Ajouter un extrait
Liste des extraits
Il les peigne, gonfle les plumes écrasées, arrache celles cassées. Sa façon à lui de se pomponner, peut-être...
Afficher en entierJe lie dans son dos ses chevilles à ses poignets avec du ruban adhésif. Mon compagnon se retrouve ligoté comme un cochon dans une position inconfortable. Mais je ne peux pas faire mieux. Je consoliderais bien le chatterton avec de la ficelle, mais il semble suffisamment résistant : si jamais l'ange arrive à le déchirer, je ne vois pas très bien comment la ficelle pourrait l'arrêter. Je suis sûre qu'il a à peine assez de force pour soulever la tête, mais on ne sait jamais. J'utilise pratiquement tout le rouleau de ruban adhésif pour me rassurer.
Je remarque qu'il me scrute alors que je lui jette un coup d’œil pour contempler mon œuvre. Cette petite séance de ligotage a dû le réveiller. Ses pupilles sont si profondément bleues qu'elles semblent presque noires. Je fais un pas en arrière, refoulant l'absurde culpabilité que je sens monter en moi. J'ai l'impression d'être prise en pleine mauvaise action. Mais les anges sont nos ennemis. Ils le seront encore plus tant qu'ils auront Paige.
Mon otage m'observe avec un regard accusateur. Je ravale mes excuses. Il n'en mérite aucune. Je déplie l'une de ses ailes sous son nez avant d'attraper dans le tiroir du bureau une paire de ciseaux, que j'approche doucement des plumes.
- Où est-ce qu'ils ont emmené ma sœur ?
Une émotion presque imperceptible passe dans ses yeux, mais disparaît avant que j'aie eu le temps de l'identifier.
- Comment veux-tu que je le sache ?
- Parce que tu es une de ces saloperies puantes.
- Oh... Tu viens vraiment de me blesser, là.
Ce petit jeu semble l'ennuyer. Je me sens presque gênée de ne pas avoir une autre réplique à lui balancer.
- Tu as dû remarquer que je n'étais pas exactement en très bons termes avec les autres gars ?
- Ce ne sont pas des gars. Ils n'ont rien à voir avec des humains. Ils ne sont que des minables génétiquement modifiés, exactement comme toi.
En fait, lui et ses compagnons ressemblaient beaucoup plus à des adonis vivants, aux visages divins et aux présences tout aussi divines. Mais sous l'apparence, ils ne sont que de sales asticots.
- Des minables génétiquement modifiés ?...
Il hausse ses sourcils parfaitement dessinées comme si je venais de rater mon examen d'insultes.
Je tranche plusieurs plumes d'un coup de ciseaux sec et cruel en guise de réponse. Du duvet blanc immaculé tombe doucement sur mes bottes. L'expression du visage de Neige ne m'apporte pas la satisfaction espérée. Bien au contraire. Le regard féroce de mon compagnon me rappelle qu'il a affronté cinq adversaires, et qu'il a failli gagner. Même ligoté comme un cochon et dépourvu d'ailes, il peut encore asséner des œillades intimidantes.
- Refais un truc pareil et je te découpe en deux avant que tu aies le temps de dire ouf.
- On est bien fanfaron, pour une créature céleste ficelée comme une dinde. Qu'est-ce que tu vas faire, hein ? Me retourner sur le dos comme une tortue et me découper en deux ?
- Ce ne serait pas très compliqué. La seule vraie question serait à quel moment...
- C'est ça... Tu l'aurais déjà fait, si tu le pouvais.
- Peut-être que tu m'amuses, lance-t-il avec une assurance absolue. On dirait un singe qui prend la pose avec une paire de ciseaux à la main.
Afficher en entierLes anges ne devraient pas avoir le sens de l'humour. Le fait que le sien soit à deux balles est encore pire.
Afficher en entier- Un chef sans partisans. Un ange sans ailes. Un guerrier sans épée. Quelle tristesse !... ( Bélial tourne autour de Raffe comme un requin tout en continuant de se moquer.) Tu as tout perdu.
- Non. Il m'a, moi, interviens-je.
Afficher en entier- Alors? Ca ressemble à quoi ?
[...]
- C'est parfait. Tu as l'air très bien.
Raffe plonge alors son regard dans le mien. J'y vois de la gratitude, un soupçon de déception, et d'inquiétude.
- Non ! Ce n'est pas... Ca allait très bien avant. Tu as toujours été... magnifique.
Magnifique ? Je me retiens de hausser les yeux au ciel. Quelle conne ! Je ne sais vraiment pas pourquoi j'ai dit ça. Je m'éclaircis la voix.
- C'est bon, on peut y aller.
Raffe opine. Il essaie de dissimuler son petit sourire, mais son regard le trahit.
Afficher en entier- Ces créatures n'étaient pas des anges, n'est-ce pas ?
- Non.
Il rengaine son épée dans son fourreau.
- Elles n'étaient certainement pas de mon espèce, en tout cas. Tu vois une troisième option ?
- Il y a toujours une troisième option.
- Quoi ? Des méchants démons terrifiants ?...Enfin, plus méchants qu les anges, je veux dire.
- Les anges ne sont pas méchants.
- Mais oui, bien sûr ! Comment ai-je pu oublier ? Oh, attends... Cette idée farfelue m'est peut-être venue après l'attaque que vous nous avez infligée ?...
Afficher en entier- Ils sont là-bas. Ils nous observent, murmure-t-il.
Je ne vois qu'une route vide qui serpente entre les séquoias.
- Comment tu le sais ?
- Je les entends.
- A quelle distance ? A quelle distance sont-ils, et jusqu'à quelle distance peux-tu entendre ?
Il me dévisage comme s'il lisait dans mes pensées. Sauf qu'il ne le peut pas, ni avoir l'ouïe aussi fine, si ? Il hausse les épaules avant de battre en retraite vers les arbres.
Histoire d'approfondir l'expérience, je l'appelle par toute sorte de noms dans ma tête. Raffe ne répondant pas, je visualise différentes images pour savoir si elles lui soutireraient ou non un regard amusé. Je repense malgré moi à la façon dont il m'a tenu durant la nuit, quand je rêvais de mon séjour dans l'eau glacée. Mon imagination me voit réveiller sur mon canapé, et me tourner vers lui. Je ne porte que ma...
Mortifiée à l'idée que Raffe puisse savoir ce à quoi je pense, je m'oblige à me représenter des bananes, des oranges, des fraises... Mais il continue de marcher à travers les bois sans donner le moindre indice de télépathie. Excellente nouvelle !
Afficher en entier- Dis-moi, ton sang doit vraiment avoir un goût horrible pour qu'il ait réussi à éloigner ces créatures.
- Oui. Bizarre, hein ?
- Bizarre ?... C'était trop bizarroïde, tu veux dire.
Il s'arrête et se retourne pour me regarder.
- Tu pourrais parler une langue compréhensible ?
Afficher en entier- Parce que je t'ai sauvé la vie. Deux fois. Tu m'es redevable. Dans certaines cultures, tu serais mon esclave à vie.
Afficher en entier- Tu ne mérites pas d'être sauvée, me lance-t-il avec un regard mauvais.
-Comme si tu pouvais me sauver. Et pourquoi je voudrais aller au paradis, d'abord, vu qu'il est repli d'assassins t de kidnappeur dans ton genre ?
- Qui te dit que je viens du paradis ?
Afficher en entier