Commentaires de livres faits par Drina59
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Linnet se raidit en percevant la pointe de mépris dans sa voix.
— Piers... commença le duc.
— Et elle est accompagnée par ce cher vieux papa, pas moins, continua-t-il en fixant sur son père un regard implacable. Eh bien, que voilà une joyeuse réunion ! Vous savez quoi, mes amis ?
Les autres médecins étaient bouche bée. D'un bref regard, Linnet constata que, à la différence du comte, ils réagissaient comme tous les hommes normaux à sa présence.
— Je vais me marier, annonça-t-il. Avec une femme dont le vœu le plus cher est apparemment de devenir duchesse. N'ai-je pas une chance phénoménale ?
Comme il commençait à contourner le lit, Linnet faillit esquisser un mouvement de recul. Avant de comprendre, dans un sursaut, que si elle ne lui tenait pas tête dès maintenant, elle passerait le reste de sa vie à être persécutée.
Parce que le doute n'était pas permis : c'était un tyran. Il s'approcha d'elle, trop près, jouant de sa taille pour l'intimider.
— Mon père vous a informée que je projette d'avoir une durée de vie normale, n'est-ce pas ? demanda-t-il d'une voix suintant le dégoût.
— Il n'y a pas fait allusion, parvint-elle à répondre d'une voix dont la fermeté la soulagea. Il arrive que les projets changent, ajouta-t-elle. On peut toujours l'espérer.
— Oui, bien sûr.
— Milady, vous n'avez pas bonne mine. Vous vous sentez bien ? Vous êtes blanche comme de la farine.
— Je vais très bien, répliqua Johanna en respirant profondément pour tenter de calmer son estomac récalcitrant. S'il te plaît, apporte-moi un grand bol. Un à moitié cassé.
— Pourquoi donc, milady?
— Je risque de devoir le casser vraiment. Megan ouvrit des yeux ronds.
— Tu ne vas pas tarder à comprendre, lui promit Johanna.
Megan courut dans la cuisine et revint quelques instants plus tard.
— Celui-là est ébréché, fit-elle en lui tendant un bol de porcelaine. Ça ira ?
Johanna hocha la tête.
— Recule, Megan. Les éclats vont voler partout.
— Pardon?
Johanna éleva la voix et réclama l'attention des soldats. Peine perdue dans un tel vacarme. Mais étant une lady, elle se devait d'agir d'abord en lady. Pour son deuxième essai, elle frappa dans ses mains. Finalement, elle siffla entre ses doigts. Personne ne daigna lui accorder un regard.
Elle abandonna la diplomatie. Soulevant le bol à deux mains, elle l'expédia à travers la pièce. Megan poussa un cri de surprise. Le bol s'écrasa sur le rebord de la cheminée et des éclats volèrent jusqu'à la table.
L'effet fut exactement celui qu'elle avait espéré. Comme un seul homme, ils se retournèrent tous vers elle, muets et incrédules. Rien n'aurait pu lui faire plus plaisir.
— Maintenant que j'ai votre attention, j'aimerais vous donner quelques instructions.
— Par le sang du grand César ! avait lancé Edward depuis le balcon. Que se passe-t-il ?
Dégringolant les escaliers et aidé des serviteurs, il avait séparé les adversaires, non sans qu'Élise eût envoyé un solide coup de pied au tibia de Reland.
— Espèce de puant fils de coquin ! De quel antre sortez-vous ? avait-elle juré, de façon fort peu distinguée.
— Élise! Calmez-vous, mon enfant. C'est le fiancé d'Arabella...
— Pauvre Arabella! Ce mufle la fera mourir!
— Chut, allons ! avait fait Edward, se tordant les mains tout en essayant d'apaiser son futur gendre. (Jamais il ne s'était trouvé dans une telle situation qui exigeait tout son calme. Il ne pouvait se retourner contre sa nièce de crainte de perdre une fortune, ni s'opposer au comte et risquer son courroux.) Je vous en prie, Reland, excusez-la. Elle ne sait plus ce qu'elle dit. C'est une de mes parentes qui vient à peine d'arriver. Comme vous le voyez, elle a beaucoup à apprendre. Je vous en prie, calmez-vous et réglons cela gentiment.
— Elle a estropié mon cheval ! avait clamé Reland avec un grand geste de son gant dégoulinant, désignant le mufle de l'animal maculé de fines traînées de sang. Il va en garder la marque jusqu'à sa mort ! Et elle a failli me faire répandre ma cervelle sur les pavés !
— Rien à craindre, milord, avait raillé Élise. Votre crâne était vide avant la chute.
Elle bâilla, s'étira et marmonna :
- Et moi, je te trouve repoussant personnellement, précisément parce que tout le monde t'a mis un coup.