s’élança en travers du lit et referma ses bras et ses jambes autour de D.D. Elle recula en titubant et ses mains descendirent vers deux petits bras qui l’enserraient à présent avec la force de tentacules de pieuvre. Les tueurs en série, elle en faisait son affaire, mais elle restait sans défense devant un petit garçon qui ne voulait pas se coucher.
Elle entendit rire derrière elle. Alex s’amusait de ce spectacle, sans toutefois esquisser le moindre geste pour intervenir. Il avait déjà passé le week-end à ferrailler avec le bambin. Au tour de D.D.
Celle-ci avait découvert que les jeunes enfants ressemblent beaucoup aux criminels. Avec eux, il y a deux stratégies possibles : promettre une récompense ou menacer d’une punition.
Elle ne pouvait pas punir son fils parce qu’elle lui manquait autant qu’il lui manquait à elle, alors elle opta pour la promesse d’une deuxième histoire s’il voulait bien se recoucher. Deuxième histoire qui fut suivie d’une troisième, puis d’une quatrième, avant que les paupières lourdes de son fils ne finissent par se fermer et que D.D. ne sorte du lit en chancelant et en se disant que Jack venait sans doute de remporter une victoire, mais qu’elle était trop crevée pour s’en soucier.
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Il rejoignit son bureau à pas lents. Un émissaire du ministère l’y attendait depuis une demi-heure, ulcéré. Adamsberg le connaissait, c’était un jeune type brillant, offensif et trouillard.
— Je questionnais le témoin, dit Adamsberg en déposant sa veste en tas sur une chaise.
— Il vous en faut du temps, commissaire.
— Oui.
— Vous avez appris quelque chose ?
— La circonférence du cœur d’une pâquerette. D’une assez grosse pâquerette.
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Il y a comme ça plein de choses que, par un tour rhétorique semblable, tu dis ne pas comprendre. Tu ne comprends pas que la guerre persiste partout. Tu ne comprends pas qu’on abuse de la faiblesse d’un enfant. Tu ne comprends pas qu’une prolo de 18 ans choisisse de ne pas avorter. Tu ne comprends pas qu’on aime patauger dans la boue d’une ZAD. Tu es cette commerçante du docu historique de Watkins qui ne comprend pas que ses employées désertent sa boutique pour rallier la Commune.
Prise avec une naïveté dont pour ma sérénité je me souhaiterais capable, ton incompréhension est saine comme l’humilité, belle comme le désarroi. Mais le désarroi n’est pas ton fort – tu as l’assurance des tiens. Ton incompréhension n’est pas une demande implicite d’éclaircissement. Tu ne cherches pas à comprendre. Je ne veux pas le savoir, dis-tu parfois à ton fils enlisé dans la justification d’un 8 en maths, mais dans bien d’autres situations ta tournure est à prendre à la lettre. Et cette fréquente volonté de ne pas savoir est un ressort essentiel de ta bêtise.
Ton pas-comprendre exprime un tout-compris. En fait tu comprends tout. Tu affirmes. Tu juges.
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Tu es nombreux.
 

Tu es nombreux mais pas hégémonique comme certaine branche hostile le prétend. Tu n’es pas la pensée unique. Ta pensée, à supposer qu’elle mérite ce nom, est même minoritaire. Mais elle prend de la place. Tu te poses là. Tu es très visible. S’il existe des invisibles sociaux, tu es le contraire d’eux. S’il y a une majorité silencieuse, tu es la minorité audible. Dans les espaces en vue, c’est simple, on n’entend que toi.
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Mais qui es-tu au juste ?

Qui est « tu » ?

Tu es celui qui se reconnaîtra dans ce tu. Tu n’es donc personne, puisque tu ne t’y reconnaîtras pas. Tu diras : je n’ai rien à voir avec ça, rien à voir avec tu. Si par extraordinaire mes mots t’ébranlent une minute, tu te remettras aussitôt d’aplomb, t’époussetteras l’épaule d’une pichenette, repartiras tel qu’en toi-même, inaltérable, imperturbé.
