Commentaires de livres faits par Zamy
Extraits de livres par Zamy
Commentaires de livres appréciés par Zamy
Extraits de livres appréciés par Zamy
— Oui et oui.
— Votre voiture ? Elle est où ?
— Avec mon bouquet, tombée dans le fossé, à une centaine de mètres d’ici, vous l’avez dépassée.
— Et vous êtes blessée ?
— Un peu, mais rien qui ne nécessite plus que quelques pansements.
— Et vous alliez où ?
— À Luc-sur-Mer.
— C’est dans ma direction. Montez, je vous y emmène.
— Merci. »
« Entre deux mondes » , Yvan Barbedette.
« Les Hélices sanglantes du goshiwon », Marine Aline Monfort.
Une main. Et derrière, une tête. »
« Teke Teke », Anthony Auzy.
« Treize fois », Chaussette.
Après la Tragédie, certains avaient récupéré tous les gros reptiles des fermes à crocos et des zoos avant de les enfermer dans les égouts désaffectés – nous avions déjà du mal à trouver de l’eau potable, alors continuer à les faire tourner, n’en parlons pas.
Puis ils y avaient jeté tous les indésirables. »
« La Fosse », Malaury Pasini.
« La Schleue », Yves Bourny.
« Le Sourire de la Mariée », Stéphane Michel.
— Tu veux jouer à cache-cache ? demanda l’inconnue, sans préambule. »
« Interstices », Henri Bé.
« Hors sentier », Myriam Tarabula.
« Le Cercle du Triangle », Hugues Blot.
La nouvelle tomba comme le hachoir du boucher, comme l’orage sur les cimes, elle déboula dans le cœur des parents de Vitor comme l’avalanche qui emporte tout sur son passage. Joke agrippa l’épaule de sa femme.
— Est-ce que ça signifie…
Le médecin acquiesça avec une sollicitude de circonstance.
— Il n’y a donc rien à faire ?
— Que va-t-il se passer ? demanda Vitor, mais personne ne l’écoutait.
Olmer s’approcha de la fenêtre en pointant son index vers le ciel.
— La marche ! déclara-t-il. Ce petit doit marcher pour empêcher la propagation du mal. Il faut l’accompagner jusqu’au sentier de la forêt d’Ulween et le laisser parcourir les dizaines de lieues qui le séparent de la guérison.
— Vous avez été désigné, Auguste. Sachez du moins que ce n’est pas pour vos mérites personnels.
— Désigné ? Et par qui ? Si vous espérez que je vais rentrer dans votre combine…
— Posez votre mallette. Ce soir, elle ne vous servira de rien. Ce soir, vous êtes un ange, Auguste, un ange Heurtebise, et pour celui qui est étendu sur cette voie, vous êtes le dernier, le seul ange du monde, le dernier compagnon. Il ne lui reste rien d’autre à quoi se raccrocher. C’est vous qui allez le guider, et l’emmener là où il doit aller.
— Et où voulez-vous qu’il aille ? Regardez-le, y a plus que les restes !
— Ceux qui, comme lui, ont choisi de se jeter sur les voies doivent suivre le long chemin, jusqu’à l’endroit qui les attend. C’est un chemin parfois éprouvant, qu’ils ne peuvent pas toujours accomplir seuls. C’est alors que l’ange Heurtebise devient nécessaire, c’est alors qu’il intervient pour les aider à passer… »
Sa voix, brûlante d’admiration, trahissait la haute estime qu’elle éprouvait pour son modèle de bravoure et de ruse, cette princesse de jadis qui, avant elle, avait eu assez de cran pour défier les Dragons sur leur propre territoire et devenir l’Antécroc.
Le marchand d’esclaves se percha sur son siège et les chevaux avancèrent, traînant à leur suite la prison cahotante. Lorsque je levai de nouveau les yeux vers la propriété Oriano, je vis deux silhouettes immobiles entre les rideaux de la chambre d’Émilie.
