Extraits

Patch tira la serviette d'un coup et la jeta de côté.

Son regard lança des éclairs et ses épaules se soulevaient par saccades, mais j'avais comme l'impression que sa colère n'était pas dirigée contre moi.

- Tu ne peux pas rester ici, dit-il durement. Tu ne dois pas chercher à me revoir. Reprends ta vie et vis-la du mieux que tu pourras. Pas pour moi, ajouta-t-il, sentant ma répartie venir, mais pour toi. J'ai fait tout mon possible pour l'éloigner de toi et j'ai la ferme intension de continuer, mais tu dois m'y aider.

_ Alors c'est oui ?

Il passa ses mains dans mes cheveux qu'il fit retomber sur mes épaules, scrutant mon visage.

_ Je t'en prie, dis oui, souffla-t-il d'une voix rauque. Reste avec moi ce soir. Laisse moi te prendre dans mes bras, rien que cela. Laisse moi te protéger.

-Je pourrais t’apprendre tout ce que je sais, mais ça nous demanderait de longues heures en tête-àtête.

N’étant pas certaine du sous-entendu, j’insistai :

-On pourrait faire en sorte que les choses restent… professionnelles.

-Parle pour toi, répondit-il de ce même ton neutre.

Mon coeur s’emballa, mais la menace des néphils n’y était pour rien. Si près de Jev, j’étais incapable de contrôler mes émotions. Ses bras étaient puissants, son corps irradiait une chaleur rassurante. Il ne portait pas de parfum, mais lorsqu’il me serra contre lui, je perçus son odeur, un mélange d’herbe fraîchement coupée et d’eau de pluie. Et ces yeux… profonds, mystérieux, insondables. En dépit du reste, je voulais me blottir contre lui et… tout oublier.

-C’est mieux, me murmura-t-il.

Avant que j’aie pu réagir, il me fit tourner sur moi-même. Jamais je n’avais dansé comme cela, et ses talents me surprenaient. Ses pas et son assurance évoquaient une époque et des lieux différents.

Il était sûr de lui, élégant… suave et sexy.

-Arrête ou tu ne seras plus crédible avec tes jambières en cuir, ironisai-je lorsqu’il me rattrapa.

-Continue comme ça et c’est toi qui finiras dans les jambières.

-On ne raconte pas d’histoire à Gabe. Si Gabe demande à une fille de passer son chemin, elle a intérêt à obéir. Sinon, Gabe se fâche et c’est là que ça devient dangereux, parce que Gabe a mauvais caractère. Et quand je dis « mauvais », c’est un euphémisme. Tu piges ?

-Je ne cherche qu’à te protéger, répondit-il simplement.

Il était si près de moi… Il irradiait une puissance, une chaleur et un pouvoir obsédants. Je ne pourrais pas lui échapper, ni maintenant ni jamais. Sa présence demeurerait intacte, hanterait chacune de mes pensées et emprisonnerait mon coeur. J’étais attirée vers lui par des forces que je ne pouvais comprendre et encore moins combattre.

-Et pourtant, tu ne l’as pas fait.

Avec une insoutenable tendresse, il glissa ses doigts sous mon menton.

-C’est vraiment ce que tu crois ?

"Patch effleura mes lèvres des siennes. « Je ne peux pas rester longtemps. Je bosse sur d’autres pistes, et je reviens te voir si elles tombent à l’eau. Tu seras à la maison ce soir ? »

« Oui », hésitais-je, « mais tu ne t’inquiètes pas à propos de Hank ? Ces derniers temps, il est tout aussi permanent chez moi que l’installation électrique .»

« Je peux le contourner », dit-il une lueur mystérieuse dans les yeux. « Je viendrai dans tes rêves. »

Je relevais la tête en l’observant. « C’est une blague ? »

« Pour que ça marche, il faut que tu soit ouverte à l’idée. On est partis pour un début prometteur. »

J’attendis la chute, mais je me suis vite rendue compte qu’il était totalement sérieux. « Comment ça marche ? » demandais-je sceptique.

« Tu rêves, et je me glisse dedans. N’essaie pas de me bloquer, et on sera bons pour réussir. »

Je me demandais si je devais lui dire que j’avais une piste stellaire enregistrée en ce qui concernait le fait de ne pas le bloquer pour entrer dans mes rêves.