Je t’accorde ne pas adorer non plus qu’on m’emprisonne dans un pronom globalisant. On aime toujours mieux prodiguer des généralités que les subir. Comme toi, je réfute toutes les généralités à l’exclusion de celles que j’énonce. Puisque c’est moi qui le profère, je décrète que mon tu n’est pas une coquille vide. Mes yeux me sont témoins que ce tu générique regroupe à bon droit des individus de chair, à l’existence vérifiable. Vérifiable non pas n’importe où – tu te gardes bien de traîner n’importe où –, mais par exemple dans la ville où je persiste connement à habiter.
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Parfois, l'anéantissement total était ce qui remplaçait le mieux l'espoir.
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— Mais quel abruti j’ai fait ! grogna Alec. J’aurais dû voir qu’il allait glisser.
Seregil s’essuya les yeux avec un grand sourire.
— Peut-être bien, mais ce sont des choses qui arrivent. Je ne compte plus les fois où j’ai fait des gaffes pareilles. Ce qui importe, c’est de réparer la boulette, et tu t’en es très bien sorti. « Apprends et survis », telle est ma devise.
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Le vieux Timan posa sa crécelle aux pieds de Seregil.
— Ce serait vraiment un grand exploit. J’ai moi-même essayé de calmer l’esprit à maintes reprises, mais il ne m’a jamais répondu, ou m’a renvoyé avec des bruits terribles plein la tête. Sois franc : pourrais-tu y parvenir ?
— J’essaierai, répondit Seregil. Emmenez-moi chez votre esprit demain à l’aube, et je lui parlerai.
Le murmure se mua en un tonnerre d’acclamations.
— L’invité dormira chez moi, ce soir, annonça Retak avec fierté, marquant la fin des festivités. Les nuits dans la montagne sont rudes pour les personnes comme toi, Meringil, mais j’ai beaucoup de filles en pleine santé pour te tenir chaud.
Au-dessus de leurs têtes, les enfants poussèrent des cris de ravissement tandis que les filles plus âgées tendaient le cou pour mieux voir Seregil.
Celui-ci cligna des yeux.
— Pardon ?
— Se faire engrosser par un invité confère à une jeune femme un statut de haut rang, expliqua Retak avec allégresse. Du sang neuf apporte une force nouvelle à tout le village. Mon grand-père était lui-même un Aurënfay au regard clair, comme tu peux le constater. Mais ce n’était pas un puissant magicien comme toi. Demain, le clan d’Ekrid t’offrira le gîte ; ensuite tu iras chez Ilgrid, puis chez…
— Euh, bien sûr.
Seregil regarda autour de lui et vit des mères qui comptaient sur leurs doigts la place qui leur revenait dans la hiérarchie. À l’évidence, il avait tout oublié de certaines règles d’accueil dravniennes.
Nysander, grogna-t-il intérieurement en passant en revue le troupeau de jeunes filles aux visages lunaires, sur lesquels se lisaient clairement les lueurs d’envie derrière les sourires modestes. Ça a tout intérêt à être la bonne vallée !
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— Je ne sais pas combien de fois par jour je pourrais supporter de te voir frôler la mort, dit Seregil le souffle encore court.
— Deux fois, c’est ma limite, dit Alec d’une voix rauque en tombant à genoux.
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date : 27-12-2018
Molière, en son temps, se moquait des précieuses ridicules, mais nos précieux ont interdit le rire. Du moins, s'il ne s'attaque pas aux représentants du Mal qui, eux, méritent d'être moqués. Par exemple, les "dominants", les "mâles blancs hétérosexuels", les "fascistes", cette dernière catégorie finissant par recouper les précédentes. Or, le rire n'a de pouvoir subversif que s'il s'exerce contre l'intouchable, le sacré. Le bouffon n'a de fonction que de moquer le roi, parce qu'il est le seul autorisé à le faire. En société démocratique, ce droit est offert à chaque citoyen. Tout du moins, il devrait l'être, car désormais, la susceptibilité de chacun veut s'imposer à tous, en instaurant un délit de blasphème généralisé. Les dessinateurs et journalistes de Charlie Hebdo l'ont expérimenté dans leur chair. Ils ont payé de leur vie le fait d'être les seuls à affirmer, envers et contre tous, le droit de rire du sacré. Le fait que le rire ne vaut que s'il porte sur le sacré. Et le fait que le véritable respect envers les musulmans consiste à les traiter comme tous les autres citoyens et à les supposer capables de rire.

