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L'Homme qui a vu l'ours



Description ajoutée par beedonkadonks 2015-08-05T06:43:11+02:00

Résumé

Pendant quelques années, Tommy Madsen est le plus grand. Lutteur athlétique et sauvage, champion en titre, il galvanise les foules tout en se refusant aux outrances théâtrales, jusqu’à ce qu’un combat aux conséquences tragiques brise sa carrière. Madsen perd sa ceinture, puis sa famille, et s’isole dans sa maison de Stowe, dans les montagnes Vertes. Il n’en sort plus que pour livrer de rares combats, délaissant peu à peu le ring. Mais Guillaume Fitzpatrick apparaît sur le pas de sa porte. Il est journaliste sportif, il sera son biographe officiel. Assisté par Hugo Turcotte, un collègue fin connaisseur de lutte, il est venu en Nouvelle-Angleterre interviewer Madsen, son entourage et les vétérans du gym de Burlington où l’ex-champion a fait ses classes vingt ans plus tôt. Mais une histoire en cache toujours une autre; Turcotte et Fitzpatrick l’apprendront bien assez vite. Ils déterrent de vieilles rancunes et quelques squelettes au passage, déclenchant un jeu funeste d’attaques et d’esquives dont ils auront à payer le prix.

Entre le Québec et les États-Unis, entre l’univers des frères Rougeau et celui des frères Coen, L’homme qui a vu l’ours raconte les coulisses d’un monde noir et extravagant où les blessures ne sont pas toutes mises en scène.

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Classement en biblio - 1 lecteurs

extrait

Extrait ajouté par beedonkadonks 2015-08-05T06:49:57+02:00

Prologue :

Il gara le vieux Dodge vert sur Sainte-Catherine, à quelques coins de rue du bloc où Dave Peel se cachait.

— T’es sûr que tu veux rester habillé comme ça ? dit Bilodeau en évitant de regarder l’homme à sa droite. T’enlèves pas ta veste ou tes petits gants ?

— On ne s’en va pas traire les vaches, dit Beau Lander en finissant son 7up. Je n’ai pas l’intention de me salir. Il le buvait à la paille. Il envoya un sourire ambigu à

l’armoire à glace derrière le volant. Jimmy Bilodeau por- tait une casquette des Red Sox et un tee-shirt d’Anthrax. Bilodeau serra le volant et fixa le sapin qui se balan- çait sous le rétroviseur. Lander s’exprimait avec des into- nations qui rappelaient un gentleman sudiste. Bilodeau haïssait ce genre de poseur. Il dit :

— Un paquet de nerfs sur le speed, ça augure jamais rien de bon, mais je me charge de lui si ça dégénère. Toi, tu regardes pis tu dis rien.

Bilodeau ne comprenait pas comment ce type s’était retrouvé à travailler pour Madsen, ni comment le vieux arrivait à supporter son bavardage mielleux et ses manières de crooner gai. Il comprenait encore moins qu’on lui colle un énergumène pareil dans les pattes pour des jobs aussi risquées. Il ignorait ce que le vieux préparait, mais ça lui était égal. Bilodeau jouait son rôle de courroie de transmission entre les fournisseurs et la petite armée de dealers sans chercher à mettre son nez où il n’avait pas d’affaire. La curiosité a tué le chat, aimait-il à dire.

Ils descendirent de la voiture et marchèrent sur Sainte-Catherine en direction de Bourbonnière. Bilo- deau regardait Lander aller, bonjour la discrétion, il était aussi voyant que le Joker dans un salon de thé. En même temps, c’est vrai que ça ne manquait pas de personnages autour, on n’était pas dans les beaux quartiers. Il s’épongea le front et s’arrêta, leva la tête pour vérifier le numéro de porte. Ils étaient à la bonne place. Dave Peel vivait là où les gars comme Dave Peel vivent, parmi les réprouvés, dans ce cas-ci au-dessus d’un dojo de jiu-jitsu brésilien désaffecté, en face d’un Belle Province à l’abandon.

