On a tué la mère Michel

Une petite recherche dans les fichiers de la police judiciaire, lui permit de faire ressortir celui d’une vieille connaissance, en la personne de Freddy l'élégant. Le genre jeune demi-sel plus ou moins cleptomane de vingt ans, pas bien méchant et toujours tiré à quatre épingles, pour mériter ce surnom tape à l’œil. Le genre d’aficionado qui aurait pu ouvrir un bric-à-brac avec toutes les bricoles sans valeur qu’il s’était mis à collectionner.

Il vivait en ménage avec Lily, une jeune pensionnaire de son âge, dans un clac dont la maîtresse de maison était madame Elvire, de son vrai nom Pélagie CHOPLADON, une authentique descendante de trappeur canadien, dite Pépé beau sourire, la patronne de la PIPE qui avait abandonné le turf pour gérer son cabaret pommade et à l’occasion un peu tapin en 5 a 7. C’était une de ces belles bâtisses faisant l’angle de la rue Damiette, de la place St Maclou et de la rue MARTAINVILLE. Juste en face de l’église dudit saint, dont le curé venait souvent boire un pot en voisin.

Pélagie, avait commencé comme « petite main » dans le clac de madame Rose, dans le bien nommé cabaret « au pied d’argile » qui faisait briller sa lanterne rouge rue Ganterie et de ce fait, avait bien connu FLAMBERGE, trente ans plus tôt, en lui faisant perdre, au passage, son bon de garantie quand il était jeune étudiant.

Toute une époque passée, d’un temps où fleurissaient les bobinards bons enfants se voulant malgré tout emprunts de principes moraux et familiaux, le genre de maison de tolérance oscillant entre le compromis de la galipette cléricale et le mea culpa ancillaire recevant l’absolution bourgeoise.