Mais les précieuses ridicules et les tartuffes ont envahi l'espace public. Ils ont expliqué aux journalistes martyrs de Charlie Hebdo qu'il ne fallait pas "jeter de l'huile sur le feu". Ils s'indignent d'ailleurs à chaque une, sur quelque sujet que ce soit, d'un journal qu'ils n'ouvraient pas avant qu'il ne paie le prix de sa liberté. Ils guettent les "dérapages" des uns et des autres. Ils redressent les âmes à coups de pétitions en ligne, de cabales sur les réseaux sociaux et de tribunes indignées dans les journaux autorisés. Le lien entre les croisés de l'antiracisme, les militants de "MeToo" et les obsédés de l'antialcoolisme répressif n'est pas seulement dans la virulence de leurs attaques contre quiconque enfreint le dogme. Ou même quiconque a le mauvais goût de prendre le sujet un peu trop à la légère. Ce qui réunit ces mouvements est leur caractère, non pas politique, mais religieux. Les militants de ces différents mouvements luttent pour le Bien. Ils ne proposent pas, à travers une argumentation étayée, une organisation différente de la société selon des valeurs qui leur semblent préférables à celles mises en avant, ce qui est la définition même du débat démocratique. Ils éradiquent le Mal. L’autre, celui qui n’adhère pas, ne saurait être racheté. C’est un salaud. Et l’on ne traite pas avec les salauds. On ne trouve pas de compromis avec les salauds.

Cette vision binaire du monde est tellement rassurante. Tellement confortable. Quand le monde se partage entre le noir et le blanc, entre les boureaux et les victimes, la pensée se transforme en réflexe. En France, où les bigots catholiques ont été combattus et moqués violemment, où nul ne songerait à leur concéder de nouveau le droit de régir les vies, les nouveaux bigots pullulent. Ce sont ces bigots musulmans qui peuvent, au nom de la « pudeur », voiler les femmes et les petites filles sans qu’on y puisse rien redire, sous peine d’être accusé d’islamophobie. Ce sont ces bigots hystéroféministes qui ont confisqué la conquête des droits, au profit d’une criminalisation des hommes, et qui censurent le rire comme le ferait un clergé. Ce sont enfin ces bigots de l’antiracisme, montant au créneau quand une marque de prêt-à-porter présenter une collection d’inspiration africaine, avec un mannequin femme blanche qui, pour aggraver son cas, porte des nattes. (1)

Il se trouve pourtant que ce qui fait l’Homme n’est jamais dans le noir et le blanc. L’Homme est dans la zone grise. Celle où l’individu est parfois étranger à lui-même, jamais tout à fait conforme à ce qu’il croit être. Le rôle du politique est de permettre la concorde civile, en acceptant cette complexité du gris qu’on ne saurait éradiquer, mais que la justice rencontre dans chaque procès. Face à elle, les militantes de l’hystéroféminisme rêvent d’imposer leur monde en noir et blanc, dans lequel chacun serait parfaitement transparent à lui-même, sûr de ses désirs. Pour des êtres de fiction, comme les conçoivent ces militantes, il est parfaitement légitime de signer, avant une relation, un contrat sur les gestes qui seront acceptés, puisque chacun sait ce qu’il veut et ce qu’il ne veut pas. Le désir est cadré.

Le mot est lâché : désir. Ce qui est inacceptable, ce qui constitue l’objet du scandale, c’est ce désir qu’on ne saurait contrôler, qu’on ne saurait faire entrer dans les cases rassurantes d’un tableau féministe, où le consentement de l’un correspondrait aux demandes de l’autre, où le consentement d’un jour correspondrait à celui du lendemain. (2) Ce désir, cette part d’ombre, cette impossible conformité à soi-même, c’est tout l’objet de la littérature. C’est bien la raison pour laquelle ces mouvements n’ont de cesse de vouloir réécrire ou expurger les œuvres. Le tort des œuvres d’art est de parler de l’Homme tel qu’il est et non de l’Homme tel qu’il devrait être.