Vivien, lui au moins, il a deux avantages capitaux : il tient la route, et il ne parle pas de faire des enfants. Pourquoi faudrait-il que ce soit un passage obligé après tout ? Il y a plein de gens qui n’en ont pas et qui ne s’en portent pas plus mal. Qui s’en portent même très bien. Surtout les femmes, justement, qui peuvent mener leur vie personnelle et professionnelle comme elles l’entendent et ne se sentent pas obligées de se transformer en bonniches pour maisonnée d’êtres dépendants : des petits pleins de couches et un grand plein de poils.
Car il faut dire que Carole a eu l’occasion de constater un fait étrange dans les familles de son entourage, qui n’en finit pas de l’intriguer : quand l’enfant parait, l’homme de la maison subit souvent une transformation mystérieuse, et comme par mimétisme (ou jalousie ? ou nostalgie ?) se retrouve à grossir la troupe des affamés attendant la becquée. Bien sûr, la charge de la femme-mère s’en trouve démultipliée. Elle a beaucoup réfléchi aux tenants et aboutissants de ce phénomène, elle a beaucoup observé, et en est arrivée à la conclusion que les choses ne sont pas aussi simples qu’elles en ont l’air. À son sens, le jeu se joue avec la complicité des deux protagonistes. D’ailleurs n’est-ce pas le propre de tous les jeux ? La femme a donc sa part de responsabilités. Peut-être induit-elle elle-même ce phénomène ? Est-ce une façon pour elle de prendre le pouvoir en régentant tout son petit monde ? Est-ce la pression sociale qui lui impose de devenir une superwoman ? Carole n’a pas la réponse, mais il faut dire que ce qu’elle constate, ne la tente pas. Mais alors pas du tout.
La petite fille avait poussé toute seule, son génie ayant été de sentir instinctivement quelles étaient les voies à emprunter pour son salut. Elle avait toujours été fascinée par les livres, dévorant tout ce qui passait à sa portée. Ils lui avaient tout appris, et en lui ouvrant des horizons insoupçonnés qui la faisaient voyager bien au-delà des frontières de la cité, ils lui avaient sauvé la vie. Car, en premier lieu, ils lui avaient appris qu’il existait d’autres mondes, d’autres vies, d’autres manières de penser, d’autres familles. Et puis il y avait eu l’école, eh oui. Déjà pragmatique, elle avait su l’utiliser pour ce qu’elle était : un endroit pour apprendre les bases, les fondamentaux. Pas un moyen pour apprendre à penser par soi-même – sauf prof exceptionnel – non, un moyen de pouvoir accéder plus tard à ce qui lui plairait vraiment. Un prof exceptionnel, elle en avait eu un tardivement, en première. Une prof de français. Coco avait suivi la filière littéraire, bien sûr. Cette femme, passionnée par son métier, lui avait permis d’ordonner (un peu) ses idées, de mettre des mots sur ce qu’elle avait jusque-là pratiqué sans y réfléchir : un éclectisme, une liberté de penser et, n’ayons pas peur des mots, une philosophie ; de prendre vraiment la mesure de l’importance de la littérature, et plus généralement de la culture ; de développer son esprit critique et de l’appliquer, aussi, aux livres, domaine jusqu’ici quasiment idéalisé et par le fait préservé de son esprit acéré qui sévissait partout ailleurs.
Alex, son petit frère, elle le serrait de près, mine de rien. Se substituant à sa mère dans une mesure proportionnelle à la léthargie de celle-ci, elle surveillait ses devoirs et ses fréquentations, et elle avait fini, par souci de simplification, à imiter systématiquement sa signature, donnant les autorisations pour les sorties, remplissant les formulaires d’inscription aux sports et tout autre document administratif inhérent à la vie ordinaire d’un écolier. Cet enfant doux au charme si particulier, elle l’avait pris sous son aile et il n’était pas question qu’on le lui abîme.
— Ah, mais c’est dégueulasse ! Adrien ! Viens voir !
