Je n'aime pas les enfants, je n'en veux pas, mais il y a une chose que je déteste plus que les enfants, ce sont les gens qui font du mal aux enfants.

Ici, à la librairie, je me réalise pleinement, je sais que je suis à ma place quand j'aide quelqu'un à trouver le livre qui lui correspond, quand j'établis une relation avec lui à travers un personnage, quand je propose à un enfant l'histoire qui lui fera aimer la lecture ou quand je transforme un cynique blasé en un fervent lecteur de romance.

Je suis plus à l'aise avec les livres qu'avec les gens. Les livres m'aident à interagir avec les autres. Ils me servent d'intermédiaire, un moyen d'entrer en relation avec le monde.

- Comment peux-tu savoir ce que je veux ?

Il attrape une poignée de mes cheveux et me fait tourner la tête pour coller sa bouche à mon oreille.

- Parce que te regarder, c'est comme regarder dans un miroir, Scarlet.

- Hmm. Continue à être aussi charmant et je pourrais commencer à m'attacher.

- Je sais. Ça ne me dérange pas, du moment que tu gardes tes sentiments pour toi, au cas où ils seraient contagieux.

J'ai eu vingt ans pour m'y habituer. Pour m'habituer au jugement, au regard des autres, à la répulsion. Les étrangers me regardent avec curiosité. Les enfants reculent et ont peur de me regarder en face, comme si je sortais tout droit d'un cauchemar.

Peu importe que le chemin de la guérison soit sombre, difficile ou douloureux. Peu importe le nombre de coups ou de revers qui tentent de vous faire tomber. Nous ne pouvons pas donner notre cœur à un autre sans aimer le nôtre d'abord.

L'amour, c'est tellement de choses auxquelles je n'ai jamais pensé, auxquelles je ne me suis jamais attendu, que je n'ai jamais connues... et l'une de ces choses est d'être la meilleure version possible de soi-même, quels que soient les obstacles qui se dressent sur son chemin.

Elle peut prétendre qu'elle me déteste. Si ça diminue ne serait-ce qu'une fraction de sa douleur, elle peut faire semblant autant qu'elle veut. Mais je sais que c'est de l'amour... c'est obligé, parce que si ce n'est pas de l'amour... Alors je suis certain qu'il n'existe pas.

Nous sommes des humains abîmés qui s'accrochent l'un à l'autre. Nous luttons ensemble contre la tempête, mais tout va bien parce que nous sommes ensemble.

Cora et moi étions des fourmis. Petites et fragiles, perdues dans un monde froid et effrayant. Prêtes à échouer. Mais nous étions là l'un pour l'autre. La fourmi est toute seule.

Le problème de la chance, c'est qu'elle va souvent avec la culpabilité.

Je l'ai détestée pendant des années, parce qu'elle était responsable de mon échec d'en finir une bonne fois pour toutes. J'ai essayé de la repousser, parce qu'elle le méritait. Mais je crois que j'ai échoué, en définitive.

- De quoi as-tu envie, Seth ?

Son ton s'est radouci, devenant rauque et à peine audible, et je me fige devant son sérieux.

- Qu'est-ce que tu voudrais, Seth ? réitère-t-elle en murmurant.

Le souffle court, la respiration saccadée, mes muscles se détendent, et je lâche un râle de souffrance.

- J'voudrais être comme tout le monde, gémis-je.

J'ai beau refuser le toucher des autres, ça n'en demeure pas moins une souffrance, de regarder les gars autour de moi approcher les filles, et éprouver du plaisir à les côtoyer, à les embrasser, à les aimer.

- Il s'avère que la fille de mes rêves appartient à la seule personne à qui ça me tuerait de faire du mal.

Chaque jour, je me surprends à regarder l'heure et je suis de plus en plus excitée quand la fin de la journée se rapproche. J'ai hâte de le voir et j'aimerais que ça ne soit pas le cas. Je vais finir par partir. Je ne veux pas m'attacher.

Nous ne devrions pas nous disputer. C'est ce qu'une femme fait avec son petit ami, pas avec le père de celui-ci. Et c'est ce que je suis. Le père de son petit ami. Rien de plus. Mais au fond de mon cœur, la petite étincelle qui grandit de jour en jour sait que c'est un mensonge. C'est plus que ça.

Tout semblait facile. Mais la fille de mes rêves est hors d'atteinte. Elle est à Cole et elle a dix-neuf ans. Ce n'est pas possible. C'est une gamine et mes brèves pensées sordides vont rester enfouies dans ma tête.

J'étais en colère parce qu'à ce moment, j'étais jaloux de mon fils. J'étais jaloux de n'importe quel homme de dix-neuf ans qui aurait la chance d'être avec elle.

C'est une bonne chose de se souvenir d'où l'on vient, mais parfois, il vaut mieux se concentrer sur l'endroit où l'on est.

- Tu sais, tu n'as peut-être pas dit à beaucoup de filles que tu les aimais, mais je suis sûre que tu as donné de l'amour à ta façon. Tu es un homme intense, et quand tu ressens quelque chose, tu n'as pas besoin de le dire.

Il n'y a jamais eu d'amour dans ma vie, nulle part. J'ai lu un jour qu'on peut dépérir et mourir si on est privé de contacts humains. J'ignore si c'est vrai, mais j'avais bien l'impression de mourir à petit feu.

J'y ai cru, à cette foutue histoire. Et la chute est d'autant plus cruelle.

Je suis pathétique. Le seul mec potable sur lequel je craque depuis Aldric est en réalité un menteur arrogant, un mec dont la simple vue me hérisse le poil.

J'ai failli coucher avec l'homme que je déteste le plus au monde. Je me prends la tête entre les mains. Je me sens retournée, lessivée, passée dans le rouleau compresseur des sentiments.