C’est le propre du religieux que de vouloir réformer l’Homme, extirper le Mal qui se niche au fond de son âme. Dans l’ordre du politique, on essaie de tendre vers un progrès, mais on fait quoi qu’il en coûte avec l’être humain, ses turpitudes, ses faiblesses et ses noirceurs. On compose pour bâtir une société vivable, une société où chaque homme puisse espérer atteindre, non pas le bonheur, mais son bonheur, ou du moins une petite part de son bonheur. Mais nos militants du Bien, nos nouveaux inquisiteurs, traquant dans chaque phrase, entre chaque ligne, la pensée coupable, ne supportent pas l’Homme tel qu’il est. Ils ne supportent pas cet être de chair, produit d’une civilisation et d’un passé, qu’il ne s’agit pas de révérer, mais dont on ne saurait couper brutalement les racines, même pour la meilleure des causes.

Comme tous les bigots, ces combattants des justes causes ont un problème avec le plaisir, comme si le plaisir était volé à la morale. Comme si le plaisir empêchait cette mortification qui permet d’identifier le Bien. Se régaler, déguster, marivauder, rire de bon cœur… plaisirs coupables de dominants, au mieux inconscient de l’oppression qu’ils imposent. C’est bien pourquoi la méthode pour combattre un mal est toujours d’ordre punitif. Il ne s’agit pas tant de lutter contre ce mal que de lutter contre la nature humaine si prompte à basculer.

Jamais il n’est fait appel à l’intelligence humaine, à l’élévation par le savoir, qui pemettent à chacun de choisir en conscience. On est aux antipodes de cette philosophie humaniste héritée de la Renaissance, qui veut que le savoir émancipe et nous rende plus humains. On est aux antipodes des Lumières et de cette idée que l’Homme libéré de l’obscurantisme saura trancher dans le sens du bien commun. Bref, on est aux antipodes de ce qui fonde notre démocratie. Et les combats les plus légitimes, les plus essentiels, comme le féminisme, l’antiracisme, le refuse de la souffrance animale, la lutte contre les violences faites aux enfants… deviennent l’objet d’une confiscation par des groupuscules sectaires. Ils en tordent le message pour imposer leur vision minoristariste et antiuniversaliste des rapports sociaux.

Le plus étonnant est sans doute la rapidité avec laquelle ces groupes ont conquis l’espace public et assuré leur hégémonie. Aujourd’hui, il n’est plus de militantisme que selon leurs critères et leurs méthodes. Plus de mouvement social sans ses réunions « en non-mixité ». Plus de tract sans son exercice d’écriture inclusive, jusqu’au ridicule. On citera avec délectation le tweet de Clémentine Autain du 29 mai 2018 : « Nous refusons que les droits de nos enfants, étudiant.e.s, élèves, soient à ce point bafoué.e.s [sic]. » Mais cette fulgurance s’explique. La dimension intrinsèquement religieuse de ce mouvement minoritariste détruit les fondements politiques des organisations humaines. Il n’est plus question de délibérer, d’arbitrer, en faisant émerger le bien commun à travers la participation de l’ensemble des citoyens. Il s’agit de régir les sociétés à partir de principes moraux appuyés sur la prééminence de la susceptibilité des individus et leur capacité à imposer cette susceptibilité à chacun, par l’éclatement de toute règle majoritaire. Le fractionnement de la communauté politique la rend beaucoup plus poreuse aux logiques de marché : il ne s’y trouve plus que des individus et des communautés, jaloux de leur identité, et désireux de l’afficher par différents signes de reconnaissance. Donc des consommateurs.


(1) : La marque Pull and Bear a ainsi été épinglée sur Twitter en juin 2018, alors même que certains mannequins présentant le reste de la collection étaient noirs, parce qu’il semblait évident aux inquisiteurs de la Toile que les chemisiers africains devaient être portés par une Noire, sous peine de tomber sous l’accusation d’appropriation culturelle.
