Conversation avec un cynique
Auteur
- Sébastien Cazaudehore (Écrivain)
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extrait
- Lorsque l’on évolue dans un système dans lequel obtenir et cultiver les attachements est un but en soi, on s’expose nécessairement à un décalage. Celui-ci se situe entre les attentes que l’on place et la constatation de ce que l’on obtient ou de ce que l’on n’obtient pas, et étrangement, il est très rare que ce résultat reflète exactement ce que l’on attendait. Nous sommes socialement surentrainés à créer des envies et des besoins, ou en tout cas ce que l’on croit être des besoins, précisa-t-il, mais les fonctionnements sociaux vont naturellement faire que l’on va se heurter à des interdits, des obstacles ou des difficultés pour les obtenir.
- Ça me semble être une idée contradictoire ou au mieux paradoxale. Pourquoi créer un système qui va infliger de la frustration aux personnes, et justement causer un certain mal-être, demandais-je
- Ce n’est pas du tout contradictoire, ni illogique, même si c’est parfois très agaçant, car la frustration qui ressort de ce décalage est justement le moteur grâce auquel la société fonctionne. Cette frustration est la partie visible de la peur du manque, de la peur de la perte d’autonomie, de la peur de la séparation, d’être rejeté par la société ou les autres. Donc ces peurs sont entretenues et ravivées régulièrement. Et si vous étiez cambriolé ? Et si on piratait vos données ? Et si quelqu’un prenait l’argent sur votre compte en banque ? Pas de soucis, vous pouvez souscrire à des assurances, des installations d’alarme, ou autres, le tout pour un coût mensuel très raisonnable. La société est là pour combler chacun de nos besoins biologiques vitaux inféodés au fameux triumvirat de la Nutrition, Protection, Reproduction, quelles que soient les formes qu’ils prennent. En tout cas, elle donne accès à tous les moyens de satisfaire ces besoins, tout en prenant bien soin de quantifier les qualités de ces moyens de satisfaction et de bien faire savoir aux individus, qu’il existe toujours mieux que ce qu’ils ont.
Afficher en entierCommentaires récents
C'est un de ces livres que j'ai écrit à la suite d'un résidu d'un rêve, ce n'est pas souvent, mais c'est intéressant, car lorsque je commence à l'écrire, je ne sais ni pourquoi, ni où cela m'emmènera. Alors je me laisse porter par cette accroche et j'écris sans réfléchir (un peu quand même). J'ai tout de suite compris que ça serait un roman et un huis clos, et que ce cadre (plutôt un cube en réalité) était l'environnement parfait pour cet échange. Et ce n'est qu'à la fin que l'on comprend réellement pourquoi cette boite est importante et ce qu'elle représente (pas de spoiler).
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Résumé
Un cynique est enfermé dans une boite et doit dérouler le fil de sa pensée, lâché après certaines notions et idées qui courent librement dans nos sociétés aujourd'hui, sans que personne ne semble s'étonner des dégâts qu'elles font sur nos esprits. Ce sont des idées carrées, qui s'imbriquent parfaitement les unes avec les autres, sans que jamais rien ne dépasse. Tous ces angles droits se heurtent au chaos naturel qui existe dans un esprit qui tend vers une véritable liberté. Le cynique observe le monde à la recherche de ce qu'il ne voit pas, car il sait que c'est là que se trouveront les vérités que l'on préfère ne pas confronter. Il n'est pas un impudent, un arrogant qui cherche à choquer les bien-pensants, c'est une personne en quête de quelque chose, le plus souvent d'elle-même. Il n'est pas anticonformiste, mais rejette les idées qui tombent dans des cadres et des formatages, excluant d'autres possibles. Son regard et ses propos semblent parfois brutaux, mais c'est généralement parce que ce qu'il voit ou dit dérange. Et pourtant, il ne courbera pas l'échine face à l'étiquette, et sans être acerbe, il sera parfois peut-être un peu incisif quand il aboie après les standards, mord les illusions et ronge les fondements d'une pensée réductrice.
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