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"Aux principes de la vie, au sources premières, aux ruisselets de l'enfance, on ne lit pas, on n'a pas l'idée de lire, de claquer derrière soi la page d'un livre, la porte d'une phrase. Non c'est plus simple au début. Plus fou peut-être. On est séparé de rien, par rien. On est dans un continent sans vraies limites - et ce continent c'est vous, soi-même. Au début il y a les terres immenses du jeu, les grandes prairies de l'invention, les fleuves des premiers pas, et partout alentour l'océan de la mère, les vagues battantes de la voix maternelle. Tout cela c'est vous, sans rupture, sans déchirure. Un espace infini, aisément mesurable. Pas de livre là-dedans. Pas de place pour une lecture, pour le deuil émerveillé de lire." p.9
Afficher en entiermisérable devant l'éternel. Beaucoup de femmes écrivent ainsi, dans leurs maisons gelées. Dans leur vie souterraine. Beaucoup qui ne publient pas. Ma vie me fait souffrir. Ma vie me tue le jour, la nuit, je tue ma vie.
Afficher en entierDevant les livres, la nature ou l'amour, vous êtes comme à vingt ans : au tout début du monde et de vous.
Afficher en entierÀ quoi ça sert de lire. À rien ou presque. C'est comme aimer, comme jouer.
Afficher en entierVous ouvrez le livre un vendredi soir, vous atteignez la dernière page un dimanche dans la nuit. Après il faut sortir, retourner dans le monde. C'est difficile. C'est difficile d'aller de l'inutile, la lecture, à l'utile, le mensonge. Au sortir d'un grand livre vous connaissez toujours ce fin malaise, ce temps de gêne. Comme si l'on pouvait lire en vous. Comme si le livre aimé vous donnait un visage transparent –indécent : on ne va pas dans la rue avec un visage aussi nu, avec ce visage dénudé du bonheur. Il faut attendre un peu. Il faut attendre que la poussière des mots s'éparpille dans le jour. De vos lectures vous ne retenez rien, ou bien juste une phrase. Vous êtes comme un enfant à qui on montrerait un château et qui n'en verrait qu'un détail, une herbe entre deux pierres, comme si le château tenait sa vraie puissance du tremblement d'une herbe folle.
Afficher en entierCeux qui ne lisent jamais forment un peuple taciturne.
Afficher en entierA la fin de l'amour, apparaissent les rois mages : la mélancolie, le silence et la joie. Ils avancent lentement dans l'air bleu. Ils emmènent avec eux une couronne d'ombre, une larme d'or. Ils viennent de l'enfance. Ils pénètrent dans l'âme. Lentement. Jour après jour. La mélancolie, le silence et la joie. Dans cet ordre-là, toujours : le silence au milieu, au centre.
Afficher en entierJe vous reconnaissais. Vous étiez celle qui dort tout au fond du printemps, sous les feuillages jamais éteints du rêve. Je vous devinais depuis longtemps déjà, dans la fraîcheur d'une promenade, dans le bon air des grands livres ou dans la faiblesse d'un silence. Vous étiez dans l'espérance de grandes choses. Vous étiez la beauté de chaque jour. Vous étiez la vie même, du froissé de vos robes au tremblé de vos rires.
Afficher en entierIl n'y a pas de connaissance en dehors de l'amour. Il n'y a dans l'amour que de l'inconnaissable.
Afficher en entierOn lit comme on aime, on entre en lecture comme on tombe amoureux : par espérance, par impatience. Sous l'effet d'un désir, sous l'erreur invincible d'un tel désir : trouver le sommeil dans un seul corps, toucher au silence dans une seule phrase. Par impatience, par espérance.
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