(2) : Il faut lire sur ce sujet l’excellent texte publié dans Le Monde le 26 janvier 2018 et signé par la journaliste Blandine Grosjean : « De la résignation au consentement, le problème de la zone grise entourant les rapports sexuels ».
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date : 27-12-2018
Dans ce monde orwellien, où le réel n'est plus que le lieu d'affrontement de groupes antagonistes, occupés à faire valoir leur propre vision du monde, on voit émerger les inévitables marketeurs. Ils tentent de se positionner dans le sens du vent pour complaire aux puissants du moment. Début juin 2017, on apprenait que Google modifiait son émoticône "Salade" en retirant les rondelles d’œuf. "Cela en fait une salade végane plus inclusive", a tweeté la responsable du design des émoticônes. Même si le but était sans doute de se confirmer à la description de l'émoticône "Salade" donnée par l'Unicode, organisme chargé d'uniformiser ces petits dessins, le besoin d'envoyer ce messages aux végans lui est apparu comme un motif plus noble.
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date : 27-12-2018
Hélas, il n'est même plus question de rire, puisque le rire peut offenser. Chacun est ainsi prié d'imposer à autrui sa sensibilité, sa susceptibilité, jusqu'à l'absurde. L'absurde ? C'est un tweet publié le 9 mai 2018 par une certain "Chercheuse en carton". On pourrait croire à un compte parodique tant il pousse jusqu'à la caricature la logique minoritariste et le racisme qui en est l'aboutissement. "Je pense que certains white vegans savent très bien pourquoi ils sont militants véganeses et pas antiracistes, LGBT, antivalidistes (1) et autres antioppresions. Parce que l'opression spéciste (2), ils peuvent se l'approprier à 100% sans jamais être repris par les concernés."
Traduction pour ceux qui s'y perdraient : le principe de la non-appropriation culturelle, selon lequel un Blanc ne saurait combattre le racisme à la place d'un racisé (3), ni même aimer sa culture puisque ce n'est rien d'autre qu'une tentative pour se l'approprier, doit s'appliquer à toutes les luttes. Même à la lutte antispéciste. Le mouton a le droit d'être maître de sa lutte. Et de ne pas subir l'oppression déguisée du "white vegan" qui se fait passer pour un héros en le défendant. Alors que le "black vegan", en tant que racisé, saura éviter cette tentation scandaleuse. Décidément l'intersectionnalité des luttes est quelque chose de compliqué...

(1) : Selon Laurent Alexandre, médecin et spécialiste de l'intelligence artificielle, "les antivalidistes considèrent que le handicap n'a pas à être réparé et peut être un choix libre et éclairé, surtout quand ils se sont construits autour. Ce courant se rapproche de l'antipsychiatrie, qui, dans les années 1960, affirmait que la folie est une tentative réussie de ne pas s'adapter à la société."
(2) : Idéologie qui postule une hiérarchie entre les espèces, spécialement la supériorité de l'humain sur les animaux.
(3) : Le terme "racisation" est utilisé par certains auteurs pour désigner le processus par lequel une personne est, en raison de certaines de ses caractéristiques, assimilée à une race humaine, bien que la non-pertinence de ce concept ait été démontrée par les recherches scientifiques.
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date : 27-12-2018
La déferlante d'un féminisme minoritariste, qui a balayé le féminisme universaliste à la française, nous rapelle qu'une société est modelée par sa langue. Quand s'imposent les termes "communauté" ou "mâle blanc", quand plus personne ne comprend une vision de la laïcité fondée sur la distinction entre espace public et espace privé, c'est la société dans son ensemble qui change de visage. Sans que personne ne l'ait explicité. Sans que jamais, surtout, les citoyens n'aient été consultés sur les valeurs qu'ils veulent défendre et sur lesquelles ils veulent fonder leur organisation sociale. L'écriture inclusive s'impose peu à peu, avec ses lourdeurs et son ridicule, dans les tracts, dans les tribunes, et même dans certains documents officiels rédigés par des soutiens zélés du grand mouvement de rééducation. Elle bouleverse la langue française, en niant toute possibilité pour des individus d'échapper à leur identité sexuée. Ce qui - c'est finalement le plus drôle - vient nier les efforts des autres militant pour refuser les distinctions genrées.