Bilodeau s’aperçut que Lander l’avait dépassé et se trouvait à quelques portes plus loin vers l’ouest. Il grat- tait les flancs d’un colley de ses mains gantées en disant Dieu sait quoi à une femme rousse vêtue d’un tee-shirt tie-dye et d’un short en jean. Bilodeau soupira. Il le siffla pour attirer son attention. Le colley dressa les oreilles. Lander salua la rousse avec une révérence comique et revint vers Bilodeau d’un pas décontracté, le sourire aux lèvres. Il arborait une improbable moustache en trait de crayon, et ça énervait Bilodeau autant que le reste.

— C’est une belle ville, dit Lander. J’aime ça ici. C’est plein de possibilités.

Bilodeau ricana. Ça faisait une dizaine d’années qu’il n’avait pas mis les pieds à Montréal, mais ce coin-là le déprimait. Vieux bonhommes à la dérive, voyous fuyants, zombies sans âge, putes mineures acnéiques, tout le monde semblait malchanceux, mal-né, condamné.

— Tu délires, man, dit Bilodeau.

Ils entrèrent dans le bloc et s’engagèrent dans un esca- lier étroit. Les marches de bois craquaient, la peinture grise pelait par grandes plaques. Ça sentait la pisse et le hasch et la merde. Bilodeau était en nage. Il savait que cette job était l’occasion parfaite pour se remettre dans les petits papiers du vieux. Il ne dépendrait plus exclu- sivement de Higgins. On réglerait le cas de Peel et après on irait s’occuper du journaliste. Il savait aussi que si ça merdait, il ne vaudrait plus cher l’once.

— Bon, écoute, dit Bilodeau à voix basse sur un ton maussade. C’est un mangeux de speed et une tête de meth. Quand on va être dans son taudis, endors-toi pas. On a même pas le temps de se revirer de bord, avec ces gars-là, qu’ils t’arrosent avec un Uzi. Parce que, fais atten- tion, sont peut-être deux là-dedans.

Lander fit OK de la tête.

Le vieux avait d’abord cru que Peel se terrait quelque part au Vermont, mais un contact l’avait aperçu dans le New Hampshire trois semaines après qu’il avait disparu avec leur argent, plus quinze mille dollars de pot et de méthamphétamine. Ils avaient mené des recherches infructueuses pendant quelques jours, puis un cousin de Bilodeau qui vivait à Stanstead et passait parfois du stock pour eux à la frontière avait juré avoir croisé Peel à Sherbrooke, sur Wellington Nord. Puis on avait perdu sa trace. Un mois et demi plus tard, il avait appelé sa mère comme un imbécile. Il était probablement trop défoncé pour se dire qu’eux aussi y avaient pensé, à sa mère, et que son téléphone était sur écoute. Elle vivait à Eden Mills. Il leur avait suffi d’envoyer un technicien du service de police de Burlington qui était à la botte du vieux pour trafiquer l’appareil un soir où elle se ren- dait aux aa. Peel avait raconté une histoire invraisem- blable à sa mère, il avait évoqué deux gars de Montréal avec qui il voulait se partir une business. Bilodeau avait fait jouer ses contacts. Ça n’avait pas été compliqué de remonter jusqu’à Peel.

Lander et lui arrivaient au deuxième palier quand un riff de hardcore explosa. Bilodeau eut un mouvement de surprise. Lander apparemment était sourd, il ne broncha pas. Peel habitait au troisième et ils continuèrent, cou- verts par le vacarme, les cheveux pommadés de Lander luisant dans la lumière blafarde. Chaque plafonnier qu’ils croisaient était plein d’insectes morts.

— Ça va, mon ami ? chuchota Lander quand ils attei- gnirent le palier.

Bilodeau secoua la tête et lui jeta un regard agacé.