Ils se retrouvèrent tous les trois dans le couloir, hypnotisés par le monstre. C’est alors qu’Adrien, se sentant probablement investi d’une mission en tant que seul mâle de la maison, eut l’Idée : il alla dans la cuisine chercher un aérosol d’insecticide et gaza copieusement l’intruse qui se recroquevilla dans un coin. Personne n’étant capable d’y toucher, même à travers un mouchoir en papier, on la laissa agoniser tranquillement.
Le lendemain, Marie pourrait passer l’aspirateur.
Si Marie était du genre hystérique, elle aurait piqué une crise de nerfs. Là, elle se contente de se jeter sur son lit en pleurant après s’être ébouillanté le gosier avec le Cognac de Michel. Pour une araignée, elle n’est pas loin de se croire la plus malheureuse de la terre. Pour une bestiole qui pèse un demi-gramme, peut-être, mais qu’il y a-t-il de pire, finalement ? Une bestiole qui vous tétanise et qui vous tient en respect. Qui la renvoie à sa solitude, à son désespoir, à sa vulnérabilité de femme qui n’est plus protégée par son homme. Voilà, on va vers les jours gris, ternes et froids, les araignées sont déjà là et l’ère glaciaire ne saurait tarder. C’est encore pire d’être seule en hiver ? Plus menaçant ? Plus inquiétant ? Et si le chauffage tombe en panne ? Il est collectif, bon, mais on ne sait jamais. Les radiateurs peuvent fuir…
De toute façon, tout ne peut aller qu’en empirant jusqu’à la fin des temps puisque Michel ne sera plus jamais là.
Elle se blottit sous la couette en grelottant et serre contre elle le deuxième oreiller, celui de Michel, histoire d’avoir quelque chose à coller contre son corps, une illusion à étreindre, un souvenir de chaleur humaine rassurante.
« Heureusement, je mourrai moi aussi un jour et le supplice prendra fin », se dit-elle en séchant ses larmes.
Depuis un mois, cette pensée est la seule capable de lui apporter un semblant de réconfort et elle s’y adonne sans retenue. C’est la pensée qui lui semble la plus adaptée à la situation, la plus raisonnable en somme, et la plus optimiste aussi. C’est la lumière au bout du tunnel. Alors tout s’apaise et elle parvient à s’endormir.
Elle a compris à quel point sa relation avec Alain était un esclavage, une aliénation. Elle était maltraitée, et tout en essayant maladroitement de se défendre, elle se laissait maltraiter. Elle n’était pas respectée, et en restant dans cette situation, elle ne se respectait pas. Elle était engluée dans un fonctionnement complètement malsain. Maintenant elle sait ce dont elle ne veut plus, c’est très clair dans sa tête : elle n’a plus envie de le voir, tous les sentiments qu’elle éprouvait pour lui se sont envolés, bref, elle ne l’aime plus.
Le temps de cette respiration qu’elle s’est octroyée, s’est combiné avec une partie du contenu du stage, qui l’a fait travailler fort à propos sur la dépendance et l’autonomie.
Cette contribution non négligeable à l’éclairage de sa lanterne lui a permis de mettre le mot sur ce qu’il faut bien appeler, une pathologie. Elle en est arrivée à cette conclusion, tout le comportement d’Alain l’illustre à merveille : ce qu’il éprouve pour elle n’a rien à voir avec de l’amour. Il s’agit de dépendance, de besoin de possession, d’avidité, de tout ce qu’on veut, mais il ne s’agit pas d’amour.
« La Loi du Talion », de Gilles Madic
Les invités furent encore plus ébahis lorsque la mouette intervint et demanda à ce qu’on écoute ce que l’autre avait à dire.
Certains de ceux qui étaient proches de la scène se rendirent compte que ce qu’ils avaient pris pour de l’ivresse dans la démarche du corbeau était en fait de la souffrance. Ils insistèrent à leur tour pour que tout le monde se taise et le silence se fit.
Le corbeau monta sur l’estrade.