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date : 27-12-2018
Ce livre sera sans doute balayé d'un revers de la main comme un exemple de contre-révolution. Ses arguments caricaturés pour démontrer que les auteurs refusent le progrès, sont complices des violeurs, des bourreaux d'enfants et des tortionnaires en tous genres. D'autres expliqueront que nous exagérons. Après tout, quelques excès n'invalident pas le grand mouvement de progrès que nous vivons. C'est la conséquence de siècles d'oppression, un mouvement de balancier bien naturel et qui reste tout à fait marginal. Ainsi les promoteurs du mouvement "MeToo" ont-ils qualifié les appels à la délation et autres propos délirants démontrant combien l'hystéroféminisme et sa criminalisation systématique des hommes avaient pris le pouvoir et préempté l'élan de colère populaire et d'authentique libération des femmes. Il n'est jamais aisé de tenter la voie de la mesure. Les Girondins, dans le tourbillon de la Révolution, ont tous fini sur l'échafaud. Les purificateurs n'aiment pas l'équilibre et la modération.
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— C’est un bon coup ?
— Au-delà de toute description, mon cher garçon ! Et étant donné qu’aucun de nous deux n’a demandé à l’autre plus que ce qu’il était prêt à donner, nous sommes assez satisfaits de cet arrangement. Dans le fond, Ylinestra est une créature vaniteuse dont les goûts sexuels la poussent fréquemment à la conquête de jeunes hommes vierges.
— D’accord, c’est une mangeuse d’hommes. Pourtant, elle est toujours très froide avec moi.
Nysander gloussa ironiquement.
— Toi, je ne pense pas que je te décrirais comme virginal. Je la suspecte également de préférer chez ses amants des goûts moins divers que ceux que suggère ta réputation. C’est sur Alec que je garderais un œil, si j’étais toi. Elle se le ferait bien… Quelle est déjà cette expression haute en couleur qui nous vient de Micum ?
— « Servir dans un plat avec des poireaux bouillis » ? grogna Seregil. Merci pour l’avertissement.
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— C’est vous qui vous occupez de la maison, n’est-ce pas ? interrogea Alec tandis que Runcer se mettait à brosser sa cape.
Il se demanda ce que ce vieil homme tout ridé savait réellement de sa véritable histoire – ou de celle de Seregil, du reste.
— C’est cela même, messire, répondit Runcer sans aucun changement d’expression notable. Le seigneur Seregil a laissé des instructions pour que je veille à ce que vous soyez à votre aise. Le petit déjeuner a été préparé dans la salle à manger et le capitaine Myrhini est attendu d’une minute à l’autre. Dois-je sortir vos vêtements, messire ?
— Je suppose que oui.
Runcer ouvrit un autre coffre pour prendre un pantalon, puis s’arrêta devant l’armoire.
— Et quelle tunique souhaitez-vous pour aujourd’hui, messire ?
N’ayant absolument aucune idée du contenu de l’armoire, Alec lança une réponse au hasard.
— La bleue, s’il vous plaît.
— La bleue, messire.
Le vieux serviteur sortit une tunique outrageusement brodée et sur laquelle des perles d’or avaient été cousues.
— En fin de compte, peut-être pas la bleue, se reprit vivement Alec. Je déciderai plus tard.
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— Je vous présente messire Alec, fils unique et dernier héritier du sieur Gareth de Puitslierre, baron mycenien distingué mais ruiné. Dans l’espoir de donner une chance dans la vie à son rejeton, le sieur Gareth a placé son fils sous la tutelle d’un vieil ami de confiance, le seigneur Seregil de Rhíminie.
— Il n’est pas étonnant qu’il soit mort pauvre, lança Micum ironiquement. Messire Gareth devait être un homme aux opinions discutables.
