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Le Château des Tilles



Description ajoutée par Bibounine 2023-11-11T13:06:22+01:00

Résumé

Rémi MILLIGAN est le pseudonyme littéraire d’un haut fonctionnaire. Dans ce récit, l’auteur sort d’un silence de 50 ans en évoquant son enfance tourmentée et la vie dans les pensionnats dans les années 60 et 70. Ce premier roman relate un cheminement très personnel pour se frayer un chemin dans le monde des adultes. Ce livre est aussi un hommage à toutes les institutions et personnes qui viennent en aide aux enfants perdus et un message d’espoir pour tous les naufragés de la vie.

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Classement en biblio

extrait

Extrait ajouté par Bibounine 2023-11-11T13:07:53+01:00

Un souvenir heureux - il y en eut peu dans les premières années de ma vie - fut mon séjour dans une famille d’accueil en Normandie, à Couvicourt près de

Gaillon. Nous y étions accueillis avec ma sœur dans cette famille d’origine polonaise qui parlait correctement le français mais éprouvait de grandes difficultés à lire et à écrire. Ma nounou, que j’appelais Mamie, était d’une grande gentillesse et m’a donné, entre trois et six ans, beaucoup d’affection. Elle ne m’a jamais dit qu’elle ne savait pas lire. Je l’ai découvert à cause de petits détails, comme le fait de se tromper souvent dans les jours de la semaine ou de ne pas savoir si c’était un jour où nous devions aller à l’école. Papy, quant à lui, était plus proche de ma sœur Françoise comme s’ils s’étaient partagés les rôles. Une fois par an, l’été, on allait au bord de la mer et nous rapportions des coquillages.

Dans la cour, il y avait des clapiers pour les lapins, un pressoir pour faire du cidre et un magnifique cerisier. Nous vivions à la campagne, au grand air. Le soir nous dînions légèrement, toujours à la même heure vers 19 heures : soupe, lait caillé ou yaourt. Nous regardions en silence - Papy était du genre taiseux - sur une télévision en noir et blanc les séries comme Zorro, Pollux et son manège enchanté et, surtout, Thierry la fronde avec son beau médaillon. Le petit air de flûte de Bonne nuit les petits venait terminer chaque repas du soir vers huit heures. Ce fut rétrospectivement les rares moments un peu heureux de cette enfance volée. Je me sentais bien avec eux.

Depuis notre petite maison, on pouvait apercevoir l’école et l’on s’y rendait à

pied parcourant un chemin bordé de très beaux champs de coquelicots comme dans un tableau de Claude Monet. En rentrant de l’école, Mamie nous préparait chaque jour un chocolat chaud et, très souvent, elle devait raccommoder les poches déchirées de ma blouse de couleur grise. Mes camarades de jeux et moi

étions très turbulents lors des récréations. Cela me peinait beaucoup de la voir raccommoder les poches de ma blouse à cause de mon insouciance. Elle le faisait en silence sans me gronder.

Puis un jour, au cœur de l’été, des adultes sont venus nous arracher à cette famille d’accueil. Cette séparation fut pour ma sœur et moi d’une grande violence. Je n’arrivais pas à me détacher de Mamie qui m’enveloppait de toute son affection maternelle. Je la serrais très fort dans mes bras en pleurant toutes les larmes de mon corps. Cette séparation a duré quelques minutes, et je m’en souviens encore, cinquante ans après.

Plus tard, on m’expliqua que cette séparation était nécessaire. À notre âge, nous devions quitter notre famille d’accueil pour être « placés » dans une maison de l’enfance dans l’Oise. J’appris par la suite que ces adultes étaient nos tuteurs et qu’ils pouvaient donc, en toute légalité, décider de notre sort.

Je ne comprenais pas qu’on ne laisse pas tranquilles les enfants heureux dans leur famille d’accueil, qu’on veuille absolument les récupérer. On aurait dû

trouver un moyen de fabriquer des papiers, vrais ou faux, pour que je puisse rester chez Mamie. Je lui ai mis une dernière fois mes mains autour de son cou et je l’ai embrassée. Mamie m’a juré qu’on serait très heureux avec ces adultes qui

étaient venus nous chercher, qu’il ne fallait pas s’inquiéter. Elle disait cela en me regardant dans les yeux avec un petit air coupable comme si elle n’était pas très convaincue. Cela me faisait beaucoup de peine quand même, et j’avais très peur.

Mamie et Papy avaient deux petits-enfants de notre âge, Stéphane et Gaëtane.

Il nous arrivait de jouer ensemble et je suis resté en contact, certes de manière très épisodique, avec Gaëtane. Je la considère malgré tout un peu comme une deuxième sœur.

Autour de la trentaine, je suis allé quelquefois rendre visite à Mamie dans la petite maison en Normandie où elle nous avait accueillis, enfants, ma sœur et moi. Elle me donna quelques détails de sa vie. Née Stéphanie Bochnek, le 21 février 1910, en Pologne dans la région des Carpates, elle est venue en France en

1932 pour des raisons économiques. Elle trouva un emploi au château de

Gaillon. Elle rencontra Stanislas Wojcechowski, son futur mari, en France et fut naturalisée en 1940. Stanislas travailla comme mécanicien près de Gaillon.

J’ai toujours une photo d’elle sur mon bureau et j’ai pour elle une profonde reconnaissance simplement pour nous avoir considérés un peu comme ses enfants. En juin 2004, elle m’adressa une lettre touchante qu’elle avait dictée à

sa petite-fille et que je garde précieusement :

« Mon cher Rémi,

Je confie le soin à Gaëtane de te répondre en mon nom. J’ai été profondément touchée par ton courrier et toute l’affection et la reconnaissance que tu me portes.

Je t’assure que malgré tout le temps qui est passé, moi non plus je ne t’ai pas du tout oublié. Bien-sûr les années m’ont beaucoup changée mais toutes les petites cases de ma mémoire sont pleines de souvenirs, d’affection et de tendresse pour toi.

Ta proposition de venir me voir en maison de retraite me fait une immense joie. J’ai hâte de te voir, de ressortir avec toi nos précieux souvenirs et, surtout, de t’embrasser très fort.

Avec tout mon amour de « grand-mère ».

Ta Mamie »

Lorsque Mamie fut admise en maison de retraite, à cause de problèmes de santé liés à son grand âge, je suis allé lui rendre visite. Nous avions gardé une grande complicité malgré le passage du temps.

Au moment de nous séparer, elle s’est assise au bord du lit et elle a eu un geste tendre qui m’a troublé. Elle posa sa main sur la mienne et la caressa délicatement. J’avais oublié ce que pouvait être la douceur maternelle, celle d’une Mamie pour un de ses enfants perdus, qu’elle avait aimé tout particulièrement. Elle m’enlaça affectueusement. Je savais bien que je la voyais pour la dernière fois.

Elle est décédée le 9 décembre 2007 à l’hôpital Saint Jacques dans la commune « Les Andelys » dans l’Eure. J’étais bien présent à la cérémonie des obsèques dans le froid de décembre. Il m’arrive parfois en voiture de m’arrêter quelques instants au bord de la route pour simplement admirer des champs de coquelicots en repensant à Mamie.

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