Métamorphose

— Lexane ?

Elle se redresse d’un bond, reposant ma brosse à cheveux sur ma couseuse, prise en flagrant délit. Elle fuit mon regard. Comment ose-t-elle toucher à mes affaires ?

— Ma sœur serait probablement contrariée de te trouver ici, dis-je d’un ton un peu sec.

— Je peux te poser une question ? dit-elle en ignorant ma remarque.

Sa voix semble presque fragile, je peine à reconnaître la louve sûre d’elle que j’ai vue jusque-là. Mon énervement me paraît soudainement ridicule. D’un signe du menton, je l’invite à poursuivre.

— Cela ne te gêne pas, toi, qu’on décide de nos vies pour nous ? Qu’on nous impose même de nous aimer maintenant. Je veux dire, ne te méprends pas, tu n’es pas désagréable ou moche, ni rien de ce genre, mais j’ai la sensation que ma vie m’échappe.

Cet aveu me touche. Cette femme peut-elle réellement être aussi avenante avec l’homme qu’elle aurait fait attaquer, j’ai du mal à le croire et je me demande si ma théorie est la bonne. Je ne peux me permettre de la conseiller dans cette situation où je l’inciterais normalement à se rebeller. Je connais l’importance de cette alliance et je dois tenir mon rôle. Je suis Elijah.

— Alors comme ça, finalement, je te plais ?

Son visage se referme, l’instant confidence est terminé et c’est tant mieux, car c’était assez malaisant de la voir comme cela. Je ne veux pas que sa détresse me touche.

— Et voilà, on ne peut pas dire à un mec qu’il n’est pas moche sans qu’il ne prenne ça pour de la drague.

— Oh, mais drague-moi quand tu veux, ma louve, dis-je en posant ma main sur sa joue.