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Pendant ce temps, Illia s’était dépêchée d’ouvrir le premier des sacs.
— Celles-là doivent être pour Beka, dit-elle en sortant une paire de bottes de cavalier brillantes. Elle va devenir garde à cheval.
— Cavalière dans la garde montée de la reine, corrigea Beka en regardant Seregil avec espoir.
Micum secoua la tête d’un faux air désespéré.
— Nous n’avons plus eu un moment de répit depuis qu’elle a su que tu étais de retour.
Seregil sortit un tube à parchemin de son manteau et le lui tendit. Faisant sauter le sceau, elle le secoua pour en sortir les papiers qu’elle parcourut rapidement des yeux, son sourire s’élargissant une fois arrivée au second.
— Je savais que tu y arriverais ! cria-t-elle, en serrant de nouveau Seregil dans ses bras d’une façon exubérante. Regarde, maman, je dois me présenter là-bas dans une semaine !
— Il n’y a pas meilleur régiment, lui dit Kari, glissant un bras autour des épaules de Beka. Et pense donc au calme qui va régner ici, sans tes entrées et sorties fracassantes !
Pendant que Beka s’asseyait pour essayer ses nouvelles bottes, Micum attrapa la main de sa femme ; son sourire ne disait pas la même chose que ses yeux embués.
— C’est ta fille, pour sûr, soupira Kari en serrant sa main fermement.
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— Tu es plus calme que d’habitude ce matin, observa Nysander, en croisant son regard.
Alec fit un signe de la tête en direction de Seregil.
— Il était comme ça quand nous nous sommes rencontrés.
— Embêter Thero a toujours été un de ses passe-temps favoris, soupira le magicien. Pour l’amour des Quatre, Seregil, laisse-le manger tranquille. Tout le monde ne partage pas ton goût pour le badinage au saut du lit.
— Je doute qu’il y ait beaucoup de goûts que Thero et moi partagions vraiment, concéda Seregil.
— J’en bénis constamment le ciel, répliqua Thero sèchement.
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— Le général Phoria était avec lui ainsi que son neveu.
— Le seigneur Teukros ? dit Seregil en émettant un grognement moqueur. Ah, ça c’est de la pure noblesse skalienne ; neveu et seul héritier du seigneur le plus puissant de Rhíminie, rejeton d’une des plus vieilles familles de Skala, pas une goutte de sang étranger dans ses veines pures, un vrai lys ! Des manières parfaites, des goûts coûteux, et l’intelligence d’un mérou. Joueur, qui plus est. Je lui ai pris son argent plus d’une fois.
— C’est l’héritier de Barien ?
— Eh oui. Étant lui-même sans enfant, le vice-roi a toujours eu un faible pour le fils de sa sœur. Sache que Barien est loin d’être stupide, mais, comme on dit, l’amour a bon dos. Ça prouve seulement que les nobles devraient apprendre ce que sait tout bon éleveur de cochons : qu’il vaut mieux éviter la consanguinité.
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— L’anneau ? Je ne sais même pas ce que…
— Je vais lui montrer, offrit Myrhini. Je dois retourner à la caserne de toute façon. C’est sur mon chemin.
— Tu vois, dit Seregil en ignorant allégrement l’appel silencieux d’Alec. Te voilà déjà en train de frayer avec des centaures et des magiciens et de chevaucher dans les rues avec un capitaine de la garde montée de la reine. Cependant, garde ton capuchon bien relevé. Je ne suis pas encore prêt à ce que l’un d’entre nous soit aperçu. Et sois prudent ! Tu n’es plus là à faire l’idiot dans les bois. Même en plein jour, Rhíminie peut être un endroit dangereux. Et pour l’amour d’Illior, trouve-toi des gants ! Tes mains sont déjà assez abîmées comme ça.
Myrhini prit une paire de gants à sa taille et les lança à Alec.
— Allez viens, mon garçon, avant qu’il trouve un autre reproche à te faire.
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Laissant Seregil aux bons soins d’Alec, Nysander accompagna Magyana jusqu’à ses appartements dans la tour nord de l’Orëska.