— Je suis venu pour dénoncer un meurtre, le mien. Oui, j’ai été assassiné. Avant que je ne meure, laissez-moi vous dire qui est le responsable de ce crime, même s’il n’en est pas l’auteur. »
« Mort à l’arrivée d’un corbeau voyageur », de David Fenryck
Ari sursauta. Le vieillard venait de réapparaître comme par enchantement. Il continua :
« Je suis sûr que tu en vois un pour la première fois. »
Le garçon hocha positivement de la tête. Le vieil homme le fixa tandis qu’Ari s’approchait de l’arbre.
« C’est un jinmenju.
— Un quoi ?
— Un arbre magique.
— Alors ça c’est drôle ! »
Ari toucha un des fruits, du bout des doigts. Il les retira en criant.
« Il m’a mordu ! »
Le vieillard se mit à rire.
« Je t’avais prévenu que le jinmenju n’est pas un arbre comme les autres. »
« Les Fruits du jinmenju », de Pierre Brulhet
– Adam, viens voir le lion de mer.
Adam délaisse la fontaine pour venir à côté de moi et accrocher ses doigts au grillage. Comme il a le visage tourné, je ne peux pas voir son regard suivre les allées et venues de l’animal, mais, au bout de quelques minutes, il se met à dodeliner de la tête. Je regarde tour à tour mon frère puis le lion de mer et je sens la colère poindre en moi, mais avant même que je ne parvienne à en déterminer l’origine, Adam lâche le grillage et se met à agiter les mains comme il en a l’habitude de le faire quand je ne comprends pas ce qu’il veut. Peut-être ressent-il la détresse de l’animal ? S’il est effectivement capable de compassion bien sûr… Un sentiment que les enfants autistes ne sont plus censés ressentir.
(Ajouté en bas de l’affiche :) La milys rekrut à l’oberj de la payrsh-brauchet.
GREENTOP : Bien… Tout le monde a un ticket, on va pouvoir commencer… Qui a le numéro un ?
CANDIDAT NUMÉRO 1 : Ben, c’est moi.
GREENTOP : Alors… Nom, profession ?
CANDIDAT NUMÉRO 1 : Tanneur, tanneur. C’est mon nom et mon métier. J’en avais marre de la tannerie, alors j’ai sauté sur l’occase. On part quand ?
GREENTOP : ‘ttendez… Vous êtes un civil ? Vous n’êtes pas un aventurier ?
CANDIDAT NUMÉRO 1 : Ben, pas vraiment, mais c’est dans la famille ! Mon papi était ranger et j’ai retrouvé son matos au grenier… C’est la classe, hein ?
GREENTOP : On vous rappellera. SUIVANT !
– Oui, plus ou moins. J’ai en fait prévu que nous goûtions ensemble l’élixir de longue vie !
– Tu en as maintes fois évoqué l’existence et les vertus. Tu sais le faire ?
– J’ai ce grimoire où il est écrit comment le faire et j’ai en tout cas de quoi en préparer pour nous deux. Mais pas plus. Un des ingrédients, qui est à base de mandragore, est rarissime. J’en ai dans la feuille de papier repliée qui est là.
– Pourquoi avoir attendu ?
– On ne peut en boire qu’une fois, il est préférable d’être adulte lorsque cela arrive. Tu comprendras plus tard pourquoi. Si on en boit à nouveau, il ne se passe rien de plus, tout simplement.
– On dit qu’il prolonge la vie.
– On dit bien des choses à son sujet. Aussi qu’il guérit des blessures et rend insensible aux maladies, et…
Sélène est interrompue par une clameur qui provient du village.
Victio de Corvus observait ces farandoles aériennes d’un air pensif qui se voulait affecté. Tout en essayant de tirer le coin de ses lèvres vers le bas, Victio pleurait. Non pas qu’il regrettât la défunte dont on célébrait la crémation ; c’étaient des larmes de joie.
Enfin, Bellis, son exécrable sangsue de belle-mère, avait trépassé d’un infarctus qui avait un poil tardé au goût du gendre. Finies les remontrances ! Exit les coups en douce ! Adieu les rabaissements en public ! Tout cela ne serait plus que de vieux souvenirs pénibles. Ses soucis s’envolaient au gré du vent.