Extraits

"Il rapprocha son visage du mien, tourna la tête de côté et effleura mes lèvres avec les siennes. Ses cheveux chatouillèrent mon front. J'avais envie de plonger dans ses bras, mais je n'en avais pas le droit. J'étais paralysée. Une Chasseuse ne devait pas ressentir ce genre de choses. J'avais honte et j'étais confuse. Mon désir allait à l'encontre de mes principes ! Je frôlai sa mâchoire avec ma joue, et une vague de chaleur m'envahit des pieds à la tête.

- Je suis désolé, Trèfle, chuchota-t-il. Désolé d'avoir douté de toi... Tu m'as terriblement manqué..."

p. 138

[Conversation entre Del et Pearl]

- Tu t'en es très bien sortie jusqu'à aujourd'hui, remarqua Del. Et je ne peux pas rester, Trèfle a besoin de moi.

Je serrai les dents. Je ne voulais pas de ça, pitié ! Avec Tegan à mes côtés et mes talents de Chasseuse, je m'en sortirai très bien.

- Je ne fais que survivre ! enchaîna-t-elle. Ça ne veut pas dire que je vais bien ! Je me sens tellement seule, Semyon...

- Ne m'appelle pas comme ça ! rétorqua-t-il. Semyon est mort. Je ne suis plus le même, à présent. Et, pour ce qui est de Trèfle, je n'ai peut-être pas été assez clair : je REFUSE de vivre sans elle !

Mon coeur fit un bon dans ma poitrine.

p. 220

(Trèfle & Del)

- Je ne me sentais chez moi nulle part jusqu'à ce que je te rencontre, murmura-t-il à mon oreille.

" Ne m'abandonne pas, Trèfle. J'ai besoin de toi. J'aimerais que ça redevienne comme avant... Avant que les autres ne nous rejoignent. Je n'ai jamais su comment te le dire, mais... " On aurait dit Del, mais je n'avais jamais entendu une telle émotion dans sa voix. Et est-ce qu'il venait vraiment de me dire...

" Je t'aime " ?

Lorsque j'eus terminé, je relevai la tête et mes yeux plongèrent dans ceux de Del. Il prit mon visage entre ses mains et le pencha doucement sur le côté. Je savais ce qu'il s'apprêtait à faire : il allait poser ses lèvres sur les miennes. Et j'en avais envie moi aussi...

Cette fois-ci, je n'hésitai pas et passai mes bras autour de son cou. Je me mis sur la pointe des pieds et répondis à son baiser. On ne faisait plus qu'un. Il était à la fois la chaleur des flammes et la douceur de la lune...

page 208

Tout à coup, un animal passa très vite au-dessus de moi. Je me jetai au sol et me mis en boule.

— Del ! m’écriai-je. Qu’est-ce que c’était ?

— C’est un oiseau, m’expliqua-t-il en riant. Ne t’inquiète pas, il ne va pas te manger. Tu es trop grande pour lui.

Je levai la tête. L’oiseau montait vers le ciel, guidé par le vent, porté par des ailes gracieuses… Quelle créature élégante ! Je me demandai ce qu’on ressentait, à se déplacer dans l’air avant autant de facilité.

— Certaines légendes sont donc vraies, murmurai-je.

— Certaines, oui.

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On se cacha derrière une pile de métal pour observer la scène. Del était à genoux, encerclé par les Loups. Ils étaient encore plus nombreux qu'avant. Ils avaient tous la tête en arrière, et poussaient des hurlements horribles tout en tapant les pieds au sol. Bandit se rapprocha de Del, lui empoigna le bras et l'entailla d'un coup de couteau. J'étais prête à bondir mais Tegan me retint par le bras.

- Pas encore! protesta-t-elle. Il vaut mieux attendre qu'ils aient terminé.

- Tu as raison, avouais-je. On n'a aucune chance contre le groupe entier. Si on parvient à atteindre Del une fois qu'ils l'ont relâché, on pourra s'occuper d'eux un par un.

Impuissante et furieuse, je les laissais donc faire du mal à Del. Il se laissait faire en silence.

(...)

- ça suffit, dit-il. Allez, va-t'en! Ne t'inquiète pas, on va te retrouver et en finir une bonne fois pour toute!