« Une dernière chose », dit-il. « Je sais de source sure que Hank est au courant que Scott est revenu dans le coin. Je n’aurais aucun regret s’il devait se faire prendre, mais je sais qu’il compte pour toi. Dis lui de se faire discret. Hank n’apprécie pas vraiment les déserteurs. »

Encore une fois, avoir une occasion légitime de parler à Scott serait bien utile.

De l’autre côté du rideau, j’entendis Marcie se disputer avec une vendeuse. Probablement à propos d’une chose aussi futile qu’un grain de poussière sur les mirroirs muraux. « Est-ce que Marcie sait ce qu’est réellement son père? »

« Marcie vit dans une bulle, mais Hank continue de menacer de l’éclater. » Il montra ma robe d’un signe de tête. « C’est pour quelle occasion ? »

« Bal du nouvel an » dis-je en tournoyant. « Tu aimes ? »

« La dernière fois que j’en ai entendu parler, il fallait un cavalier pour le bal du nouvel an.»

« A ce propos, » dis-je en m’esquivant. « J’y vais avec…. Scott en quelque sorte. Tous les deux, on s’est dit que ce serait le dernier endroit où Hank le chercherait. »

Patch sourit de façon crispée. « Je retire ce que j’ai dit. Si Hank veut buter Scott, il a ma bénédiction. »

« On est juste amis. »

Il me leva le menton et m’embrassa. « Fais en sorte que ça reste comme ça. » Il détacha ses lunettes de soleil aviateur de son t-shirt et les glissa sur son nez. « Ne dis pas à Scott que je ne l’ai pas prévenu. Je dois y aller, mais je te ferai signe. »

Il s’esquiva. Et il était parti."

-Est-ce que tu as aperçu des chauves-souris ?

-On craint les chauves-souris, Grey ?

Je m’assis lourdement près de lui.

-Cesse de m’appeler Grey ! Ça sonne comme un nom de garçon. Comme Dorian Gray.

-Dorian qui ?

-Laisse tomber, dis-je avec un soupir. Trouve autre chose. « Nora » m’irait très bien, tu sais.

-Pas de problèmes, Boule de gomme.

-Finalement, je crois que je préfère Grey.

Son coup de pied me surprit et il me désarma avant que j’aie pu réagir. Il me projeta au sol et maintint fermement mes bras au-dessus de ma tête.

-Lâche-moi ! hurlai-je en me débattant sous son poids.

-Pas de problème, ma jolie. Dis-moi simplement ce que tu fichais dans notre repaire.

-Lâche-moi !

-Elle t’a demandé de la lâcher.

Au son d’une voix inconnue, le néphil eut un geste agacé.

-Quoi encore ? brailla-t-il en se retournant.

-C’était une requête assez basique, observa Jev avec un terrible sourire en coin.

-Comme tu le vois, mon pote, je suis occupé, aboya le néphil avec un regard vers moi. Alors, si ça ne t’ennuie pas…

-Il se trouve que si.

Jev saisit le néphil par les épaules et le plaqua contre le mur. D’un geste vif, il lui broya d’une main la trachée.

-Présente-lui tes excuses, siffla-t-il avec un signe de tête dans ma direction.

Le visage cramoisi, le néphil tenta de lui faire lâcher prise. Il ouvrait et fermait la bouche comme un poisson hors de l’eau, cherchant vainement l’oxygène.

-Dis-lui que tu regrettes, ou je m’arrange pour que tu n’aies plus rien à raconter pendant quelque temps.

De sa main libre, Jev tira un couteau à cran d’arrêt et je compris qu’il menaçait de lui couper la langue. J’étais horrifiée, mais pas vraiment compatissante.

-Alors ? Qu’est-ce que tu choisis ?

L’autre nous observa l’un après l’autre, le regard meurtrier.

Sa voix furieuse pénétra ma pensée. Pardon.

-Ça n’est pas digne d’un Oscar, mais ça ira, conclut Jev avec un sourire vicieux. Eh bien, tu vois, ça n’était pas si difficile !

" Mon ange... [...]. Tu ne réalises pas ce que je serais prêt à faire pour te garder avec moi."