Il tourna la poignée doucement. Ce n’était pas ver- rouillé. Il ouvrit la porte d’un coup, faisant irruption dans un salon qui semblait tanguer tellement tout était croche et disposé sans logique. Des vêtements en tas traî- naient en haut d’une étagère, une plante séchait dans un pot renversé contre une caisse de bouteilles vides, et une boîte de pizza était remplie de mégots et de mouchoirs. Quand il vit Bilodeau et Lander entrer, Peel bondit d’un matelas de sol. Il échappa son cellulaire qui rebondit sur le plancher. Bilodeau s’avança en trois grandes enjam- bées et pila sur le matelas pour attraper le gars à la gorge tandis que Lander restait près de l’entrée. Le type com- mença à s’énerver. C’était un maigrichon vêtu d’un boxer pisseux à motif de happy face. Lander parcourut l’appar- tement du regard. Un demi-mur séparait le salon de la cuisine devenue une sorte de labo improvisé. Des restes de poulet frit se mêlaient à des sachets de pseudoéphé- drine éparpillés sur le comptoir, avec la vaisselle sale. Sur le poêle, il y avait des chaudrons noircis et un galon d’anti- gel qui gouttait sur une feuille de papier d’aluminium. Ça sentait le vinaigre et le carbonisé dans l’appartement. Des bouteilles de Robitussin jonchaient la table parmi les Publisac et les bouteilles de Pepsi vides. C’était un miracle que Peel n’ait pas encore fait sauter la place.

Lander se tourna vers le matelas. Bilodeau serrait toujours la gorge de Peel, qui sifflait comme un serpent. Bilodeau l’accota dans le mur.

— J’imagine que tu sais pourquoi on est là ?

Peel clignait des yeux à toute vitesse. Ses lèvres se retroussèrent et découvrirent des gencives brunâtres, mais rien ne sortit. D’où il était, Lander voyait la sil- houette massive de Bilodeau, ses épaules qui paraissaient surgir de deux affiches punaisées au mur. À l’avant-plan d’une ville dévastée, un squelette en complet tenait une pancarte à vendre en souriant à belles dents. Tout juste à côté, Rocky Balboa, le visage tuméfié, étreignait Adrienne.

Bilodeau serra plus fort. Peel renversa la tête.

— Tu nous redonnes le vingt mille et la dope, et on est quittes pour pas te tuer, OK ?

Peel essaya de se dégager en dansant comme un pantin désarticulé et voulut dire quelque chose, mais Bilodeau se rapprocha en lui écrasant les carotides, il était à quel- ques centimètres de son visage mangé de barbe folle et de furoncles.

— Vous êtes tous pareils, dit Bilodeau.

Lander observait sans bouger. On devinait la crosse d’un pistolet sous sa veste. Bilodeau prenait trop son temps. Quelqu’un pouvait surgir. Des fois les gars comme Peel se pissaient dessus, des fois ils pleuraient et s’effon- draient abjectement, des fois ils vous promettaient des choses tellement farfelues qu’on les écoutait par pitié, mais il ne fallait pas leur laisser de jeu.

— Alors tu l’as ou pas, l’argent ?

— Laisse-moi trois jours, laisse-moi trois jours encore, laisse-moi juste trois jours, bégaya Peel en gigotant.

Bilodeau sortit son couteau à cran d’arrêt, à manche d’ivoire, et fit jaillir la lame.

— On manque de temps pour attendre, dit-il en posant la lame contre sa gorge.

— Ah come on, man, come on, come on, cria Peel. 14

On entendit un feulement soudain et Bilodeau tourna la tête en direction d’un chat jaune qui fila comme une flèche et partit se dissimuler dans la cuisine. Peel pro- fita de la seconde d’inattention de Bilodeau pour s’ar- racher à lui et se projeta sur le côté en tendant le bras vers l’étagère et saisit un exacto qu’il brandit devant Bilo- deau, en s’agitant comme un pauvre diable atteint de la danse de Saint-Guy. La lame de l’exacto était maculée de fromage de pizza. Bilodeau recula instinctivement vers la fenêtre du salon et Peel en profita pour détaler vers l’entrée comme un lièvre monté sur des jambes d’allu- mette, en regardant par-dessus son épaule. Il n’eut pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Lander donna un coup de pied sur la porte qui se referma une seconde avant que Peel s’écrase dedans en couinant sous le choc. Il recula comme pourchassé par une armée de saute- relles et perdit l’équilibre en battant des bras et s’affala aux pieds de Bilodeau, sur le linoléum graisseux et mou- cheté de brûlures.

— Don’t mention it, dear, dit Lander.

(Source : Éditions Le Quartanier) http://www.lequartanier.com/pdf/Poly09_Ours.pdf

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L'Homme qui a vu l'ours

  • Canada : 2015-06-15 (Français)

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