— Ma chère, tu as été absente trop longtemps ! se plaignit-il avec douceur, glissant son bras autour de sa taille et pressant de nouveau ses lèvres contre sa joue.
— La charmante Ylinestra t’a sûrement bien occupé pendant mon absence ? lui renvoya-t-elle en retournant son baiser.
— Espèce de femme impossible ! Toi et ton satané célibat. Pendant toutes ces années où j’ai mis dans mon lit des femmes de moindre intérêt, je n’ai pas vu chez toi la plus petite étincelle de jalousie. Tu parlais d’elles comme s’il s’agissait d’enfants ou de chiens d’appartement.
— Est-ce qu’il y en a qui ont été plus que cela pour toi, vieille fripouille ? Mais peut-être que je ressens vraiment cette minuscule étincelle, comme tu dis, à l’égard de cette sorcière. J’ai entendu dire qu’elle était tout aussi talentueuse dans la salle d’incantation que dans la chambre à coucher. Voilà, tu es satisfait ?
— Peut-être juste un brin, répondit Nysander en faisant semblant de bouder. Cette fille est douée pour la magie, mais en vérité, elle commence à me lasser avec ses exigences, au lit comme ailleurs.
— Ah, les épreuves des passionnés, dit Magyana en le laissant entrer dans ses appartements. Tu sais que tu n’obtiendras pas le moindre soupçon de compassion de ma part.
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— Seregil m’a dit que les magiciens viennent à Rhíminie pour se former, risqua-t-il enfin.
— Magiciens, érudits, fous, ils viennent tous ici pour y chercher le savoir accumulé et préservé par la troisième Orëska. Tu vois, il y a plus que de la magie ici. Nous recueillons des informations en tout genre. Notre bibliothèque est la plus complète des Trois Contrées, et nos coffres-forts, en bas, contiennent des artefacts qui sont antérieurs à l’apparition des Hiérophantes.
— Pourquoi l’appelle-t-on la troisième Orëska ? demanda Alec en posant son couteau.
— Les premiers mages qui arrivèrent ici d’Aurënen composaient l’Orëska originelle, expliqua Nysander. Ce furent eux qui, les premiers, enseignèrent que le savoir est aussi puissant, à sa manière, que toute magie, et que la magie sans le savoir est plus qu’inutile ; elle est dangereuse.
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Il s’arrêta à la première ferme qu’il croisa, espérant quémander quelques herbes et du tissu. La vieille dame qui était là jeta un coup d’œil à Seregil puis disparut dans sa cuisine d’où elle revint un moment plus tard avec un panier contenant un baume à l’achillée mille-feuille, des aloès, des lambeaux de tissu propre, une flasque de thé à l’écorce de bouleau et une de lait, du fromage frais, du pain, et une demi-douzaine de pommes.
— Je… je ne peux pas vous payer, bredouilla-t-il, bouleversé par tant de générosité.
La vieille femme sourit en lui tapotant le bras.
— Tu n’as pas besoin, dit-elle avec son gros accent mycenien. Le Créateur voit toutes les bonnes actions.
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— À toi, Alec. Utilise le savon et prends soin de tes ongles. J’ai une idée pour élever notre niveau de vie avant demain.
Il frissonnait tout en frottant la serviette usée sur ses cheveux et ses épaules.
— Par les mains d’Illior ! grommela-t-il. Je jure que lorsque je serai de retour à Rhíminie, je me rendrai aux bains civilisés les plus proches et j’y resterai une semaine !
— Je l’ai vu se battre contre le feu, le sang, la faim et la magie, fit remarquer Micum, ne parlant à personne en particulier, mais si on lui refuse un bain chaud après tout ça, alors il fait des histoires comme une pute raffinée.
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— Je pense que c’est vous faire justice que de vous informer que ma bourse est beaucoup trop légère pour le mal que vous vous donnez, dit-il avec décontraction après avoir touché l’un d’eux au bras.
Ses attaquants se regardèrent rapidement mais ne répondirent pas, le pressant avec acharnement pour faire une brèche dans sa garde.
— Comme il vous plaira.
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