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Je me dis que je ferais mieux d'attendre avant de faire une autre tentative. Il est trop tôt pour insister, sonder. Je devrais m'accorder une semaine, ou deux, ou peut-être davantage, l'observer soigneusement, écouter les intonations de sa voix, les mots qui lui échappent, de la même manière que Deglen m'écoutait. Maintenant que Deglan est partie, je suis de nouveau en éveil. Ma torpeur s'est dissipée, mon corps n'est plus destiné au seul plaisir, il flaire le danger ; je ne dois pas être imprudente, je ne dois pas prendre de risques inutiles. mais j'ai besoin de savoir.
Je me retiens jusqu'à ce que nous ayons passé le dernier poste de contrôle et qu'il nous reste que quelques pâtés de maisons à parcourir, mais là je ne peux plus me maîtriser.
Afficher en entierMa présence ici est illégale. Il nous est interdit de nous trouver en tête à tête avec les Commandants.
Notre fonction est la reproduction ; nous ne sommes pas des concubines, des geishas ni des courtisanes. Au contraire : tout a été fait pour nous éliminer de ces catégories. Rien en nous ne doit séduire, aucune latitude n'est autorisée pour que fleurissent des désirs secrets, nulle faveur particulière ne doit être extorquée par des cajoleries, ni de part ni d'autre ; l'amour ne doit trouver aucune prise. Nous sommes des utérus à deux pattes, un point c'est tout : vases sacrés, calices ambulants.
Afficher en entierVous êtes une génération de transition, disait Tante Lydia. c'est pour vous que c'est le plus dur. Nous savons quels sacrifices sont attendus de vous. C'est dur quand les hommes vous humilient. Pour celles qui viendront après vous, ce sera plus facile. Elles accepteront leurs devoirs de bon coeur.
Elle ne disait pas : parce qu'elles n'auront pas de souvenirs, de quoi que ce soit d'autre.
Elle disait : parce qu'elles ne désireront pas ce qu'elles ne peuvent pas avoir.
Afficher en entierJe me lève de la chaise, j’avance les pieds au soleil, dans leurs souliers rouges, à talons plats pour ménager la colonne vertébrale, et pas pour aller danser. Les gants rouges sont posés sur le lit. Je les ramasse, les enfile à mes mains, un doigt après l’autre. Tout, sauf les ailes qui m’encadrent le visage, est rouge : la couleur du sang, qui nous définit. La jupe descend jusqu’aux chevilles ; elle est ample, reprise dans un empiècement plat qui couvre les seins, les manches sont larges. Les ailes blanches aussi sont réglementaires ; elles nous empêchent de voir, mais aussi d’être vues. Je n’ai jamais été à mon avantage en rouge, ce n’est pas ma couleur. Je ramasse le panier à commissions, le passe à mon bras.
La porte de la chambre (pas de ma chambre, je refuse de dire ma chambre) n’est pas verrouillée. En fait, elle ne ferme pas bien. Je sors dans le couloir ciré, qui est recouvert au milieu d’une bande de tapis, vieux rose. Comme un sentier à travers la forêt, comme un tapis pour des personnages royaux, il me montre la route.
Afficher en entierTruly amazing, what people can get used to, as long as there are a few compensations.
Afficher en entierI would like to be without shame. I would like to be shameless. I would like to be ignorant. Then I would not know how ignorant I was.
Afficher en entierI've mourned for her already. But I will do it again, and again.
Afficher en entierThere is something powerful in the whispering of obscenities, about those in power.
Afficher en entierWhen in doubt, when flat on your back, you can look at the ceiling. Who knows what you may see, up there.
Afficher en entierOh God, King of the universe, thank you for not creating me a man.
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