Del partit en courant, et on s'empressa de quitter notre cachette pour le rejoindre. On contourna l'immeuble du côté opposé aux Loups et, à l'angle du mur, quelqu'un me fonça dessus. Del! Il m'attrapa dans ses bras pour m'empêcher de tomber et sourit à pleines dents. Il avait du sang partout.

- Del, qu'est-ce que tu fais ? m'exclamai-je. Tu n'essayes pas de t'échapper ?

- J'ai fait le tour pour te retrouver. On avait plus de chance de s'en sortir à deux, non ? Et c'est qui, celle-là ?

- Tegan. Elle vient avec nous.

source site "dans notre petite bulle"

— Soie désigne au jour le jour les Chasseurs qui sont de patrouille. On rejoint le roulement demain. J’espère que tu es aussi douée qu’elle le prétend.

— Et ton ancien coéquipier ?

— Il n’était pas aussi doué qu’elle le prétendait, répondit-il en souriant.

J’étais prête à affronter les tunnels, je le savais. Lui, non. Il fallait que je le lui prouve. Sans réfléchir, je le défiai :

— Tu veux vérifier ?

Les mômes étaient tous partis. Del prit position au centre de la pièce, l’air faussement blasé.

— Montre-moi ce dont tu es capable.

Sa tactique était bonne, mais je n’étais pas idiote. En me désignant attaquante, il m’empêchait d’évaluer son style. En plus, je ne l’avais jamais vu s’entraîner. J’observais beaucoup les Chasseurs, mais Del passait peu de temps avec eux en dehors des patrouilles. Je serrai les poings. Un sourire s’esquissa dans ses yeux, mais il était déjà focalisé sur le combat.

Il frappa rapidement. Un coup du poing gauche, puis un du droit. Je bloquai le premier, pas le second. Heureusement, il n’y avait pas mis toute sa force… Le choc me fit quand même vaciller. Je profitai de ce nouvel angle pour plonger un poing dans ses côtes. Ça, il ne s’y attendait pas !

Notre duel attira des spectateurs, mais j’essayai de les ignorer. Reste concentrée. Je visai sa jambe, et il esquiva d’un bond de côté. Je perdis l’équilibre. Il saisit l’occasion. J’eus à peine le temps de reculer qu’il m’avait déjà plaquée au sol ! Je tentai de rouler sur le côté pour échapper à son blocage… Impossible. Malgré mon regard furieux, il me garda sous son emprise jusqu’à ce que je tape au sol les coups qui me déclaraient vaincue.

— Pas mal, se moqua-t-il. Tu as tenu une minute.

Il tendit une main pour m’aider à me relever et je l’acceptai, malgré la douleur qui parcourait mes bras. Il ne fallait pas que je lui montre mes faiblesses.

— Un coup de chance, marmonnai-je, c’est tout ! Je prendrai ma revanche.

Il partit sans dire un mot.

— Si c’était mieux ailleurs, tu serais parti depuis bien longtemps. Tu détestes l’enclave ! Tu nous détestes tous !

— Pas tous, non. Du moins, pas jusqu’à aujourd’hui.

— Tout ça à cause du môme…

— Sors d’ici, trancha-t-il en s’éloignant de moi. Je pensais que tu n’étais pas comme les autres, que tu comprendrais… J’ai eu tort.

J’écartai le rideau avec furie et tombai nez à nez avec un Ouvrier. Il me toisa sournoisement du regard.

— Hé, tu n’as pas le droit d’entrer seule dans la chambre d’un garçon ! lança-t-il. Allez, je te jure de ne rien raconter si tu me promets quelque chose en échange…

Décidément, c’était ma journée. Oui, j’avais brisé les règles en y entrant sans chaperon. Mais je n’étais pas en état d’en supporter davantage.

— Je ne suis pas restée assez longtemps pour qu’il se passe quoi que ce soit, rétorquai-je. Alors tu vas me faire le plaisir de te taire et de me laisser tranquille. Sinon, ma massue va atterrir sur ton nez.

Ce soir-là, il y avait quelque chose de nouveau dans le ciel. Une courbe argentée. J’enlevai mes lunettes. On aurait dit un couteau plié, splendide mais fatal, capable de couper le ciel en deux… Plus tard, j’apprendrais son nom : lune.

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